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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

«C’était assez facile»: voyez le récit des deux chasseurs de pédophiles qui ont piégé un policier de Laval

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Photo portrait de Yannick Beaudoin

Yannick Beaudoin

2025-03-11T19:12:52Z
2025-03-11T19:33:25Z
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Les chasseurs de pédophiles qui ont piégé un policier de Laval et filmé leur interaction avec le membre des forces de l’ordre en étaient à leur première expérience du genre et ont raconté, dans une entrevue à TVA Nouvelles, comment ils ont réussi ce coup d’éclat.

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Les deux hommes de 18 et 20 ans, qui souhaitent demeurer anonymes, ont eu l’idée de mener cette «opération» en regardant d’autres Youtubeurs américains attraper des pédophiles.

«On s'est dit qu'on pourrait essayer de faire ça ici, vu que personne ne le fait [ici]», a indiqué l’un des deux hommes.

«C'était assez facile, c'est quand même décevant», a-t-il renchéri.

Les deux chasseurs de pédophiles ont établi un premier contact avec le policier, sans savoir quel était son métier, via l’application de rencontre Grindr. Ils se faisaient alors passer pour un adolescent de 15 ans, alors que leur interlocuteur a affirmé avoir 38 ans.

«Par la suite, il m'a texté en premier. J'ai dit : "Viens sur Snapchat" pour avoir plus de preuves. Il m'a texté sur Snapchat pendant environ deux semaines, il m'a envoyé des photos illicites, des messages très [inquiétants]», clame l’homme.

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Parmi leur conversation, on peut lire :

Faux ado : « J’ai 15 ans et je suis vierge. C’est correct avec toi? »
Policier : « Tu as l’air d’en avoir 20. J’peux te voir (en photo) encore? »

TVA Nouvelles a obtenu une copie des conversations et des photos échangées.On peut y apercevoir le policier, torse nu et couché dans son lit.

Dans une autre photo, il photographie le bas de son corps en cachant son pénis avec la couverture.

Dans d’autres messages, il raconte ce qu’il aime faire avec un autre partenaire.

Le policier aurait également envoyé des photos de ses organes génitaux et aurait tenu des propos de nature sexuelle très directs.

«Il me demande: "C'est quoi que tu veux apprendre?" Puis là, j'ai dit: "C'est quoi toi que tu veux m'apprendre?" Il [a dit]: "Je suis bon à sucer, à fourrer tout le kit, les affaires comme ça."»

Confrontation dans un parc

Celui-ci aurait par la suite multiplié les demandes pour rencontrer le faux adolescent de 15 ans. Les deux chasseurs de pédophiles lui ont éventuellement donné rendez-vous dans un parc de Châteauguay.

«Au début, il m'attendait juste ici au banc. Moi, j'arrivais en marchant par ici tout seul pour pas avoir l’air louche. Après ça, il est venu me rejoindre sur le trottoir. Puis, il a commencé à me parler. Il voulait être direct en partant. Il me demande: "Veux-tu aller à mon char? Il fait froid." Mais là, je suis comme: "Tu sais, il ne fait pas tant froid, je veux parler un petit peu avant." Ça fait que je l'ai amené à côté des chaises», raconte l’un deux hommes.

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Son coéquipier est ensuite arrivé près d’eux en leur demandant s’ils avaient un briquet, puis les deux hommes ont confronté le policier.

«On lui a dit: "On sait pourquoi tu es là." J'ai sorti mon téléphone direct. Après ça, il a commencé à s'enfuir. Il était direct au téléphone. Il parlait avec quelqu'un. On ne sait pas qui c'était. Il marchait vers son véhicule. Par la suite, je me suis dépêché. J'ai frotté sa plaque. J'ai filmé sa plaque. Puis, il est juste rentré. Il a brûlé ses deux stops. On ne l'a plus jamais revu», relate le premier homme.

Il y aurait même eu un peu de bousculade, affirme-t-il.

«Je ne bougeais pas. Je ne me suis pas mis dans son chemin. Lui, il est juste venu sur moi. Il m'a un peu... Il m'a cogné avec son bras. Je n'ai pas bougé d'où j'étais», soutient l’homme.

Les deux chasseurs de pédophile affirment avoir contacté les autorités après le départ de l’individu.

«On a contacté direct le 911. Ils nous ont dit de rester sur appel et qu’ils allaient nous rappeler. Ils ne nous ont même pas rappelé, honnêtement. On a dû faire arrêter un patrouilleur alentour. Il s'est arrêté. On a commencé à parler. On lui a expliqué les événements. On a rempli les rapports», affirme l’un d’eux.

Ceux-ci se sont présentés au poste de police quelques jours plus tard, ont répondu aux questions des enquêteurs et leur ont remis leurs documents.

«On a donné le plus d'informations possible: les photos, les messages, les vidéos, la photo de la plaque», explique l’un des deux hommes.

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D'autres pièges à venir?

Ces deux chasseurs se réjouissent de son arrestation et qu’il soit suspendu.

Cependant, ils en demandent davantage au système de justice. « Pour moi, la mission n’est pas accomplie tant qu’il n’est pas en prison », dit l’un des justiciers.

Ils souhaitent maintenant sensibiliser la population à la problématique de la pédophilie.

«Le but, honnêtement, c'est de montrer à tout le monde qu'il y a beaucoup de pédophiles autour. Sans le savoir, c'était un policier. Un pédophile-policier, c'est assez fou», soutient l’un des deux coéquipiers.

«Ça m'a vraiment surpris parce que, dans le fond, les policiers sont censés être du monde qui protège le public. Lui, il était prêt à violer un enfant de 15 ans», ajoute-t-il.

Les deux chasseurs de pédophile affirment avoir piégé l’homme dans «les règles de l’art» et sans poser de geste illégal.

«Ils assurent n’avoir envoyé aucune photo de nudité, que les photos utilisées mettaient en scène l’un d’eux et qu’ils n’ont pas empêché le présumé pédophile de partir.

Ils ne craignent pas d’être poursuivis ou accusés au criminel et entendent même récidiver leur opération.

«On va sûrement commencer à publier sur YouTube des vidéos plus souvent, attirer plus d'attention sur ce sujet», affirme l’un des deux hommes.

Pour voir l’entrevue, visionnez la vidéo ci-haut.

- Avec les informations de Kevin Crane-Desmarais

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