Celsius Network: la Caisse fait son mea culpa


Martin Jolicoeur
Le pdg de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CQCD) a fait ce matin son mea culpa dans le dossier de la déconfiture de Celsius Network dans laquelle elle considère déjà avoir tout perdu.
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« Comprenez-moi bien, personne à la Caisse -moi le premier - est content du résultat de ce dossier-là. (...) Mais je tiens à préciser qu’on avait de bonnes intentions», a déclaré Charles Émond, président et chef de la direction de la CDPQ, en marge de la présentation mercredi des résultats du premier semestre de 2022.
Radiation d’actifs
La cryptobanque américaine s’est placée à l’abri de ses créanciers en juillet dernier. Dans des documents déposés devant un tribunal à New York, elle a attribué son insolvabilité à de «piètres décisions» d’investissement. Pas moins de 1,7 million de déposants en ont fait les frais.
En conférence de presse, le pdg de la Caisse a d’ailleurs reconnu avoir pris la décision, dans les circonstances, de radier ses investissements dans Celsius. Il estime ses pertes à 150M$US («ou environ 200M$»).
«On a décidé de la prendre tout de suite (la radiation) par mesure de prudence», a-t-il dit, ajoutant qu’elle représentait somme toute une faible proportion de son portefeuille. «C’est un demi, d’un demi de un pour cent», a-t-il illustré.
Les intentions
Aux journalistes financiers, M. Émond a expliqué que la Caisse avait tenté de saisir les occasions de rendements que pouvaient offrir le secteur de la chaîne de bloc.
«Nous ce qui nous intéressait, c’était de saisir le potentiel de la technologie block chain et de contribuer également à réglementer ce secteur-là. Clairement, ça ne s’est pas passé tel qu’anticipé.»
D’ailleurs d’autres gestionnaires d’actifs d’importance, comme l’américaine BlackRock, ont aussi cédé au chant du cygne du secteur de la crypto, a-t-il fait valoir. «On n’est pas les seuls» à avoir pris cette décision.
Imputabilité
Le numéro un de la Caisse a tenu à souligner que Celsius constituait une exception dans le portefeuille de capital de risque de la Caisse. Grâce à une approche qu’il qualifie de «prudente», ce portefeuille a produit des rendements de l’ordre de «35% par an» au cours des «5 à 7 dernières années», a-t-il insisté.
«Pour nous il est clair que nous sommes arrivés trop tôt dans un secteur (la crypto) qui était en transition avec une entreprise qui avait à gérer une croissance extrêmement rapide (...) Elle s’est fragilisée financièrement juste avant la crise et tout cela a été trop rapide pour que la nouvelle direction ait le temps d’exécuter le plan.»
Le président a par ailleurs assuré que les équipes de la Caisse responsables de cet investissement seront tenus responsables des pertes enregistrées. «Ils seront tenus responsables, a-t-il insisté. Ils le savent et ils vont l’être».