Cancer du poumon: Sitôt opérés sitôt rentrés à la maison
La chirurgie pour le cancer du poumon a grandement évolué si bien que tout peut se faire en une journée


Nora T. Lamontagne
Des patients québécois atteints d’un cancer du poumon ont pu bénéficier d’une chirurgie d’un jour pendant la pandémie, ce qui aurait été inimaginable il y a seulement 10 ans.
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Six malades triés sur le volet ont ainsi bénéficié de cette opération sans hospitalisation prolongée à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) afin de retirer la portion de leur poumon avec une tumeur.
« C’est assez incroyable quand on pense aux durées de séjour d’il y a une dizaine d’années, qui tournaient autour d’une semaine », témoigne le chirurgien thoracique George Rakovich, qui y exerce.
Chirurgien
Un mélange de gestion opératoire et d’approche minimalement invasive a permis à ces patients de rentrer chez eux beaucoup plus vite que par le passé, et en meilleur état.
Il y a une vingtaine d’années, « on faisait une incision de 15 ou 20 cm, puis on mettait des écarteurs en métal entre les côtes des patients, et on coupait plein de nerfs », décrit Catherine Labbé, pneumologue de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.
Les patients sortaient de la salle d’opération « avec une grosse cicatrice et une bonne douleur », se rappelle-t-elle.
De toutes petites incisions
Aujourd’hui, le Dr Rakovich et ses collègues utilisent plutôt de toutes petites incisions dans le thorax pour insérer des caméras et leurs instruments chirurgicaux.
« La chirurgie pour le cancer du poumon est très technique et comporte beaucoup de complexité anatomique. C’est un défi que je trouve intéressant », témoigne le chirurgien.
Une fois l’opération terminée, le patient obtient son congé le jour même et le suivi est assuré à distance par une infirmière attitrée.
Grand intérêt
Le travail des équipes de HMR en chirurgie d’un jour a attiré l’attention de leurs collègues dans le réseau de la santé, qui ont manqué de lits pendant la pandémie. Même dans le département du Dr Rakovich, cette pénurie a été une motivation pour développer la chirurgie d’un jour du cancer du poumon.
Car en général, les patients qui subissent ce type d’opération doivent rester hospitalisés en moyenne deux ou trois jours.
Avec le raffinement continuel des techniques, le Dr Rakovich entrevoit que l’opération puisse être écourtée à une journée, même dans des cas complexes, dans les prochaines années.
Une percée majeure dans les traitements
Des chercheurs montréalais ont fait une percée majeure dans le traitement du cancer du poumon, en combinant la chimiothérapie et l’immunothérapie avant une opération, ce qui permet d’augmenter les chances de survie.
L’essai clinique a démontré une baisse de 37 % du risque de récidive, de progression du cancer ou de décès comparativement à la chimiothérapie seule. Et la période de survie après le traitement a aussi augmenté d’un an.
« Il n’y a pas eu d’autres études sur des patients qui ont démontré un impact aussi significatif depuis plus de 20 ans », se réjouit le Dr Jonathan Spicer du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), qui a contribué à l’étude et recruté des patients.
Médecin
Les résultats de l’essai clinique ont été publiés dans le New England Journal of Medicine le mois dernier.
Le Dr Spicer souligne que seulement la moitié des personnes atteintes d’un cancer du poumon se rendent à la chimiothérapie, car souvent, le cancer est trop répandu et inopérable. De plus, ce traitement utilisé seul n’a qu’un faible succès.
Risque de récidive élevé
L’opération reste le meilleur remède, dit-il, mais le risque de récidive reste malheureusement élevé.
Toutefois, en alliant un médicament d’immunothérapie, conçu pour stimuler la réponse immunitaire du corps contre le cancer, avant la chirurgie, davantage de patients survivent.
Cette thérapie combinée peut non seulement réduire la taille de la tumeur, facilitant ainsi l’intervention chirurgicale, mais diminue aussi le risque de récidive.
Ce cancer est souvent détecté alors que des métastases commencent à se répandre ailleurs dans le corps. Il s’agit pour le Dr Spicer d’une avancée importante pour les patients que le traitement soit en mesure de freiner la progression du cancer du poumon.
L’étude, regroupant des chercheurs de partout dans le monde, auprès de 352 patients, mais dont 10 % provenaient du Québec, cible le cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC), le type le plus répandu.
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