Cancer du poumon: Particulièrement mortel et sournois
Malgré tout, des avancées ont récemment permis d’améliorer la survie de ceux atteints du cancer du poumon

Nora T. Lamontagne
Le cancer du poumon a fauché Guy Lafleur, Mike Bossy, et plus de 6000 Québécois dans la dernière année. Trop souvent dépisté sur le tard, ce tueur toujours aussi insidieux fait néanmoins l’objet de recherches qui suscitent l’espoir.
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« La mort de Guy Lafleur et de Mike Bossy nous rappelle que c’est un cancer qui enlève la vie à certains de nos héros bien avant leur temps », souligne le Dr Jonathan Spicer, directeur médical du réseau d’oncologie thoracique de l’Université McGill.
En effet, on estime que des 30 000 Canadiens qui recevront un diagnostic de cancer du poumon cette année, seuls 22 % seront toujours en vie dans cinq ans.
« Si on veut améliorer ces chiffres qui sont affreux, quoique meilleurs qu’avant, il faut soutenir la recherche », affirme le Dr Réjean Lapointe, directeur du laboratoire d’immuno-oncologie du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).
De mieux en mieux
Déjà, des avancées scientifiques font leur chemin dans la pratique, que ce soit en médecine personnalisée, en chirurgie ou en immunothérapie.
« Petit à petit, on parvient à mieux choisir les traitements en fonction des patients et de leur tumeur » illustre le Dr Normand Blais, hémato-oncologue au CHUM.
Le taux de survie sur 5 ans est d’ailleurs passé de 17 % à 22 % entre 2008 et 2017 au Canada, selon les plus récentes données disponibles.
Les traitements n’ont plus rien à voir avec ceux prodigués au père de Guy Lafleur, aussi mort d’un cancer du poumon en 1992.
À l’époque, « les docteurs se limitaient à donner de la chimiothérapie par les veines, ça ne marchait à peu près jamais et les patients mouraient. C’était déprimant », témoigne la pneumologue Catherine Labbé, dont le grand-père est mort d’un cancer du poumon. Aujourd’hui, on a au moins l’impression d’aider, de prolonger la vie significativement ».
Et de permettre aux patients d’avoir une qualité de vie pendant les précieux mois et années qu’il leur reste, glisse-t-elle.
Une maladie traître
Reste que les différents types de cancer de poumon sont particulièrement « sournois », reconnaît la docteure de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.
Les premiers stades de la maladie – quand les tumeurs sont toujours opérables – ne s’accompagnent souvent d’aucun symptôme.
Un projet-pilote a d’ailleurs vu le jour au Québec pour dépister les grands fumeurs plus tôt que tard et les soigner rapidement.
Rappelons que le tabac est, de loin, la première cause du cancer du poumon : environ trois cas sur quatre y sont liés.
Depuis l’an 2000, l’incidence de ce type de cancer néanmoins est stable pour les femmes et en diminution pour les hommes, selon les données de la Société canadienne du cancer. Mais il continue d’être le plus mortel et le plus commun des cancers.
Or, la montée du vapotage, surtout chez les adolescents, alarme les spécialistes qui s’interrogent sur ses effets sur la santé.
« Il reste encore beaucoup d’inconnues, mais ça s’enligne mal », laisse tomber Kim Lavoie, titulaire d’une chaire de recherche en médecine comportementale.
ILS ONT SUCCOMBÉ AU CANCER DU POUMON
Walt Disney (1901-1966)
Fondateur de Walt Disney
Johnny Hallyday (1943-2017)
Rockeur français
Donna Summer (1948-2012)
Chanteuse de disco américaine
Pierre Bourgault (1943-2003)
Politicien et souverainiste
Gilles Latulippe (1937-2014)
Comédien et humoriste
Marcel Béliveau (1939-2009)
Animateur de télévision
Tom Kurvers (1962-2021)
Ancien défenseur du CH
Pluie de dons en hommage à Guy Lafleur
Le Fonds Guy-Lafleur du CHUM a reçu des milliers de dollars en dons depuis la mort du hockeyeur bien--aimé, preuve de l’impact tangible qu’une vedette peut avoir sur une cause liée à la santé.
Plus de 80 000 $ ont été recueillis depuis l’annonce de son décès, qui viennent s’ajouter aux 1,5 million $ déjà récoltés depuis le lancement du fonds.
Cette générosité soudaine correspond aux tendances philanthropiques des Québécois, observe Laetitia Shaigetz, présidente de la firme-conseil en philanthropie Épisode.
« On est des donateurs émotifs, qui répondent à l’urgence et à l’actualité. Quand on est touchés, on donne », résume-t-elle.
Déjà affaibli par la récidive de son cancer et des traitements en oncologie, Guy Lafleur avait mis sur pied ce fonds au printemps 2021.
« Même à travers cette période extrêmement difficile de sa vie, il a souhaité redonner », souligne Pascale--- Bouchard, présidente et directrice générale de la Fondation du Centre hospitalier de l’Université de Montréal--- (CHUM).
Une bague pour la recherche
Pour la cause, le numéro 10 avait mis aux enchères sa bague de la Coupe Memorial de 1971, qui a trouvé preneur pour 17 100 $.
Au final, tous les dons serviront à financer les recherches sur plusieurs types de cancer, plus spécialement en médecine personnalisée, dite de précision.
« C’est quand même joli de penser qu’il y aura un programme de médecine de précision au nom de Guy Lafleur, alors qu’il était lui-même l’un des joueurs les plus précis », témoigne Réjean Lapointe, chercheur responsable de l’axe Cancer au CHUM et fan du hockeyeur.
Et si le cancer du poumon n’est pas le cancer habituellement le plus populaire auprès des donateurs, l’implication du hockeyeur a fait toute la différence, croit Laeticia Shaigetz.
« Il a personnifié la maladie. C’est comme si tout l’amour que les gens avaient pour lui avait été transféré à la cause », affirme-t-elle.
Hormis « Flower », d’autres célébrités sont devenues indissociables de certaines fondations.
On n’a qu’à penser à Pierre Bruneau et à la recherche en cancer pédiatrique ou encore aux efforts de Véronique Cloutier et Louis Morissette pour l’hébergement permanent des adultes autistes.
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