«C'est énorme»: des centaines de véhicules volés au Canada entassés dans un port en Italie
18 cargos interceptés dans l'un des plus gros ports du pays transportaient des voitures volées

Nora T. Lamontagne
Plus de 250 véhicules volés au Canada sont entassés depuis des mois dans l’un des plus grands ports de l’Italie, après avoir été saisis dans des conteneurs suspects en provenance de Montréal.
«Si vous voyiez tout l’espace que ça prend... c’est énorme», témoigne en français Ferdinando Tranfo, surintendant de la police nationale italienne et responsable des frontières.

• À lire aussi - Des milliers de véhicules volés exportés sous le nez de l'Agence des services frontaliers
• À lire aussi - Sa Lexus est exportée aux Émirats arabes unis même si elle est déclarée volée
C’est qu’entre octobre 2022 et septembre 2023, les efforts de son équipe ont permis de retrouver 251 véhicules canadiens d’une valeur de 32 M$.
L’opération d’envergure a impliqué l’ouverture de 483 conteneurs sur 18 cargos qui ont transité par le port de Gioia Tauro, au sud du pays.
Port stratégique
Les navires transatlantiques font souvent le plein de carburant dans cet immense port de transbordement avant de poursuivre leur route vers le Moyen-Orient.
Mais il s’agit aussi d’un endroit stratégique pour intercepter des marchandises illégales avant qu’elles n’atteignent leur destination finale.

Dans ce cas-ci, les voitures étaient en route vers la Libye, le Maroc, la Turquie et les Émirats arabes unis, selon le communiqué officiel.
La plupart étaient des véhicules de luxe, pratiquement neufs, dont plusieurs évalués à plus de 150 000 $.
Municipalité (nombre de vols)
Nombre de vols à une même adresse
Cette carte des vols de véhicules sur le territoire du Québec couvre l’année 2023, du 1er janvier jusqu’à une date entre le 30 juin et le 12 octobre, selon la ville.
Les données proviennent de la Sûreté du Québec, du service de police de la Ville de Montréal, de la ville de Laval, de la ville de Longueuil, du service de police de la Ville de Gatineau, du service de police de la ville de Québec, du service de police de la ville de Lévis, du Service de police de Sherbrooke, de la ville de Blainville, du service de police de Châteauguay, du service de police de la ville de Mascouche, de la ville de Granby, de la ville de Trois-Rivières, du service de police de la ville de Bromont, de la Régie de police du Lac des Deux-Montagnes, de la Régie de police de Memphrémagog, du service de police de la Ville de Saint-Eustache, du service de police de Saint-Jean-sur-Richelieu, de la ville de Repentigny, de la ville de Mirabel, et d’Équité Association. Certaines ont été obtenues par accès à l’information.
À noter que des municipalités peuvent avoir compté des véhicules comme des motos, des camions ou des bateaux dans leur bilan. Quant aux données de localisation, elles nous ont été transmises sous différentes formes : code postal, coin de rue, rue ou quartier.
Compilation des données : Nora T. Lamontagne et Philippe Langlois, Bureau d’enquête
Un beau coup de filet
Jacques Lamontagne, directeur des enquêtes chez Équité Association, estime que les efforts des Italiens ont permis «un très beau coup de filet».
Son organisation, qui fait le lien entre les assureurs et les autorités étrangères, a recensé environ 700 véhicules volés localisés à l’international l’an dernier. Au moins une centaine ont déjà été rapatriés par leurs assureurs respectifs.
Rappelons toutefois que plus de 13 000 véhicules ont été dérobés en 2023 au Québec seulement, dont plusieurs ont ensuite été exportés pour être écoulés.
Les conséquences de ce fléau se reflètent même dans les ports italiens.

«On contrôle les bateaux de toute l’Amérique, mais il y a bien plus de véhicules volés sur ceux qui viennent du Canada», glisse Ferdinando Tranfo, qui souligne la collaboration de la Gendarmerie royale du Canada pour faire avancer les enquêtes.
• À lire aussi - Vols de véhicules: des milliers de numéros de série frauduleux utilisés pour l’exportation
Sur le chemin du retour
Après leur saisie, les véhicules ne seront pas retournés à ceux qui se les ont fait voler. Les assureurs, qui en sont devenus propriétaires après le vol, doivent décider de leur sort.
«La première analyse qu’ils feront, c’est évaluer la valeur du véhicule versus le coût de toutes les démarches pour le ramener [au pays]», explique Jacques Lamontagne.
Il faut compter en moyenne 6000$ US pour la traversée, sans compter le coût des réparations liées au vol. «Et quand le véhicule dort sur un quai depuis un an, il perd de la valeur», rappelle-t-il.
N’empêche, plusieurs assureurs préféreront rapatrier la voiture plutôt que de la vendre dans un encan local, puisque les réglementations différentes compliquent les transactions.
Le processus de rapatriement peut alors s’étirer pendant des mois, comme en ce moment, ou même pendant des années.
Avec un peu de chance, Ferdinando Tranfo s’attend à renvoyer dans les prochaines semaines les premiers véhicules en direction du Canada.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.