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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Tour de France: Guillaume Boivin a versé quelques larmes aussi

Hugo Houle a savouré le moment sur le podium de la 16e étape du Tour de France, mardi, à Foix.
Hugo Houle a savouré le moment sur le podium de la 16e étape du Tour de France, mardi, à Foix. Photo courtoisie, David Stockman
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Photo portrait de Jean-François Racine

Jean-François Racine

2022-07-20T03:39:50Z
2022-07-20T03:41:15Z
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Une trentaine de minutes après les célébrations de son coéquipier, Guillaume Boivin a interrompu une entrevue du diffuseur officiel pour enlacer Hugo Houle, qu’il n’avait pas encore vu.

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La scène était prévue pour la télévision, mais pas les larmes qui se sont ajoutées. On a pu voir Boivin retirer ses lunettes et hocher la tête incrédule en s’essuyant les yeux rougis au moins à deux reprises.

Guillaume Boivin. Cycliste
Guillaume Boivin. Cycliste Photo Simon Clark

Sur la route, l’autre Québécois chez Israel-Premier Tech avait eu quelques bribes d’information sur la situation de la course, mais sans plus.

Il a franchi la ligne d’arrivée au 95e rang dans un groupe à 29 min 28 s du gagnant. Il faut dire que les Québécois présents au Tour de France se connaissent depuis les courses de quartier à l’adolescence. La voix encore éteinte, Boivin était toujours sous le choc deux heures après.

Un film

« J’ai su qu’il avait 40 secondes au sommet de la dernière montée. Après, un ancien coéquipier m’a dit qu’il avait gagné, mais je ne voulais pas le croire. À 800 mètres, j’ai vu qu’il était au podium ! C’est beau ce qu’il a fait. Je me souviens encore du décès de son frère. Ça a pris du temps mais il n’a jamais lâché. C’est incroyable. J’avais de la misère à lui parler », a précisé Boivin.

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Mi-sérieux, le cycliste de 33 ans s’est même permis de croire à un film. 

« C’est une belle histoire pour l’une des meilleures personnes que je connaisse. Ça va être sur Disney+ dans pas long je pense ! »

En terminant troisième de l’étape, Michael Woods a évidemment été le premier à féliciter le vainqueur.

« C’est si spécial pour tout le monde, pour moi, pour nous tous et pour le cyclisme au pays. C’est vraiment une victoire canadienne. »

Un grand numéro

Quelques jurons typiquement québécois ont également été entendus après le final à Foix. 

« Ça doit sûrement être moi ! » a lancé Antoine Duchesne, de l’équipe Groupama-FDJ.

« Je savais seulement qu’il était en tête avec [Matteo] Jorgenson. Nous avions Valentin
Madouas et Michael Storer pas trop loin, mais je n’ai rien su ensuite. La descente était longue et difficile. Hugo a fait un méchant numéro. C’est le rêve de tout cycliste de gagner de cette façon. Il y a 25 gars à ce stade-ci qui ont encore la patte pour aller devant et il fait partie de ceux-là. »

Duchesne espère maintenant que la chance sourira à son équipe, qui tourne autour d’une victoire depuis le début du Tour mais sans toucher au but. 

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« C’est encore possible », dit-il. 

À l’attaque dès le départ 

Photo AFP
Photo AFP

Il restait mardi 147 coureurs dans le peloton au départ de Carcassonne. 

C’est au cinquième kilomètre qu’un groupe de 29 coureurs s’est éloigné sans rencontrer d’opposition. Hugo Houle, à l’arrière, était de l’échappée avec le champion d’Autriche Felix Grossschartner, de l’équipe Bora-Hansgrohe.​​​​​​ 

L’appui important d’un coéquipier 

Photo AFP
Photo AFP

Dans cette victoire, il ne faut pas négliger le grand rôle joué par le Canadien Michael Woods, qui devait être le coureur favorisé dans la stratégie initiale chez Israel-Premier Tech. On voit ici Woods (en bleu à l’arrière) avec Neilson Powless, de EF Education-EasyPost. À la fin, alors que Matteo Jorgenson tentait de revenir sur Hugo Houle (à l’avant), Woods surveillait étroitement son adversaire en ne prenant aucun relais.  

Un succès pour les partenaires québécois 

Pour les partenaires québécois qui assument les risques financiers de cette aventure sportive, le retour sur l’investissement dépasse désormais toutes les attentes. 

Après un début de saison catastrophique et une formation au Tour de France amputée de deux cyclistes sur la sélection initiale, il subsistait encore quelques doutes, mais une seule victoire d’étape à la Grande Boucle est le symbole d’une saison réussie.

L’équipe Israel-Premier Tech en a maintenant deux dans la musette, en plus de deux podiums, et il reste encore cinq jours à faire jusqu’aux Champs-Élysées.

Retenu à Paris pour le travail, le président et chef de la direction de Premier Tech de Rivière-du-Loup n’était pas à l’arrivée à Foix mardi, même s’il a passé plusieurs jours au Danemark dans les premiers jours de l’épreuve.

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« Mon téléphone s’est mis à buzzer en pleine réunion. Je voyais les messages, mais personne ne disait qu’il avait gagné. Je me croisais les doigts un peu. Steve Bauer [directeur sportif] m’a appelé en hurlant ! C’est malade ! » a commenté Jean Bélanger, qui recevra plusieurs partenaires dimanche pour les célébrations.

« Magique »

« Ça sera encore plus émouvant. C’est aujourd’hui [mardi] qu’il fallait être là, mais les gars ne le disent pas d’avance ! » a plaisanté l’homme d’affaires.

« C’est magique. On croyait tous en lui, mais il faut que les éléments soient bien alignés. C’est phénoménal. C’est une famille, un clan qui s’est formé », a ajouté le passionné de cyclisme.

Pour Israel-Premier Tech, Simon Clarke avait déjà remporté la cinquième étape disputée sur des pavés à Arenberg. Positif à la COVID-19, l’Australien a été forcé de quitter le Tour par la suite. Le Danois Jakob Fuglsang a aussi abandonné après une lourde chute et une côte fracturée.

Officiellement, Adams, philanthrope dont la famille a fait fortune dans l’immobilier, est le propriétaire de l’équipe. Premier Tech en est le co-commanditaire principal depuis cette année, mais il deviendra copropriétaire de la formation WorldTour. Leur partenariat s’annonce long et fructueux.

La fête à Paris

Sylvan Adams avait aussi passé quelques jours avec l’équipe avant de rentrer en Israël. Il aurait évidemment aimé être sur place.

« C’est merveilleux. J’avais des larmes aux yeux. Hugo [Houle] a couru de façon très courageuse. Et de voir Mike [Woods] le supporter avec une troisième place, c’est du jamais-vu », a-t-il expliqué.

À Québec, un autre homme d’affaires jubilait. Louis Garneau se prépare d’ailleurs à aller fêter à Paris. 

« Il a marché comme un avion. J’en avais des frissons. Il a tellement travaillé. Il vient de changer sa vie et il va vouloir répéter ça. Sa nouvelle carrière commence. »

À Montréal, le directeur général de la Fédération québécoise des sports cyclistes tentait d’évaluer l’impact de cette performance inédite.

« C’est exceptionnel. Pour le cyclisme québécois, ça démontre que nos athlètes sont capables de se rendre à ce niveau et aspirer à un podium. Une porte s’est ouverte et il a saisi sa chance », a conclu Louis Barbeau.

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