Accusé d’avoir bloqué le pont Jacques-Cartier: la police met en place un dispositif spécial pour éviter tout grabuge


Michael Nguyen
Un dispositif policier rarement vu a été mis en place au palais de justice de Montréal ce jeudi pour le retour en cour d’un activiste écologiste accusé d’avoir bloqué le pont Jacques-Cartier, afin de prévenir tout débordement.
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Dès 8h du matin, un fourgon de police était bien visible devant l’édifice de la rue Notre-Dame. À l’intérieur, un groupe de policiers discutait avec des constables spéciaux, afin de se préparer en cas de grabuge.
C’est qu’une manifestation était prévue en soutien à Olivier Huard, un activiste détenu depuis huit jours sous des accusations de méfait et d’entrave pour avoir escaladé le pont Jacques-Cartier la semaine dernière afin de dénoncer les énergies fossiles.

Leur coup d’éclat a toutefois complètement paralysé la circulation et des dizaines de milliers d’automobilistes sont restés coincés pendant plus de six heures. Il y a eu 437 annulations au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) ce jour-là, soit 132 de plus que la veille, où il n’y avait pas eu d’incident de la sorte.

Calme plat
Mais si les policiers étaient prêts à tout débordement de la part de la cinquantaine d’activistes présents ce jeudi au palais de justice de Montréal, il n’y en a eu aucun, si bien que même le fourgon cellulaire est rapidement parti.

«Pour le moment, le comportement est idéal dans la salle, je tiens à le souligner», a d’ailleurs commenté le juge André Perreault dans une salle bondée au point où une salle de retransmission a dû être ouverte.

À défaut d’incidents, l’enquête sur remise en liberté de Huard a pu débuter, avec la preuve de la Couronne.
«Il y a un risque de récidive en raison du profil de l’accusé, sa libération [sous caution] minerait la confiance du public envers la justice», a affirmé Me Patricia Alexandre.
Elle a rappelé que Huard n’en était pas à son premier coup d’éclat, puisqu’il avait déjà fait de même en 2013, au Village historique de Val-Jalbert. Il avait alors grimpé un téléphérique pour s’opposer à la construction d’une minicentrale hydroélectrique sur une rivière.
«Ça n’a pas empiété sur le tourisme», a toutefois expliqué la procureure en ajoutant que le tout s’était passé pendant la saison morte.
Se faire entendre
Huard avait obtenu l’absolution, c’est-à-dire l’absence de casier judiciaire. Il aurait récidivé en 2022 en escaladant la structure du terminal pétrolier Valero, dans l’est de Montréal. Le blocage avait duré plusieurs heures.
Dans cette affaire, Pirro subira son procès à la cour municipale le mois prochain.
«Ils [les activistes] avaient alors compris que c’était important d’avoir des médias pour se faire voir», a dit la procureure, faisant le lien avec le blocage du pont de la semaine dernière, qui avait été largement médiatisé en raison des inconvénients causés à la population.
Ses paroles faisaient écho à une déclaration du ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, qui avait dit souhaiter que les médias n’accordent plus de temps d’antenne à la «propagande environnementale» de ces manifestants.
Les deux coaccusés de Huard avaient d’ailleurs accepté de ne pas parler publiquement des accusations afin d’être libérés sous caution.
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