Benz Antoine nous présente sa plus grande fierté: son fils, Lucas
Nathalie Slight
Entre les tournages de Doute raisonnable, L’œil du cyclone, Saint-Pierre et Bon matin Chuck, Benz Antoine savoure chaque moment passé auprès de son fils. L’acteur, qu’on connaît pour son charisme à l’écran, se confie sur la paternité, la famille et le sens qu’il donne aujourd’hui à sa carrière.
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Benz, tu es de passage à Montréal pour quelques jours seulement. N’est-ce pas ?
Je tourne présentement dans la deuxième saison de Saint-Pierre, une série anglophone diffusée sur la chaîne CBC. Comme nous tournons à Saint-Pierre-et-Miquelon et à St. John’s, de juin à décembre, la production me permet de faire des allers-retours quand mon horaire s’y prête. Lorsque je suis à Montréal, je maximise mon temps. Par exemple, aujourd’hui, j’ai participé à une séance d’enregistrement du jeu vidéo Overwatch, dans lequel je prête ma voix au personnage de Baptiste. J’ai fait des voix hors champ pour la série Doute raisonnable et j’ai réussi à joindre l’utile à l’agréable en participant à une séance photo avec mon fils.

Il s’agit de ton premier tournage à l’extérieur du Québec depuis que tu es papa!
Effectivement, oui. C’est difficile d’être loin de mon fils, mais ce n’est rien comparé à ma douce moitié, qui s’occupe seule de Lucas en mon absence. Sans elle, je ne pourrais pas concilier travail et paternité. Comme Veronica est coordonnatrice à Radio-Canada, elle comprend les aléas du métier et me facilite la vie. L’an dernier, lorsque j’ai quitté pour le tournage de Saint-Pierre, on s’était dit qu’on garderait contact via FaceTime, mais après une semaine, Lucas en avait un peu marre de jaser avec papa à travers un écran ! (rires) À trois ans, il ne comprenait pas trop pourquoi je ne revenais pas à la maison après le travail.

Cette année, est-ce que ça se passe mieux?
Oui, un peu mieux. Mon amoureuse et Lucas sont venus me visiter sur le plateau l’an dernier. Comme mon fils a vu l’endroit où je travaille, c’est plus concret pour lui. Nous allons faire la même chose cette année, afin qu’on ne soit pas séparés trop longtemps. Je vais ensuite enchaîner avec le tournage de la deuxième saison de Bon matin Chuck, alors je profite de chaque petit moment avec mon fils. Il faut comprendre que deux mois d’absence, c’est immense pour Lucas, puisqu’il n’a que quatre ans. Si j’avais décroché ce contrat lorsqu’il était bébé, j’aurais probablement passé mon tour, car je ne voulais rien manquer: premiers sourires, premiers mots, premiers pas. Mais à quatre ans, il a déjà sa petite vie bien remplie. D’ailleurs, il vient de débuter la maternelle 4 ans.
Étais-tu présent lors de la rentrée?
J’étais là pour la journée d’orientation. Est-ce que j’étais ému? Bien sûr! Est-ce que j’ai pleuré? Assurément... pendant deux semaines! (rires) En même temps, c’est ce qu’on souhaite comme parent: accompagner son enfant à travers les différentes étapes de sa vie. C’est donc avec un mélange de nostalgie et de fierté que je l’ai vu entrer à l’école quand la cloche a sonné. Il avait l’air si petit, avec son immense sac à dos, au milieu des grands de la maternelle à la sixième année. Cette image restera à jamais gravée dans ma mémoire.
Ton fils aime-t-il l’école?
Oui. Sauf qu’il a déjà dû composer avec un intimidateur. Sincèrement, je ne pensais pas avoir cette conversation avec lui aussi tôt dans sa vie. Un petit garçon a poussé Lucas, il a été méchant avec lui. Je lui ai donc expliqué comment mettre ses limites et se défendre au besoin. D’ailleurs, j’ai recommencé à faire de la boxe pour me remettre en forme en vue du tournage de la deuxième saison de Bon matin Chuck, et j’en ai profité pour initier mon fils à ce sport. Non seulement c’est un excellent entraînement, mais je crois que ça développera aussi sa confiance en soi. Un de mes plus grands souhaits en devenant papa, c'était de pratiquer un sport avec mon fils. J'avais hâte à ces moments de complicité.


Quelle valeur souhaites-tu transmettre à ton fils ?
Travailler fort. Je regarde cette génération de jeunes, presque née avec un cellulaire dans les mains, et je me demande où le monde s’en va. Je n’échappe pas à cette tendance: mon frère est vidéaste et il crée du contenu pour mes médias sociaux. Cela dit, je trouve tout de même frustrant qu’un acteur qui roule sa bosse depuis 30 ans doive travailler davantage son image que son jeu. À talent égal, celui qui a la plus grande communauté décroche souvent le contrat.
Ta mère est une immigrante haïtienne qui a élevé ses trois enfants ici. Est-ce important pour toi de transmettre cette culture à ton fils?
En fait, mon fils bénéficie d’un beau mélange de cultures. Ma conjointe, Veronica Barboza, est aussi fille d’immigrants: ses parents sont originaires de l’Uruguay. Donc notre fils grandit selon des valeurs haïtiennes, uruguayennes et québécoises. La gastronomie, la musique, la langue... Je suis heureux de pouvoir lui offrir ce beau bagage.
Quelles sont les valeurs haïtiennes que tu tiens à lui inculquer?
Ma mère, Rose Marie, et ma sœur – qui est médecin – sont en train d’acheter une maison bigénérationnelle. Toute la famille participe au processus... même si c’est ma maman qui aura le dernier mot! L’esprit de communauté, l’entraide, le fait d’être toujours là les uns pour les autres, je crois que c’est typiquement haïtien ou, du moins, typiquement de la famille Antoine! (rires)
Tu parles en anglais à ton fils, et ta conjointe lui parle en français. Était-ce planifié?
C’est arrivé de façon très naturelle. Veronica lui parle en français, moi, en anglais, et il parle espagnol avec mes beaux-parents. C’est tellement intégré en lui qu’il passe d’une langue à l’autre de façon instinctive. Je remercie ma mère qui nous a inscrits, mon frère et moi, à l’école anglophone. Grâce à elle, je peux aujourd’hui mener une carrière d’acteur autant en français qu’en anglais... et enseigner cette langue à mon fils.
C’est vrai, le public t’a découvert dans les versions francophone et anglophone de 19-2!
Ah! ça, c’était complètement fou! Je tournais le matin en français et l’après-midi en anglais. Mais vous savez quoi? À l’époque, je n’appréciais pas pleinement le moment, parce que je pensais déjà à la suite; je voulais continuer de surfer sur cette belle vague. Je crois que l’expérience et la paternité m’ont appris que la carrière d’un comédien est faite de hauts et de bas — ce n’est pas une ligne droite. Parfois, on est hyper occupé, comme je le suis maintenant, d’autres fois, c’est le calme plat. Mais j’ai fait la paix avec ça, parce qu’occupé ou pas, je reste le papa du plus beau petit garçon du monde. Je sais que c’est cliché de dire ça, mais être père, c’est mon plus beau rôle à vie!
Doute raisonnable, Saison 5 en primeur sur Tou.tv Extra.