Benoît Gouin: découvrez le métier inusité qu'il a déjà exercé
Nathalie Slight
Dans Dernière seconde, Benoît Gouin incarne Louis McLeod, un policier-technicien à la retraite, expert en explosifs. Un rôle pour lequel il a dû se métamorphoser radicalement, au point de se raser la tête et de modifier sa voix, afin de mieux incarner ce personnage doté d’une force tranquille et d’un sang-froid à toute épreuve.
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Benoît, tu as radicalement changé de look pour camper Louis Mcleod dans Dernière seconde. Était-ce ton idée?
Lorsque j’ai lu les premiers épisodes, je me suis dit que ce serait cool de changer de look pour incarner ce policier-technicien en explosifs. Il est maintenant à la retraite, et est l’ancien patron et mentor de Véronique (Catherine Chabot). Pour montrer que c’est un homme d’expérience, j’ai décidé de me laisser pousser la barbe.
Est-ce la première fois que tu portes la barbe pour un rôle?
Non, je l’avais fait aussi pour mon rôle dans la série Harry. Le hic, c’est que j’ai la barbe blanche, mais que ma chevelure grisonne à peine. Lors des tests de caméra, le réalisateur Julien Hurteau m’a dit qu’on pourrait ajouter du blanc dans mes cheveux. De mon côté, je craignais que ça détonne à l’écran. J’ai donc proposé de me raser complètement la tête!
Tout un changement quand même!
Oui, mais j’adore me métamorphoser pour camper mes personnages. Cheveux longs ou courts, avec ou sans barbe... Au fil de mes rôles, j’ai arboré plusieurs looks. Cette fois, j'ai pu me raser complètement la tête, ce dont je rêvais depuis des années! (rires) Avant, c'était toujours impossible parce que j’étais impliqué dans deux tournages en même temps. Je devais être «raccord» - comme on dit dans le jargon du métier - d’un épisode et d'une série à l’autre. Pour Dernière seconde, je n’avais aucun autre projet en parallèle, alors j’ai réalisé ce vieux fantasme!
Ton entourage était-il au courant?
Pas du tout! Lorsque ma blonde m’a vu débarquer de la voiture, elle s’est exclamée: « Non!!!!» Je comprends totalement sa réaction: j’ai moi-même fait le saut le lendemain matin en voyant mon reflet dans le miroir! (rires) Comme nous avons tourné du mois d’août à la fin de novembre l'an dernier, j’ai fini par m’habituer à ma tête rasée!
Tu as aussi baissé ta voix, pour camper Louis McLeod, n’est-ce pas?
Oui. Je trouvais qu’une voix plus grave et plus pausée conviendrait bien à mon personnage. Il s’agit d’un expert en explosifs qui possède un sang-froid à toute épreuve. Il est en plus un leader naturel. En amont du tournage, nous avons rencontré de vrais policiers-techniciens en explosifs. Je les ai trouvés très groundés. Alors, j’ai insufflé cette force tranquille à mon personnage.
C’est vrai qu’il impose le respect auprès de l’ancienne équipe qu’il dirigeait...
Exact. Il a été forcé de prendre sa retraite, parce qu’il a été victime d’un incident au cours duquel il s'est blessé au dos. Mais on voit qu’il est toujours aussi passionné par son métier et qu’il aimerait retourner sur le terrain. L’adrénaline que lui procurait son métier quand il désamorçait des bombes lui manque énormément. Il connaît tout sur les engins explosifs. D’ailleurs, j’ai travaillé fort sur mes répliques, pour que les termes reliés aux explosifs me viennent tout naturellement, comme si j’avais travaillé dans ce domaine toute ma vie!
Qu’as-tu appris en discutant avec les experts en explosifs?
Ils ont eu accès au scénario de la série. Alors, ils nous ont expliqué qu’il y a beaucoup plus d’action dans la série que dans la vraie vie. Ils peuvent désamorcer deux ou trois gros engins explosifs au cours de leur carrière, mais jamais ils n’ont été aux prises avec un poseur de bombes en série comme dans Dernière seconde. Ils nous ont aussi raconté que la plupart du temps, c’est un robot ou un chien formé pour détecter les explosifs qui vérifie les sacs et les colis suspects.


Aurais-tu fait un bon policier-technicien en explosifs?
Autant je peux être très énergique dans la vie, autant je suis d’un calme olympien en situation d’urgence. À l’époque où j’étudiais au Conservatoire d’art dramatique de Québec, ma blonde de l’époque m’avait invité chez elle au Saguenay, pour le temps des fêtes. Sur la route, l’autobus dans lequel nous nous trouvions avait glissé sur une plaque de glace et s’était retrouvé sur le côté.
Comment avais-tu réagi?
Le chauffeur nous avait dit de quitter rapidement l’autobus, car il y avait un risque de fuite de gaz et peut-être même d’explosion. Ma blonde était sortie par la fenêtre pensant que je la suivais, mais j'étais resté à l'intérieur pour aider tout le monde à sortir, y compris une vieille dame tétanisée à l’idée de bouger de son siège. Avec d’autres passagers, j’avais donné un coup de main au chauffeur d’une Renault qui avait une fracture ouverte à la jambe - son automobile avait été frappée de plein fouet par l’autobus.
Tu n'as pas perdu connaissance en voyant cette blessure!
Non. J’ai étudié trois ans en médecine, avant de bifurquer vers le métier de comédien. J’ai même travaillé deux ans en tant que préposé aux autopsies à l’Hôpital Laval de Québec. Je n’étais pas celui qui posait les diagnostics, mais j’assistais le pathologiste. Alors, je suis quand même assez à l’aise si je vois des blessures, du sang, etc.
(Après réflexion, Benoît ajoute...)
Cela dit, au-delà du fait qu’assister un médecin lors d'autopsies n’est pas banal, il y a un grand respect qui règne dans la salle pour l’humain qu’a été le corps qui est devant nous et pour la famille qui cherche des réponses.
En terminant, toi qui voyages habituellement entre deux contrats, as-tu une escapade de prévue prochainement?
Notre dernier grand voyage remonte à l’Asie en 2020, juste avant qu’éclate la pandémie. Depuis, on s’est promenés au Québec et un peu aux États-Unis, puisque mon grand frère habite en Caroline du Nord. Maryse et moi, nous souhaitons aller au Portugal. Ce sera notre prochaine destination, mais ce projet est sur la glace à cause de la guerre commerciale qui sévit présentement.
Ta conjointe, l’autrice et traductrice Maryse Warda, doit-elle voyager pour le travail?
Habituellement, nous allons voir des shows sur Broadway à New York, elle et moi. Lorsqu’elle a un coup de cœur pour une pièce, elle prend ensuite rendez-vous avec l'auteur à son agence, pour demander les droits d’adaptation. Cette année, nous allons passer notre tour, car nous allons dépenser notre argent non pas aux États-Unis, mais au Québec. De toute façon, chaque fois qu’on revient chez nous, on se dit que c’est l’un de plus beaux endroits au monde. Alors, c’est avec bonheur que nous allons rester ici!