Ballou est en train de se trouver
Il aura fallu un nouveau départ professionnel au Québécois de 23 ans pour pouvoir se découvrir


Dave Lévesque
OTTAWA | Ballou Jean-Yves Tabla a quitté le CF Montréal au terme de la dernière saison et il se retrouve aujourd’hui avec l’Atlético Ottawa en Première Ligue canadienne, un recul en apparence, mais pas pour lui.
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« Ce n’était pas un pas en arrière ou de côté parce que quand j’ai été libéré par Montréal, j’étais dans une période où je n’étais pas bien physiquement », reconnaît-il.
« J’avais une blessure et de la douleur qui a traîné pendant longtemps. C’est sûr que c’est mon club formateur, mais je n’ai pas pris ça négativement. C’était un moment pour faire une évaluation de mon corps et accepter un nouveau défi. »
C’est un Ballou serein, détendu et affable comme on ne l’a jamais connu qui a rencontré Le Journal dans la capitale nationale la semaine dernière. On est à des années-lumière du Ballou timide qui ne semblait pas vibrer quand il rencontrait les médias à l’époque.
Ballou ne cherche aucunement des excuses, on sent qu’il est rendu plus loin dans son cheminement. Toutefois, il reconnaît que la pression a fini par l’atteindre, surtout à son second séjour à Montréal, et ce même s’il y était habitué.
La pression
« À 17 ans, je prenais du plaisir, mais à mon retour de Barcelone, je sentais plus la pression, mais au Barça, tu manges la pression tous les jours. Quand je suis revenu à Montréal, j’avais déjà cette confiance et cette sérénité. Je ne m’attendais pas à avoir cette pression, mais il y avait des attentes. »
Il a alors peut-être un peu péché en pensant que son nouveau défi serait plus facile, mais des facteurs extérieurs l’ont aussi influencé.
« J’ai changé d’agence, il y a eu des blessures et plein de petits trucs qui sont venus me charger. Ça fait que mentalement, je n’étais pas à mon top. »
Préoccupations hors-terrain
Il l’admet sans détour, pendant que les gens s’attendaient à ce qu’il remplisse le filet, il n’avait pas toujours la tête au foot.
« Si tu as plein de trucs dans ta tête, plein d’attentes de la part de l’entraîneur, s’il y a des facteurs extérieurs ou si ça ne va pas bien dans la famille par exemple, tu ne peux pas entrer sur un terrain de football et te permettre de faire ce que tu as envie de faire. »
« Des fois, j’entrais sur le terrain et je pensais à des trucs auxquels je n’aurais pas dû penser. Maintenant, je ne fais que savourer. Je suis encore jeune, mais une carrière de foot, ça va vite. »
Apaisé mentalement
C’est donc avec l’idée d’effacer et de recommencer qu’il a accepté l’offre de l’Atlético Ottawa.
« Je suis vraiment apaisé mentalement et quand j’arrive ici chaque matin, j’ai le sourire, ça faisait longtemps que je n’avais pas eu ce feeling-là. »
« J’ai pris du recul pour me reconstruire et prendre du plaisir. Je me suis dit : “Ballou, tu es dans une nouvelle ville et un nouveau club, qu’est-ce que tu peux faire pour pouvoir rebondir ?” »
« Ça influence énormément la façon dont je joue et ma concentration est meilleure. L’amour [du sport] est beaucoup plus là parce que je me sens plus libre sur le terrain et dans ma communication avec les gens qui m’entourent. »
Beaucoup d’expérience
Même s’il n’a que 23 ans, Ballou Tabla a déjà beaucoup d’expérience. C’est un cliché, mais on lui a demandé ce qu’il donnerait comme conseil au Ballou de 17 ans.
« Je pense que je lui dirais de se concentrer sur lui-même et sa famille parce que le monde du football est très dur. Il y a des blessures, des critiques, mais beaucoup de bonnes choses aussi alors il ne faut pas se presser, faire confiance à son talent, travailler fort et vivre chaque étape. »
Quant à la suite des choses, il entend faire son boulot sur le terrain et faire un peu confiance à la vie.
« J’ai des rêves et des ambitions. Si ça arrive, tant mieux parce que j’ai toujours rêvé de jouer en Europe. Mais que ce soit en MLS, ici ou en Europe, je veux juste jouer au football. C’est sûr que c’est arrivé quand j’étais plus jeune, mais tout viendra avec le temps. »