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Culture

«Baie-James 1975: Le choc des nations»: Le combat oublié des Premières Nations

Samedi 15 novembre 21 h, Historia et Séries Plus

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Julie Loiselle

2025-11-13T11:00:00Z
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De 1970 à 1976, Robert Bourassa occupe le poste de premier ministre du Québec. Parmi les traces qu’il laisse, le développement de l’hydroélectricité dans la Baie-James demeure l’une des plus marquantes. Porté par des ambitions de grandeur et de prospérité, son gouvernement commet toutefois une erreur majeure: il oublie les Autochtones, présents sur ce territoire bien avant l’arrivée de l’homme blanc. Ce documentaire offre un regard contemporain sur cette période tumultueuse de l’histoire québécoise.

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Ce documentaire parvient à dépeindre avec justesse le contexte de l’époque, en remontant aux années ayant précédé le conflit de la Baie-James. On y découvre les détails du projet – ses réussites comme ses échecs – à travers des images d’archives qui plongent le spectateur au cœur de l'action. Baie-James 1975: Le choc des nations donne aussi la parole à des politiciens et des journalistes ayant vécu les événements, ainsi qu’à des représentants des peuples autochtones qui livrent avec émotion leur point de vue et leurs blessures. 

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La lumière au bout du tunnel

Le développement du complexe de La Grande, dans les années 1970, devient rapidement une source de fierté pour le Québec. Il faut dire que ce projet colossal répond à une réalité économique difficile: le chômage frappait fort depuis de nombreuses années. Ronald Poupart, alors directeur général du Parti québécois, se souvient: «Robert Bourassa a dit lors des élections qu’on allait créer 100 000 emplois. Je trouvais que c’était un trop gros défi, mais pas lui.» À cette époque, la plupart des travailleurs francophones, souvent sous-payés, œuvraient pour des entreprises anglophones. Des images d’archives des années 1960 montrent leurs conditions précaires. «Parfois, on ne mange pas. Il n’y a aucune job qui peut me permettre de faire vivre ma famille», confie une ouvrière. Pour plusieurs, le projet hydroélectrique et ses promesses d'emploi constituent enfin une lueur d’espoir.

Au Nord, de jeunes Inuits et Cris se lèvent toutefois pour défendre leur territoire. «C’est une terre sacrée, notre habitat. Ces poissons, ces oies, ce gibier, c’est une bénédiction pour nous», entend-on en langue autochtone sur fond d’images spectaculaires. Mais ces paysages cèdent vite la place à d’autres, bien plus violents, alors que des explosions ravagent la Baie-James. Et les Premières Nations ne sont pas les seules à dénoncer le manque d’empathie du gouvernement. «J’avais l’impression qu’on ne considérait pas les Cris comme des citoyens égaux. Ils se faisaient écraser par la machine qu’est Hydro-Québec», confie un journaliste. Face à la destruction, les Autochtones n’ont d’autres choix que de se tourner vers les tribunaux, un événement judiciaire qui a d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre au Québec.

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Un regard inédit

Baie James 1975: Le choc des nations captive par les témoignages de ceux qui n’avaient pas pu tout dire à l’époque, notamment les journalistes. On apprend ainsi qu'en 1973, quand le gouvernement a temporairement suspendu le chantier, Raymond St-Pierre et James Duff se sont rendus sur place pour vérifier si l'injonction était réellement respectée. «Les gens d’Hydro-Québec ne savaient pas quoi faire de nous. Ils nous ont mis dans une roulotte... mais n’ont pas barré les portes», raconte St-Pierre. Quelle ne fut pas leur surprise en découvrant qu’une explosion venait d’avoir lieu, offrant aux photographes l’occasion de capturer le moment! Sans accès à un téléphone, les journalistes sont parvenus malgré tout à prévenir leur patron et à informer le public. L’astuce utilisée, racontée par Duff, étonnera les téléspectateurs.

Le documentaire se poursuit avec d’autres faits méconnus et retrace les différentes étapes des négociations judiciaires. Il se termine sur des images émouvantes de Robert Bourassa, applaudi par des ouvriers d’Hydro-Québec lors de l’inauguration de LG‐2, en octobre 1979, mais aussi sur des témoignages poignants. L’ensemble du complexe La Grande s’étend aujourd’hui sur 12 700 km2, dont une grande partie a été inondée. «C’est 80 % de mon territoire de chasse qui a été submergé», confie un représentant autochtone. «C’est ce qui fait le plus mal. C’est ce qui nous envahit quand on voit notre territoire ravagé.»

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