Attentat du Métropolis: la SQ ne trouve rien sur les menaces contre Mme Marois

Michael Nguyen | Journal de Montréal
La Sûreté du Québec n’a toujours pas réussi à identifier les six menaces contre Pauline Marois lors de l’attentat au Métropolis d'il y a 10 ans, au point qu’elle envisage de redemander aux responsables policiers ce soir-là, même s’ils ont juré sous serment qu’ils ne se souvenaient de rien.
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«C’est sûr qu’on peut rafraîchir la mémoire...», a lancé Me Julien Bernard du procureur général du Québec, qui représente la police provinciale, ce lundi, au palais de justice de Montréal.
Les mains vides, Me Bernard s’est présenté devant le juge, qui lui avait ordonné la semaine dernière de faire ses recherches, au nom de la recherche de la vérité. Car, tout au long du procès civil intenté par des techniciens qui accusent la police d’avoir mal surveillé les lieux lors de l’attentat, neuf témoins ont affirmé qu’il y avait eu six menaces contre Mme Marois ce soir-là. Aucun responsable n’a toutefois été en mesure de les identifier.
«Nous n’avons malheureusement pas retracé un document pour répondre à vos questions», a lancé Me Bernard au juge.
Et en l’absence de ce document, il a affirmé que la police en était à essayer de retracer des policiers présents le soir fatidique du 4 septembre 2012, quand Richard Henry Bain a tué le technicien Denis Blanchette et blessé Dave Courage.
«Tout ça peut prendre un certain temps», a dit l’avocat.
Appel à la mémoire
D’autant plus que certains agents sont depuis retraités, et que la SQ n’a toujours pas été en mesure de les retracer.
«On veut aller vite, mais aussi bien faire les choses», a dit l’avocat, laissant entendre qu’après avoir retracé les personnes recherchées, il voulait ensuite les convier à des rencontres pour «rafraîchir leur mémoire».
Plusieurs des policiers qui ont juré sous serment ne se souvenir de rien pourraient également être rencontrés, au cas où ils auraient un regain de mémoire.
Un autre rapport secret?
Me Virginie Dufresne-Lemire, qui représente les techniciens réclamant 600 000$ à la SQ et à la police de Montréal, n’a pas caché son étonnement face aux recherches infructueuses du corps de police provincial.
«On parle de rapports concernant six menaces», a-t-elle dit, ajoutant que, selon la police, chacune d’entre elles avait été enquêtée.
Et, fait surprenant, elle a évoqué la possible existence d’un autre rapport secret concernant l’attentat, qui aurait été produit avant un autre rapport secret.
C’est que durant les procédures, la SQ a caché l’existence d’un rapport exécutif à propos de l’attentat. Ce document était non signé, et après une longue bataille juridique, son auteur, un policier, a expliqué l’avoir confectionné à partir de discussions informelles glanées quatre mois plus tôt.
Les conclusions de ce rapport avaient d’ailleurs été dictées d’avance par ses patrons.
Pour Me Dufresne-Lemire, il «semble logique» que la SQ n’ait pas attendu quatre mois avant d’essayer de comprendre comment le tireur Richard Henry Bain a pu si facilement commettre un attentat, à quelques mètres de la nouvelle première ministre élue, en passant par l’arrière du bâtiment qui n’était pas surveillé.
Faute d’informations supplémentaires, elle n’a pas été en mesure de pousser davantage afin d’obtenir des réponses.
Le dossier reviendra à la cour dans deux semaines, afin de faire le point à nouveau sur les recherches de la SQ.