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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Attentat au Métropolis: la «menace probable» venait de l’intérieur, dit la SQ

L’agent Dominique Langelier, de la Sûreté du Québec
L’agent Dominique Langelier, de la Sûreté du Québec Photo Pierre-Paul Poulin
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Michael Nguyen | Journal de Montréal

2022-04-19T21:06:46Z
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Le soir de l’attentat mortel au Métropolis, la Sûreté du Québec était convaincue que le plus gros risque pour la sécurité de Pauline Marois viendrait de l’intérieur, si bien que personne n’a surveillé le stationnement arrière, où attendait un tireur.

«II y avait une foule à l’intérieur, la menace la plus probable venait de là», a expliqué l’agent Dominique Langelier, la semaine dernière, au palais de justice de Montréal.

L’agent a témoigné la semaine dernière dans le cadre du procès civil intenté par des techniciens de scène traumatisés par l’attentat de la soirée électorale du 4 septembre 2012. Ils réclament 600 000$ à la Sûreté du Québec et à la police de Montréal, qu’ils accusent d’avoir mal fait leur travail.

Or la SQ ne voulait pas que le contenu de son témoignage soit rendu public, sous prétexte que certaines techniques utilisées par les policiers ne devaient pas être dévoilées. Il a fallu l’intervention des médias, dont celle du Journal, pour empêcher que soient gardées secrètes ces informations, dont plusieurs tombent sous le sens.

«Le Procureur général du Québec ne se décharge pas du lourd fardeau de démontrer que la publicité des cinq techniques policières qu’il désire protéger pose un risque sérieux pour un intérêt public important, qui justifierait les restrictions à la publicité des débats judiciaires», a tranché le juge Philippe Bélanger.

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Techniques

Ainsi, par le témoignage de l’agent Langelier, il a été possible d’apprendre qu’avant l’arrivée d’un dignitaire dans un endroit, des agents de renseignement se rendent sur place. Et quand le dignitaire se présente sur les lieux, la police crée un périmètre de sécurité autour de lui.

«Ça ne constitue pas une technique sophistiquée ou inconnue du public», a observé le juge, alors que la SQ se disait convaincue qu’il s’agissait d’un secret bien gardé.

L’on a également appris que, lors de ces événements, comme ç’a été le cas au Métropolis, des agents en civil surveillent les lieux. Et quand ils repèrent une personne suspecte, les agents, souvent, l'abordent «afin de s’enquérir de son intention ou de dévier son attention».

Les services de renseignement colligent d’ailleurs des photos de «sujets d’intérêts» dans un album et surveillent les réseaux sociaux. 

«Il n’y avait rien sur Richard Henry Bain [l’auteur de l’attentat qui a fait un mort et un blessé]», a assuré l’agent Langelier.

«On a fait notre travail»

Ce dernier a ensuite expliqué que son service n’avait détecté aucune menace contre Pauline Marois. Le fait qu’elle soit la première femme à la tête du Québec ou que des gens en aient contre le mouvement souverainiste ne semblait pas inquiéter la police provinciale, loin de là.

Avec ces informations en main, personne n’a donc pensé qu’il était nécessaire de placer un policier à l’arrière du Métropolis, ce qui a permis à Richard Henry Bain de tuer le technicien de scène Denis Blanchette et de blesser Dave Courage. Comme leurs collègues bloquaient le passage, Bain a finalement rebroussé chemin après avoir démarré un incendie. Le meurtrier a ensuite été arrêté.

«Avec les informations qu’on avait et nos méthodes, on a fait notre travail», a assuré l’agent Langelier, ajoutant toutefois que les méthodes de la SQ avaient depuis changé.

Maintenant, lorsqu’ils doivent protéger des dignitaires, les agents s’assurent de surveiller l’extérieur des lieux où ils se trouvent.

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