Attaque des drones ukrainiens en Russie: un risque d'erreur de calcul et d'escalade?
AFP
L'attaque ukrainienne contre les bombardiers stratégiques russes du weekend dernier accroît le niveau de risque d'erreur de calcul et d'escalade, a estimé mardi l'émissaire américain pour l'Ukraine, le général Keith Kellogg.
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«Les niveaux de risque augmentent considérablement», a déclaré M. Kellogg sur la chaîne de télévision Fox News. «Lorsque vous attaquez une partie du système de survie national d'un adversaire, à savoir sa triade nucléaire. Cela signifie que votre niveau de risque augmente parce que vous ne savez pas ce que l'autre partie va faire».
Kiev a revendiqué une attaque coordonnée par drones contre plusieurs bases aériennes russes très éloignées de l'Ukraine, affirmant avoir détruit ou endommagé plusieurs bombardiers stratégiques, des avions qui peuvent être employés pour bombarder l'Ukraine, mais sont aussi prévus pour emporter des armes nucléaires et entrent dans le cadre de la doctrine nucléaire russe.
La triade regroupe les moyens de frappe nucléaire d'un pays dans les trois milieux, terre, air, et mer.
«À chaque fois que vous attaquez la triade (nucléaire), ce n'est pas tant les dommages que vous lui infligez qui comptent, mais l'impact psychologique que vous avez», a-t-il dit, ajoutant que l'Ukraine «ne se laisse pas faire» et «peut élever le risque à des niveaux qui devraient être, selon moi, inacceptables», sans préciser s'ils seraient inacceptables pour Washington ou Moscou.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
La Russie a déclenché en 2022 l'invasion de l'Ukraine sous l'ombre projetée de sa puissance nucléaire pour empêcher les alliés de Kiev d'intervenir militairement et a signalé au reste du monde son potentiel nucléaire, notamment lorsqu'elle a tiré sur l'Ukraine en novembre 2024 un nouveau missile de portée intermédiaire, l'Orechnik, désarmé, mais pouvant emporter une charge atomique.
De son côté, ce n'est pas la première fois que l'Ukraine attaque des installations essentielles de la dissuasion nucléaire russe. Elle avait déjà frappé au printemps 2024 des systèmes radars d'alerte avancée, supposés prévenir Moscou d'une frappe balistique contre la Russie.