«Après le déluge»: le pari risqué de Mara Joly


Frédérique De Simone
Avec des acteurs très établis dans son équipe, comme France Castel, Marilyse Bourke, Stéphane Demers, Jean-Moïse Martin ou Martin Larocque, attribuer quatre de ses premiers rôles à de nouveaux visages était un pari risqué, ambitieux, mais nécessaire.
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La scénariste, réalisatrice et productrice de la série Après le déluge, Mara Joly, tenait mordicus à faire briller des talents moins connus, issus de la diversité, et surtout de le faire de la bonne façon, devant comme derrière la caméra.
L’idée était de créer un alliage entre expérience et vent de fraîcheur, sans que ce soit du «remplissage», a-t-elle expliqué en entrevue sur le plateau de tournage de la rue Notre-Dame, à Montréal. Quelles que soient leurs origines, ses comédiens ont des choses intéressantes à dire et sortent des cases dans lesquelles on les retrouve habituellement. En plus de tout ça, ils «sont éclairés pour leur beauté, coiffés et maquillés pour leur beauté, habillés pour leur beauté et sont mis en valeur pour vrai», a-t-elle précisé.

Après le déluge met en scène une policière empathique et impliquée, qui décide de prendre sous son aile quatre jeunes délinquants en les initiant aux arts martiaux mixtes (MMA) pour leur éviter un casier judiciaire. Une décision, dont on se doute, ne fait pas l’unanimité dans l’entourage de cette dernière, incarnée par Penade Estime (Les jeunes loups, District 31), qui a notamment évoluée aux États-Unis comme cascadeuse ces dernières années.

Une trame narrative inspirée de l’histoire du policier montréalais d’Evens Guercy, qui a fondé le club de boxe de l’Espoir dans le quartier Saint-Michel, à Montréal, pour donner une solution de rechange à la délinquance juvénile.
«Être la porte»
Ayant grandi avec le fardeau d’être «white passing», soit d’être perçue comme une personne blanche – et de bénéficier de traitements de faveur en raison de la couleur de sa peau – alors qu’elle a grandi au Sénégal, au Ghana, en Afrique du Sud et en France, avec une mère afrodescendante, la culture, l’entourage et les référents; Mara Joly s’est construite avec le désir «d’être une porte à un moment donné» pour la représentativité.
«Quand je suis revenue au Québec vers 15-16 ans, j’ai senti un décalage entre comment je me sentais et mon environnement. Je suis arrivée dans le milieu [artistique] et je sentais un écart entre ce que je suis, comment je me sens et ce que je voyais ou ce que je jouais», a-t-elle raconté.
Inconfortable de sentir qu’elle avait beaucoup plus de privilèges que d’autres personnes avec les mêmes origines qu’elles, l’autrice a voulu mettre ses privilèges à profit. «Je peux les utiliser au lieu de trouver ça injuste et difficile. Peut-être que je peux les utiliser pour faire fructifier certaines voix. Peut-être que ça sert à quelque chose que je sois "white passing"», a-t-elle ajouté.
Déclinée en six épisodes d’une heure, la série Après le déluge promet des histoires de famille, de la romance et de la lumière après que la grande marée soit passée et que les trésors enfouis refassent surface.

Mettant en vedette Samuel Gauthier, qui incarne un fils de riche dans l’eau chaude, l’humoriste Erika Suarez, dont le personnage pourrait bien être au cœur d’une histoire d’amour, ainsi que Frédéric Colas et Gabriel Pascal Tshilambo, la fiction de Mara Joly, coproduite par Zone 3 et ZAMA Productions, devrait atterrir sur Crave d’ici la fin de l’année.