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L'article provient de TVA Nouvelles

Après 3 ans d’attente, elle voit sa greffe de rein annulée en raison du manque de chirurgiens

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Guillaume Cotnoir-Lacroix

2025-04-28T22:08:45Z
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Une patiente de Val-des-Sources en attente d’une greffe de rein depuis trois ans a vu sa chirurgie annulée en raison d’un manque de médecins disponibles pour l’opérer en Estrie.

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Andrée-Ann Lemay-Laroche pensait bien que sa vie allait changer en mieux, samedi, lorsqu’elle a reçu l’appel tant attendu. Un rein compatible était disponible pour elle et la transplantation était planifiée le lundi suivant.

Elle était sur un nuage lorsqu’un premier médecin du CHUS Fleurimont lui a téléphoné, vers 16h.

«On était extrêmement heureux, on pleurait, on sautait», raconte la jeune femme, aux côtés de son conjoint Olivier Rancourt. Le couple a pris le temps d’appeler plusieurs amis et membres de la famille.

Capture d'écran / LCN
Capture d'écran / LCN

Depuis trois ans, Andrée-Ann reçoit beaucoup de soutien de ses proches, elle qui doit se soumettre à des traitements de dialyse chaque jour, toutes les quatre heures, en raison d’une insuffisance rénale.

«C’est ma vie, c’est ce qui me maintient en vie», lance-t-elle en pointant des poches de liquide et l’équipement utilisé pour la dialyse.

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L’excitation et la joie se sont arrêtées brusquement trois heures après le premier appel. Cette fois, c’est la médecin traitante d’Andrée-Ann qui appelle.

La chirurgie ne pourra finalement avoir lieu.

Capture d'écran / LCN
Capture d'écran / LCN

Le seul chirurgien capable de pratiquer des greffes rénales pour l’ensemble du territoire de l’Estrie est en vacances. Tout de suite, la confusion s’installe au sein du couple.

«Nous avons demandé à la médecin: est-ce qu’on peut se déplacer dans un autre hôpital ici au Québec, ou ailleurs dans une autre province? La réponse a été: “non, c’est compliqué de changer ton dossier d’hôpital”», décrit Andrée-Ann.

On lui aurait également expliqué qu’aucun lit n’était disponible pour la chirurgie ailleurs dans la province.

Capture d'écran / LCN
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Andrée-Ann parle de sa médecin avec beaucoup de bienveillance et n’en veut pas au chirurgien qui est en vacances cette semaine. Après tout, il ne peut pas être disponible 365 jours par année. Elle ne comprend toutefois pas comment elle a pu recevoir le premier appel lui indiquant que sa greffe allait survenir deux jours plus tard.

«J’ai ressenti une espèce de deuil. C’est comme si on m’avait donné la vie et qu’on me l’avait arrachée des mains», illustre-t-elle, toujours en attente de la greffe d’un rein.

Son conjoint peine à s’expliquer la bévue.

«Pourquoi ils nous ont appelés sans avoir pris toutes les mesures? Sans avoir organisé un chirurgien remplaçant ou s’être assuré que le chirurgien serait présent?» se demande-t-il à voix haute.

Le CIUSSS de l’Estrie-CHUS admet son erreur et reconnaît qu’Andrée-Ann n’aurait jamais dû recevoir d’appel, samedi.

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«Le processus habituel prévoit en effet que la disponibilité du chirurgien soit vérifiée avant d’appeler l’usager ou l’usagère. Dans le cas survenu le week-end dernier, cette procédure n’a pas été suivie. Des vérifications sont en cours et les équipes apportent déjà des améliorations au processus pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise», écrit-on dans une déclaration écrite.

Une erreur confirmée par le Dr Adam Frenette, directeur médical et des services professionnels au CIUSSS.

«Soyez rassurés qu’on travaille avec les équipes pour être capable d’éviter que de telles situations ne se reproduisent dans le futur», a-t-il ajouté en entrevue avec TVA Nouvelles.

Une vingtaine de chirurgiens seraient en mesure de pratiquer des greffes rénales au Québec, selon l’Association québécoise de chirurgie.

Capture d'écran / LCN
Capture d'écran / LCN

«Présentement, il n’existe pas d’entente pour transférer les patients entre les différents établissements pour ce qui est de la greffe rénale du côté du CIUSSS de l’Estrie-CHUS», note toutefois le Dr Frenette, qui lance la balle à Santé Québec pour remédier à la situation.

«C’est quelque chose qui devrait être regardé [...] plus au niveau du siège social de Santé Québec», pense-t-il.

L’agence gouvernementale a aussi réagi en fin de journée, lundi.

«Ce qui s’est produit samedi est pris au sérieux et nous tenons à offrir nos plus sincères excuses à la dame. Nous travaillons avec l’ensemble de nos collaborateurs afin d’améliorer l’accès aux services de greffes», écrit-on dans un échange de courriels.

Difficile selon l’Association québécoise de chirurgie d’obtenir le juste équilibre quant au nombre idéal de chirurgiens capables de pratiquer des transplantations rénales.

Il s’agit d’une surspécialisation et au Québec environ 300 greffes rénales surviennent chaque année, selon le Dr Patrick Charlebois.

Il faut éviter, selon lui, de former des médecins qui, au bout du compte, ne pourraient opérer que quelques patients par année. Néanmoins, il estime que la charge de travail dans la province est trop importante pour 20 chirurgiens.

«On a besoin de plus de bras, c’est certain. Plusieurs de nos médecins transplanteurs approchent de la fin de carrière. On a une perspective sur les prochaines années de manque d’effectifs et on doit recruter de façon agressive dans ce domaine-là dans les différentes universités», pense le Dr Charlebois.

Voyez le reportage complet dans la vidéo ci-dessus.

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