Sa famille veut sensibiliser: un aîné en déclin cognitif s'est fait dérober plus de 37 000$
La fille de sa conjointe de l'époque a profité de sa vulnérabilité pour se servir allègrement dans son compte de banque


Olivier Faucher
La famille d’un aîné qui s’est fait siphonner près de 37 000$ par un proche pendant qu’il était en perte d’autonomie implore les Québécois de prendre des précautions pour prévenir ce type d’abus.
«C’est le genre d’histoire qu’on pense qui n’arrive qu’aux autres. Si je peux aider une personne à avoir la conversation avec ses parents... C’est mon but principal», plaide Michel Babineau.
Ce dernier vient d’avoir gain de cause devant le tribunal des droits de la personne pour l’histoire qu’a subie son père Denis peu avant sa mort à l’automne 2021 à 78 ans.
À l’époque, trois jours après le décès, Michel Babineau apprend que de nombreux retraits de 1000$ avaient été récemment effectués dans le compte de son père, qui vivait avec sa conjointe Denise Rodrigue. Il s’agissait d’activités très inhabituelles étant donné le train de vie de Denis Babineau, un enseignant retraité.
Ils apprennent alors également que l’état cognitif de Denis, vivant en Abitibi-Témiscamingue loin de ses enfants, s’était détérioré au cours des derniers mois. C’est dans un état très confus et avec un cancer en phase terminale qu’il se présente à l’hôpital environ deux semaines avant sa mort.
«On a fait un plus un», raconte Michel Babineau, qui conclut alors qu’on a volé dans les avoirs de son père alors qu’il était vulnérable.
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Même après son décès
Selon le jugement, la responsable est la fille de Denise Rodrigue, Manon Rodrigue. Cette dernière, qui s’est décrite à la cour comme «aidante naturelle» du défunt, a admis s’être servie dans le compte.
La preuve établit qu’elle avait appris le NIP de Denis Babineau en l’accompagnant à la banque.
Et même le décès n’a pas arrêté Manon Rodrigue. Parmi les 36 retraits de 1000$, neuf ont eu lieu durant son hospitalisation et trois après son décès, selon la preuve.
«C’est le sentiment de s’être fait avoir», se désole M. Babineau.
«Profiter de la vulnérabilité d’une personne âgée qui souffre de démence et d’un cancer débilitant pour s’approprier sans droit son argent, c’est certainement porter atteinte au respect que cette personne mérite comme être humain», conclut le tribunal.
Ce dernier a ainsi condamné Denise et Manon Rodrigue à payer 42 000$ en dommages aux enfants du défunt.
Situation évitable
Michel Babineau croit qu’il aurait facilement pu prévenir ce scénario qui a privé lui et sa soeur d’une portion «significative» de la succession de leur père.
Il estime qu’il aurait dû discuter de l’avenir avec son père lorsque ce dernier a commencé à montrer de premiers signes de confusion au cours des dernières années. Il croit que son histoire doit servir d’avertissement à toute la société.
«C’est de s’asseoir à une table et de vérifier: est-ce que mon père a un mandat en cas d’inaptitude, une procuration générale? Est-ce que son testament est à jour?»
«Est-ce qu’on peut donner accès à des alertes [bancaires] ou donner un accès conjoint au compte de banque? Avoir accès au dossier du médecin? C’est de partager ça avec des enfants ou une personne de confiance», conclut-il.