Après 14 ans sur scène avec Marc Dupré, sa fille Stella se lance en solo
Marjolaine Simard
À 22 ans, Stella Dupré a déjà foulé les scènes du Québec pendant plus de la moitié de sa vie. Depuis l’enfance, elle accompagne son père, Marc Dupré, dans ses tournées, multipliant les duos et les premières parties avec une aisance désarmante. C’est là, sur scène, qu’elle a trouvé à la fois sa voix et sa voie, découvrant peu à peu le plaisir de chanter ses propres mots, sur des mélodies de son cru. Fidèle à son nom, Stella brille comme une étoile montante et prend désormais son envol en tant qu’auteure-compositrice-interprète. Une émancipation longtemps rêvée, vécue sous le regard fier et légèrement protecteur de son père. Décidément, le talent coule dans les veines de cette famille, dont Stella incarne la relève avec grâce.
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Sur les réseaux sociaux, tu as écrit dernièrement «Mes dernières semaines étaient parfaites!» Est-ce que ce sentiment est lié à ton passage au Festivoix de Trois-Rivières, le 3 juillet dernier, où tu as présenté tes propres chansons?
Tout a commencé à ce moment-là, à 100 %. Ce premier spectacle a vraiment été le point culminant de mes dernières semaines magnifiques. J’attendais ça avec impatience. Ça fait longtemps que je fais des spectacles avec mon père, que je le suis partout en tournée. Au fond de moi, mon grand rêve a toujours été d’avoir mon propre spectacle. Et plus les années passaient, plus ce rêve prenait de l’ampleur. J’avais tellement hâte de chanter mes propres chansons. Ce soir-là, j’en ai présenté huit, en plus de quatre covers. Et mon père est même venu chanter avec moi. C’était un moment magique! Un rêve qui se réalisait enfin!

C’est beau, cette relation exceptionnelle que tu entretiens avec ton père...
Quand je pense au nombre d’heures de route qu’on a faites ensemble au fil des ans, c’est incroyable! Ç’a été super positif pour notre relation. Une chose qui ressort de tout ça, c’est que mon père est plus stressé que moi... pour moi! (rires) J’ai aussi assuré les premières parties de son spectacle d’humour Ben voyons donc! Il essaie toujours de m’aider, et je dois lui rappeler que ça va, qu’il n’a pas à s’inquiéter. Je pense qu’il se projette un peu, parce qu’il a lui-même fait les premières parties de Céline à l’époque. Il revit ce stress-là à travers moi. Sinon, un truc qu’il n’aime pas trop que je dise, mais que je dis quand même: c’est moi qui fais son maquillage avant les shows! Je lui donne une belle petite mine bronzée. (rires)
Écris-tu toi-même tes chansons?
Je co-écris avec la chanteuse Éli Rose, qui est l’une des meilleures compositrices que je connaisse. Le processus a été assez long parce que je voulais vraiment trouver mon style. J’ai pris le temps d’explorer ce qui me faisait vibrer au piano et avec mon ukulélé. J’aime écrire à partir de ce que j’ai vécu, mais aussi m’inspirer des histoires de mes amis ou inventer des récits. Même si je suis en couple depuis cinq ans avec mon copain et que tout va super bien, certaines de mes chansons parlent de relations compliquées. J’aime les chansons un peu tristes, même si elles ne reflètent pas forcément ce que je vis.
Justement, peux-tu nous parler un peu de ton amoureux?
Il s’appelle Nathan. Il est un peu moins présent devant la caméra, mais il travaille beaucoup derrière: il fait du montage, de la vidéo... Si vous voyez des vidéos de moi en ligne, c’est souvent lui qui les a filmées. Il fait même de la tournée avec nous, en tant que directeur de tournée! Il travaille beaucoup avec mon père.
L’as-tu connu parce qu’il était déjà directeur de tournée?
Non. En fait, c’est le meilleur ami de mon frère Anthony. C’est comme ça qu’on s’est rencontrés. Et honnêtement, c’est la meilleure chose qui pouvait arriver. Faire de la tournée ensemble, c’est vraiment le fun. Je pense même que ça a renforcé notre couple, parce qu’on a la chance de partager le travail au quotidien. Et de voir que ça tient malgré les défis, c’est super encourageant. On est jeunes — 22 et 23 ans —, mais on sait déjà qu’on est chanceux que ça fonctionne aussi bien entre nous et qu’on travaille bien ensemble.
On le sait moins, mais ta mère, Anne-Marie Angélil, chante très bien. Pourquoi l'entend-on si peu?
Elle est plus timide. Ma mère a une voix magnifique. Quand elle était jeune, elle a fait quelques petits enregistrements, qu’on a écoutés ensemble récemment, et nos voix se ressemblent! Mais je ne pense pas qu’on l’entendra chanter publiquement un jour. Cependant, à la maison, quand elle chante en faisant la vaisselle, c’est vraiment beau... sauf si elle sait qu’on l’écoute, là, elle arrête! Mes deux frères chantent aussi super bien. Tout le monde dans la famille a une belle voix.

Tu ressembles beaucoup à ta mère, physiquement...
Tous ceux qui la connaissaient bien sont surpris quand ils me rencontrent. On se ressemble vraiment, autant physiquement que dans nos intérêts. On partage les mêmes passe-temps, comme le yoga chaud, et on aime s’entraîner ensemble. Quand on me dit que je lui ressemble, c’est le plus beau des compliments, parce que ma mère, c’est une vraie bombe! À 47 ans, j’espère lui ressembler autant!
À la maison, est-ce que vous chantez ensemble?
Oui, il y a une chanson qu’on aime chanter ensemble: True Colors, la version de Justin Timberlake et d’Anna Kendrick. Comme il y a des harmonies, ma mère fait la voix féminine et moi, Justin Timberlake. Quand on chante ça, toute la maison se tait! Sinon, je chante souvent avec mon grand frère Anthony, qui est excellent en harmonies et qui joue très bien du piano. On a fait quelques covers ensemble sur les réseaux sociaux. Mon petit frère Lenny, lui, est plus discret. Je pense qu’il chante surtout sous la douche! (rires)
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Être entourée d’autant de talent dans une famille, ça peut donner des ailes, mais ça peut aussi susciter le doute, non?
J’aime faire les choses par moi-même pour me sentir vraiment accomplie. Voir mon père à l’œuvre a été une belle opportunité pour comprendre le métier. Je le considère comme l’un des meilleurs auteurs, compositeurs et interprètes de sa génération. J’adore ses textes, ses mélodies, la façon dont ses chansons nous touchent profondément. Mais c’est certain que ça peut mettre une certaine pression. J’ai gardé ça pour moi. Je ne pense même pas que mon père le sait.
Céline Dion est quand même ta tante, elle risque d’écouter ce que tu fais. Est-ce intimidant?
Je n’y ai jamais vraiment pensé. Pour faire ce métier, il faut avoir une certaine confiance en soi. Je ne suis pas encore très avancée dans ma carrière; je n’ai pas encore sorti de matériel officiel, même si j’ai gagné en expérience sur scène. J’essaie donc de rester positive et de ne pas me laisser envahir par ce genre de stress, car je suis assez anxieuse de nature. En même temps, je crois qu’elle sera fière de moi.
Ton grand-père, le grand impresario René Angélil, était connu pour s’intéresser sincèrement aux gens...
C’est ce que tout le monde me dit, et ça me touche tellement. Il laissait une impression positive partout où il passait. Il était à l’écoute, toujours gentil... Je ne l’ai jamais vu s’impatienter. Il est parti tôt dans ma vie — j’avais seulement 14 ans — et depuis, je m’ennuie de lui tous les jours. Vraiment beaucoup!

As-tu lu sa biographie?
Oui, mais j’ai envie de la relire. Quand elle est sortie, je n'étais pas une grande lectrice, donc je ne l’avais pas appréciée à sa juste valeur. Aujourd’hui, avec le recul et la maturité, j’ai envie de redécouvrir sa vie avec un regard différent. Depuis l’époque de la sortie du livre, je suis vraiment devenue une meilleure lectrice. J’adore lire aujourd’hui, surtout pour m’éloigner un peu de mon cellulaire.
Ton frère Anthony travaille-t-il toujours à la distillerie Cherry River de ton père?
Non, mais il y a travaillé vraiment longtemps. Il est actuellement gérant du restaurant de mon père situé à Terrebonne, qui s’appelle La Fondue. Il voulait revenir plus près de la maison, parce qu’il était loin, à Magog. Il était installé là-bas depuis un an et demi, mais je pense qu’il s’ennuyait d’être près de la maison et de la famille.
Peux-tu me parler de votre chien, Zac?
Zac, on l’adopté il y a deux ans et demi. C’est un husky croisé berger australien, et il a complètement transformé nos vies de façon positive. C’est un chien incroyablement affectueux, qui comprend vraiment les émotions. Dans ce métier où le stress est souvent présent, il est un vrai réconfort. Mon père, surtout, a une connexion unique avec lui. Ce sont les meilleurs amis du monde. On l’emmène partout. Puis, il est arrivé au meilleur moment qui soit dans nos vies...
Il est arrivé au moment de la séparation de tes parents...
Oui, ce fut un moment difficile, et sa présence rassurante nous a beaucoup aidés à traverser cette période. Aujourd’hui, on ne peut plus imaginer la vie sans lui. C’est un vrai soutien pour nous tous. On l’aime énormément.

De quoi rêves-tu pour les mois à venir?
Je travaille sur un album en ce moment. J’ai beaucoup de chansons prêtes, il faut juste choisir celles que je garde. On aimerait sortir un single dès cet automne. Je me sens prête et je suis très enthousiaste à l’idée d’entamer ma propre carrière de chanteuse. C’est mon grand rêve qui se réalise!