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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Affaire Carpentier: autre semaine difficile pour la SQ

Les témoignages faisant état de mauvaises décisions s’empilent à l’enquête publique sur la mort de Norah et Romy

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Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

2023-02-25T00:20:07Z
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Les recherches pour retrouver Norah et Romy Carpentier ont meublé une deuxième semaine chargée à l’enquête publique sur la mort des fillettes. Encore une fois, des décisions de la Sûreté du Québec sont remises en question et laissent planer le spectre d’un cafouillage. 

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De coupes qui ont laissé des traces

Ces déboires s’expliquent en partie par des coupes de la SQ dans son unité des mesures d’urgence, a déploré lors de son témoignage le policier à la retraite André Bernard, affirmant que le corps policier n’était pas prêt pour le dossier Carpentier.

Romy et Norah Carpentier
Romy et Norah Carpentier Photos d'archives

Différents témoins ont abordé ces coupes, certains évoquant l’abolition de 50 % des postes qui s’y trouvaient sur une période d’un peu moins de 10 ans.

« On avait de très bons policiers, des excellents techniciens de recherches qui étaient formés, mais en fermant, en envoyant tout le monde ailleurs, l’expertise s’est perdue », s’est désolé M. Bernard, affirmant croire que l’issue Carpentier aurait pu être différente pour Norah et Romy.

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Photo d'archives
Photo d'archives

« C’était tout croche », affirme-t-il.

Selon le gestionnaire de recherches terrain Martin Bonneau, avant les coupes, l’unité comptait une soixantaine de membres à Québec et environ 90 dans ses détachements de la région de Montréal.

À l’été 2020, l’unité de Québec ne comptait plus que 20 policiers et celles de Mascouche et Saint-Hubert, une douzaine chacune.  

  • Écoutez l'entrevue de Richard Martineau avec Stéphane Luce, Président de Meurtres et Disparitions Irrésolus du Québec sur QUB radio : 

Une alerte Amber venue trop tard

L’accident impliquant l’automobile de Martin Carpentier est survenu le jeudi 8 juillet 2020.
L’accident impliquant l’automobile de Martin Carpentier est survenu le jeudi 8 juillet 2020. Photo fournie par le bureau du coroner

La décision de lancer l’alerte Amber s’est prise une quinzaine d’heures après la disparition de Martin Carpentier et des fillettes, si bien qu’elle n’a fini par être diffusée qu’à 15 h dans l’après-midi du 9 juillet 2020. 

Les différents témoignages entendus laissent entendre que c’est principalement parce que l’on ne croyait pas que Carpentier puisse être dangereux pour ses enfants que le processus s’est étiré.

Rendu à ce point, il était malheureusement trop tard.

« Ma lecture, et je suis très transparent dans cette enquête, c’est que l’alerte Amber n’a pas donné grand-chose », a analysé le coroner Luc Malouin.

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La possibilité de médiatiser l’affaire tôt le lendemain de l’accident sur l’autoroute 20 aurait potentiellement pu faire entrer plus rapidement des informations de témoins qui avaient aperçu le trio se diriger vers la forêt.

Ces témoignages auraient probablement mené les policiers sur la bonne piste beaucoup plus tôt.  

Les corps des deux fillettes ont été retrouvés le samedi 11 juillet 2020 dans un boisé de Saint-Apollinaire au terme d’une troisième journée de recherches.
Les corps des deux fillettes ont été retrouvés le samedi 11 juillet 2020 dans un boisé de Saint-Apollinaire au terme d’une troisième journée de recherches. Photo d'archives

Un manque d’effectifs flagrant

À peine six marcheurs spécialisés en recherches terrain ont été mobilisés à Saint-Apollinaire par la SQ durant la journée du 9 juillet, tandis qu’un septième s’est ajouté le lendemain.

Ce manque d’effectifs a évidemment minimisé les chances des autorités de retrouver les fillettes en vie.

De plus, ce déficit en policiers spécialisés en recherche a forcé des agents à prendre des tâches de gestion qu’ils n’auraient normalement pas occupées.

« Tout ce qui était analyse, fixer les priorités, avoir le recul nécessaire, oubliez ça, moi je ne l’ai pas. [...] Ça va trop vite », a insisté lors de son témoignage le sergent Martin Bonneau, disant être « embarqué dans une “formule 1” qui roulait 300 km/h ». 

Les recherches déplacées 

Les recherches du 10 juillet 2020 près de la rue Veilleux.
Les recherches du 10 juillet 2020 près de la rue Veilleux. Photo d’archives, Diane Tremblay

Autre décision largement remise en question : le déplacement des recherches le matin du 10 juillet à 8 km d’une trace de pas trouvée la veille, une décision « qui n’avait aucun sens » selon un policier d’expérience qui a pris sa retraite après l’opération Carpentier.

« La théorie veut qu’on reparte toujours du dernier point connu et là, on l’avait le point, c’est la trace », a témoigné André Bernard, toujours en colère à l’issue des recherches. 

D’autres de ses collègues sont venus confirmer ses dires à propos du dernier point connu.

« Oui, logiquement, il faut partir du dernier point connu pour faire les recherches », a admis le capitaine Benoit Robert, en charge de l’enquête, ajoutant toutefois que les cris entendus sur la rue Veilleux étaient préoccupants et méritaient vérification.

Au retour à la première empreinte de pas le lendemain, d’autres traces ont été découvertes et ont mené rapidement à la découverte des corps.

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