Abus physiques sur des enfants au Québec: voici à quel point les policiers sont livrés à une course contre la montre
Un nouveau projet émerge à Laval pour accélérer le traitement des signalements et le déclenchement d’enquêtes policières


Laurent Lavoie
Les corps policiers tentent de mieux protéger les enfants victimes de violence en recrutant plus d’enquêteurs et en accélérant l’analyse des signalements provenant de la protection de la jeunesse.
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«Le but, c’est vraiment d’être plus efficace, plus fluide dans le traitement des dossiers», lance Audrey Simard, inspectrice à la division des crimes sexuels du Service de police de Laval (SPL).
Depuis peu, des représentants du SPL, de la Couronne et de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) se réunissent quotidiennement pour faire le point sur des signalements. Les plus prioritaires seront assignés à un enquêteur dans l’immédiat.

«Avant, c’était transmis par fax. Oui, par fax, s’étonne encore Audrey Simard. S’il y avait une urgence, les intervenants s’appelaient à la pièce. Ça faisait en sorte qu’il y avait beaucoup d’aller-retour entre les intervenants.»
Ce changement d’approche découle d’un projet chapeauté par le CISSS de Laval, qui vise à créer un centre d’expertise régional à l’enfance et à la famille.
Éventuellement, des organismes d’aide aux victimes, des intervenants sociaux et des policiers cohabiteront sous un même toit.

L’établissement, dont l’emplacement n’a pas été dévoilé, sera aménagé afin qu’il soit moins «intimidant» pour les enfants qui, malgré leur jeune âge, se retrouvent à devoir faire des déclarations aux forces de l’ordre.
«On voulait se doter d’un endroit unique pour éviter la revictimisation et éviter que ça puisse réanimer certains traumas», explique le patron de la DPJ de Laval, Jean-François Payette.
Plus de ressources
Pendant ce temps, au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), l’équipe spécialisée en abus physiques et décès d’enfants veille à répondre à un nombre grandissant de dossiers à traiter.
Deux nouveaux enquêteurs feront leur arrivée à la fin avril, pour un total de 12. Un ajout qui serait significatif.

«Quand ça déborde, on a de l’aide nos autres unités [d’enquête], mais il reste que c’est une demande qu’on faisait depuis longtemps, souligne Simon-Luc Tanguay, commandant à la section des agressions sexuelles. On a besoin de pouvoir réagir tout de suite.»
Il faut savoir qu’à Montréal seulement, au moins 500 enfants sont interrogés chaque année, puisqu’ils pourraient avoir été victimes d'un acte criminel.
«C’est énorme», convient Mélanie Provencher, lieutenante-détective de l’unité spécialisée, rappelant que ses troupes sont souvent habitées par l’urgence d’intervenir auprès des victimes.
«C’est [de trouver] ce qui va être le mieux pour l’enfant», comme un nouveau milieu de vie ou de l’aide psychologique, insiste Mélanie Provencher.
Pas toujours la solution
Les policiers tentent du même coup de s’adapter aux tendances qui se dessinent sous leurs yeux.
Par exemple, à l’heure actuelle, davantage de grosses fratries subiraient de la violence, surtout dans certaines communautés culturelles, indique le SPVM.
Un programme pourrait ainsi voir le jour afin de conscientiser les nouveaux arrivants, qui ne sont pas toujours au fait des règles établies au Québec.
«On veut travailler en prévention parce que la judiciarisation n’est pas toujours la solution», dit le commandant Tanguay.
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