Abus physiques sur des enfants au Québec: les générations à venir marquées par de profonds traumatismes?
«Un enfant, ça apprend à devenir violent», a rappelé la conférencière Nancy Audet


Laurent Lavoie
L’apparente montée de la violence sur de petites victimes pourrait infliger de profonds traumatismes aux générations à venir, préviennent des expertes.
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«Un enfant, ça apprend à devenir violent. Visiblement, on est dans un contexte où pour plusieurs enfants on n’arrive pas à briser le cycle de violence», souligne l’ambassadrice du Regroupement des fondations pour la protection de la jeunesse du Québec, Nancy Audet.
La journaliste sert cette mise en garde face à l’explosion des accusations criminelles liées à des abus physiques sur des enfants à travers le Québec dans les dernières années.
Si certains font preuve d’une grande résilience en grandissant, d’autres auront des symptômes de stress post-traumatique, mentionne au Journal la pédopsychiatre Cécile Rousseau.

Marqués au fer rouge
À cela s’ajoutent des troubles de régulation émotionnelle ou encore des problèmes d’estime de soi.
«Ce sont des enfants qui sont très souffrants et qui ont du mal à s’intégrer à la société, qui ont du mal à ne pas répéter des patterns relationnels difficiles», précise la Dre Rousseau, dont les recherches portent sur les déterminants de la radicalisation violente.
La longue liste de conséquences ne s’arrête pas là.
Julie Cailliau, directrice de l’Observatoire des tout-petits, pointe que les bambins baignant dans la pauvreté et la maltraitance peuvent être poussés vers le décrochage scolaire, l’abus de substances et les idées suicidaires.
«Si on se rappelle à quel point il est difficile de se loger, à quel point le prix des aliments a augmenté, on a peut-être des éléments» qui expliquent la tendance actuelle, ajoute-t-elle.
«Extrêmement préoccupant»
À travers ses conférences dans la province, Nancy Audet rencontre des jeunes qui risquent d’être éventuellement aux prises avec ces séquelles.
«Je vois leur état physique, leur état mental, c’est extrêmement préoccupant», souligne-t-elle.
«Je n’ai jamais vu une aussi grande fragilité depuis que j’ai commencé à militer pour le droit des enfants, indique l’autrice, qui a raconté le calvaire qu’elle a vécu dans sa jeunesse dans le livre Plus jamais la honte: le parcours improbable d’une petite poquée.
Et tout ça se déroule devant une absence de «volonté politique» et d’«urgence d’agir», même après une histoire comme celle de la fillette de Granby, en 2019, qui avait choqué le Québec, dénonce Mme Audet.
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