Publicité
L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Détecteurs de CO2 à l'école: 5% des classes ont une mauvaise qualité de l’air

Des experts mettent en doute la fiabilité de ces résultats

Partager
Photo portrait de Daphnée  Dion-Viens

Daphnée Dion-Viens

2022-02-23T16:12:49Z
Partager

La qualité de l’air est bonne dans 95 % des écoles québécoises, selon un premier bilan rendu public par Québec, mais plus de 2000 classes ont affiché un taux de dioxyde de carbone hebdomadaire plus élevé que le seuil acceptable.  

• À lire aussi: Une facture d’un demi-milliard pour la qualité de l’air de nos écoles 

• À lire aussi: Norme de nickel: accueil très mitigé dans la capitale

Des experts émettent toutefois des réserves sur la fiabilité de ces résultats, alors que des syndicats d’enseignants les jugent «inacceptables». 

Présentement, environ 73 % des classes sont munies d’un lecteur qui permet de mesurer le taux de dioxyde de carbone dans le local. Plus le taux de C02 est élevé, plus les risques de transmission aérienne de la COVID-19 sont grands, en raison d’une ventilation déficiente.  

Selon les mesures recueillies par ces appareils pour chacune des quatre dernières semaines, moins de 5 % des classes ont une «concentration moyenne hebdomadaire» supérieure à 1500 parties par million (ppm), qui est le seuil jugé acceptable par les autorités provinciales.  

Ce seuil ne fait toutefois pas l’unanimité. En France par exemple, où certaines classes sont aussi munies de ces appareils, les élèves doivent quitter le local pour permettre de le ventiler adéquatement chaque fois que le taux de C02 dépasse les 800 ppm, de façon ponctuelle. 

Publicité

Au Québec, on compile plutôt les données selon une moyenne hebdomadaire (voir plus bas).  

Or il faut plutôt tenir compte des données en temps réel puisque «le risque d’infection est directement lié au taux de C02 à l’instant où on est dans le local», affirme Nancy Delagrave, physicienne et membre du collectif COVID-STOP.  

  • Écoutez l'entrevue de Patrick Déry avec Nancy Delagrave, Physicienne et coordonnatrice scientifique pour le Collectif COVID-STOP sur QUB radio :   

Données préliminaires

Il s’agit par ailleurs de données «préliminaires», indique le ministère, qui s’est de son côté réjoui de ce portrait «encourageant».  

Or les données ont été recueillies du lundi au vendredi, entre 8 h et 16 h. Les «outils d’analyse» ne permettent pas pour l’instant d’exclure de ce bilan les périodes où les élèves sont absents de la classe (lors des journées pédagogiques, des heures de dîner ou de récréation ou des cours d’éducation physique, par exemple). 

«Ça ne fait pas de sens. Normalement, on doit tenir compte des périodes d’occupation normale du local», affirme Maximilien Debia, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal. 

Même son de cloche de la part de la Fédération autonome de l’enseignement, qui estime que ce «rapport incomplet» vise à «camoufler la réalité». «Ce n’est pas sérieux», a affirmé son président, Sylvain Mallette. 

Publicité

Des données excluant les périodes d’absence des élèves seront éventuellement disponibles, mais l’impact sur les données actuelles sera «négligeable», indique-t-on au ministère. 

La Centrale des syndicats du Québec déplore de son côté que les données soient incomplètes, puisque près de 30 % des classes n’ont toujours pas de lecteurs de C02 fonctionnels, alors que le port du masque ne sera plus obligatoire en classe à partir du 7 mars. 

Correctifs à venir

À la lumière de ces résultats, des correctifs sont apportés en priorité dans les classes où les moyennes hebdomadaires de C02 dépassent les 2000 ppm, indique pour sa part Caroline Imbeau, sous-ministre adjointe au ministère de l’Éducation. «Notre force de frappe est concentrée sur ces locaux», affirme-t-elle. 

«Plusieurs mois» pourraient toutefois s’écouler avant que la situation ne puisse être corrigée dans tous les locaux, selon l’ampleur des travaux à effectuer, précise-t-elle. 

De leur côté, les centres de services scolaires et les écoles privées devraient rendre publiques leurs propres données sur les mesures de C02 dans leurs locaux à partir de la mi-mars.  

Le ministère de l’Éducation diffusera quant à lui une mise à jour du bilan provincial «à intervalles réguliers». 

Le dévoilement de ces données était réclamé depuis déjà plusieurs semaines par les syndicats d’enseignants, qui ont accusé Québec de manquer de transparence à ce chapitre. 

Avec la collaboration de Nicolas Lachance

La qualité de l’air dans les écoles québécoises         

Proportion des classes selon leur concentration moyenne hebdomadaire de C02 

SEMAINE DU 14 FÉVRIER  

  • Moins de 1000 ppm : 74%   
  • Entre 1000 et 1500 ppm : 22,5%   
  • Entre 1500 ppm et 2000 ppm : 3,1%   
  • Au-delà de 2000 ppm : 0,4%    

SEMAINE DU 31 JANVIER (taux de C02 les plus élevés parmi les quatre semaines analysées)    

  • Moins de 1000 ppm : 66,2%   
  • Entre 1000 et 1500 ppm : 29,2%   
  • Entre 1500 ppm et 2000 ppm : 4,1%   
  • Au-delà de 2000 ppm : 0,5%    

Source : ministère de l’Éducation

À VOIR AUSSI          

Publicité
Publicité