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4 choses à ne pas dire à quelqu'un d'une autre culture durant les Fêtes

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Photo portrait de Anne-Lovely Etienne

Anne-Lovely Etienne

2023-12-14T19:42:44Z
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BILLET - Au Québec, il y a de plus en plus de couples mixtes. La période des Fêtes est une belle occasion pour échanger et rencontrer de nouvelles personnes, mais en prévision des rassemblements, je ressens encore malheureusement en 2023 la pertinence d'expliquer pourquoi certains propos sont blessants. Ce billet pourra vous aider à éviter une gaffe auprès de la nouvelle blonde de votre cousin - ou vous pouvez l'envoyer subtilement à quelqu'un qui aurait besoin d'une petite leçon de tact...

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Dans le film Devine qui vient dîner?, on suit l'histoire d'amour entre une jeune femme nommée Joanna Drayton et son fiancé le docteur John Prentice, qu'elle compte présenter à ses parents. Le problème: elle oublie de leur annoncer qu’il est Noir. 

Le film, réalisé en 1967, est le théâtre de malaises et de maladresses et explore avec brio le contexte social et la méfiance qui découle de la majorité blanche de l’époque envers la communauté afro-américaine. Toutefois, malgré les différences, l’amour l’emporte! 

Plus de 50 ans se sont écoulés depuis la sortie du film, mais comme femme issue d’une minorité visible, il m'arrive encore de devoir corriger le tir sur des commentaires inappropriés, et ce, même dans un contexte familial à Noël... (je vous rappelle que je suis mariée à un Italien).

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4 commentaires ou maladresses à éviter

Si vous avez la volonté d'être bienveillant et accueillant avec les gens issus d'une minorité durant les Fêtes, voici quatre commentaires ou maladresses à éviter.

1. «Tu parles donc ben français!»

«Tu parles donc bien français» se veut souvent un compliment, mais il cache un propos discriminatoire ou empreint de préjugés, dans l’optique où il présume qu'il est surprenant que des personnes issues de minorités visibles ou des immigrants seraient incapables de bien s’exprimer dans la langue de Molliere.

Premièrement, le français est parlé dans des tas de pays à travers le monde, et le Québec sélectionne davantage des immigrants qui maîtrisent déjà la langue française, tant à l’écrit qu’à l’oral. 

Un immigrant qui parle bien français n'est pas un phénomène rare: une étude récente de Statistique Canada démontre que «80,5% des immigrants vivant au Québec ont déclaré pouvoir soutenir une conversation en français». 

Bien sûr, si vous savez que la personne est actuellement dans un processus d'apprentissage de la langue française et que vous voulez la complimenter sur ses avancées, c'est différent. 

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2. «Je peux toucher à tes cheveux?» est une micro-agression

Comme l’explique bien Réda Saoui dans les capsules vidéo en ligne de «Briser le code» à Télé-Québec, les micro-agressions sont des mots ou des affirmations qui ne partent généralement pas de mauvaises intentions, mais qui peuvent tout de même heurter une personne racisée. 

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Par exemple, de demander à une personne noire de toucher à ses cheveux renvoie au fait que ses cheveux sont un attrait singulier ou étrange, comme une caractéristique d'un animal sauvage que l’on observe dans un zoo. 

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La majorité blanche croit peut-être que des cheveux sont un attrait anodin ou qu'il est flatteur de se faire dire cela, mais dans les faits, pour la communauté noire, il s’agit d’un symbole fort de traumas historiques et sociaux, mais aussi de protestation et d’égalité. 

Posez-vous la question: est-ce déjà arrivé qu’une personne racisée vous demande de toucher à votre chevelure? 

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3. «Je ne suis pas raciste, mais...» ou «J’ai rien contre vous, mais...» ou encore «J’ai un ami noir», c'est non

MALAISE! Ces énoncés annoncent fréquemment une forme d’explication de la part d’une personne blanche à une personne racisée abordant l’enjeu du racisme. C’est aussi annonciateur de l’envie d’une personne blanche de définir ou de discuter de l’inégalité sans nécessairement l’avoir vécu. 

Vous savez, le genre de propos comme: «je ne suis pas raciste, mais je vous trouve trop intense avec le profilage racial parce que tout le monde s’est déjà fait arrêter par la police...» 

C’est ce qu’on appelle le whitesplaining, et à mon grand désarroi, il est encore fréquent (on n’a qu’à lire plusieurs chroniques des médias québécois pour le constater).

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Parfois, ça sert aussi à se dédouaner de propos choquants, comme: «Je ne suis pas raciste, tu sais. J’ai même un ami noir qui est ben correct, mais comme propriétaire, je préfère ne pas louer aux immigrants parce qu’ils font trop d’enfants...» 

4. «Tu parles haïtien?» (renseignez-vous d'avance!)

La moindre des choses est, selon moi, de vous renseigner minimalement sur la culture de la personne que vous accueillez chez vous. 

Une question comme «Tu parles haïtien?» peuvent paraître comme une manifestation d'intérêt, mais elles démontrent le degré d'intérêt qui est réellement porté à la culture de la personne qu'on reçoit. Parce qu'on ne parle pas haïtien, en Haïti, on parle le créole! Comme on ne parle pas cubain à Cuba, on parle espagnol. Bref, vous avez compris. 

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Un Canada de plus en plus mixte

Dans un Canada où les couples mixtes sont en recrudescence, (en 2011, Statistique Canada recensait 4,6% de couples mixtes comparativement à 2,6% en 1991), n’oubliez pas que l’appréciation culturelle peut faire toute la différence. 

La culture sous toutes ses formes est vectrice de rassemblements: musicale, littéraire, sportive, gastronomique ou encore traditionnelle.

Je ne connais pas un Haïtien d’origine qui ne s’est pas pris d’affection pour un joueur des Canadiens ou qui n'apprécie pas une bonne poutine, comme je ne connais pas de Québécois blanc qui n’admire pas l’histoire de résilience de l’écrivaine Kim Thúy, ou encore qui ne se délecte pas d’un bon shish taouk

C’est de ça qu’il faut se rappeler au sein de la mixité. 

Joyeuses Fêtes! 

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