J'ai été voir le fameux remake de La petite sirène avec mes nièces


Anne-Lovely Etienne
BILLET - Vendredi, 26 mai. Cinéma Quartier Latin. Mes deux nièces de 13 et 16 ans m’accompagnent à la première du film La petite sirène. Et pour tout vous dire, nous en sommes sorties toutes les trois émerveillées.
Rappelons qu’avant même la sortie du film, celui-ci avait fait couler beaucoup d’encre en raison du choix d’une actrice noire pour camper le rôle d'Ariel.
D’un côté, les mauvaises langues maudissaient le nouveau casting de Disney qui aurait dû, selon elles, s’en tenir au film original de 1989 (en d’autres mots : que les personnages restent blancs). Le mot-clic #NotMyAriel et les messages haineux et racistes avaient déferlé sur les réseaux sociaux.
De l’autre côté, plusieurs mamans noires ont publié sur TikTok et Instagram la réaction enthousiaste et très touchante de leur enfant visionnant la petite séquence présentant Halle Bailey dans la peau de la petite sirène.
• À lire aussi: La petite sirène noire existait bien avant Ariel
Point de vue de deux Gen Z
Vendredi, le film est enfin sorti en salles au Québec.
Mes nièces Vava (Eva) et Juju (Julianie) m’ont fait remarquer deux choses que je n’aurais jamais captées avec mes yeux de milléniale.
D’abord, le style de coiffure de la petite sirène.
Tout bonnement, Vava, qui a les cheveux très bouclés, me mentionne : «C’est vraiment nice que la petite sirène rock des locs et que ça bouge comme dans l'eau comme ça. Wow!»

Elle ajoute : «Un jour, je me les ferai comme ça moi aussi.» Et moi de répondre : «Tellement, moi aussi!»
J'ai eu une sorte d’illumination. Aucune autre princesse de Disney n’avait arboré de coiffure afro (tresses, dreads, locs...) auparavant. À l'époque, les princesses n’avaient que des cheveux droits comme Blanche-Neige, Belle ou encore Cendrillon. Et c’est vrai que la chevelure de la nouvelle Ariel est magnifique.
Juju s’est attardée à l'enjeu de l'environnement, qui a été mentionné par le roi Triton, accusant, dans un élan de colère, les êtres humains d’être ignobles et dangereux pour la nature.
Elle m’a juste lancé : «C’est vrai tati qu’il y a beaucoup de plastique dans l’eau. Ce n’est pas cool.»
L’environnement n’est pas un enjeu qui avait été relevé dans le film original et je trouve ingénieux de la part de l’équipe de Disney de l’avoir fait. On sensibilise les téléspectateurs sans nécessairement leur faire la morale.
• À lire aussi: Vous voulez essayer Ozempic pour perdre du poids? Attendez un instant
Point de vue d’une Milléniale
Bon, à mon tour, maintenant.
En quelques mots : j’ai retrouvé mon cœur d’enfant. La petite fille que je fus jadis a rejailli sur le banc de cinéma pendant les deux heures et quart que dure le film. L’aventure de la fougueuse Ariel et la faune de l’océan colorée recréée par les finesses de la technologie live-action m’ont ébahie, du début jusqu’à la fin.

D’ailleurs, l’effroyable tempête qui met en péril la vie du prince Éric semblait si réelle à l'écran que je n’ai pu m’empêcher de lâcher un petit cri, sous le regard hébété des deux ados assises à mes côtés.
Autre point incontournable : la diversité sous toutes ses formes était au rendez-vous et ce fut franchement rafraîchissant. Pas seulement pour Ariel, mais pour le reste des personnages du film, comme les autres sirènes du royaume de l'océan, la cruelle Ursula (interprétée par l’excellente Melissa McCarthy), les sujets du royaume d'Éric, qui se situe probablement sur une île fictive des Caraïbes...

Oh, et pas une fois mes nièces ne m'ont posé la question : «Comment se fait-il que la mère-reine soit noire et que son fils, le prince Éric, est blanc?» Ce détail n’a jamais semblé les déranger. Et honnêtement, cela ne dérange en rien l’histoire, qui est, je le rappelle, un conte imaginaire.
Finalement, lorsque les lumières se sont allumées dans cette salle de cinéma bondée de petites filles noires et blanches et de parents souriants, j’ai eu l’inébranlable certitude qu’on a le devoir aujourd’hui de raconter à nos petits des récits qui proviennent de tous les horizons... afin qu’ils puissent devenir, un jour, ces adultes de demain prêts à l'ouverture et à la bienveillance face à la différence.
La représentativité est un enjeu important qui fut trop longtemps ignoré par les géants médiatiques comme Disney et ce remake de La petite sirène est bel et bien la preuve que ça se fait.
• À lire aussi: Pourquoi des gens en couple décident de vivre chacun de leur côté