3e lien: la Rive-Sud de Québec se sent trahie
TVA Nouvelles
Les acteurs politiques et des résidents de la rive sud de Québec sont déçus de la décision du gouvernement de laisser tomber son projet de troisième lien au profit d’un projet de transport collectif.
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«C'est une vision à court terme, le nez accoté dans la porte», clame le maire de Saint-Isidore, Clément Morin.
A une vingtaine de minutes des ponts, ses citoyens auraient, selon lui, bénéficié d'un soulagement du trafic aux heures de pointe avec un tunnel qui aurait inclus le transport routier.
«Moi honnêtement, j'aurais aimé qu'il y ait une deuxième phase, qu'on me dise qu’on va faire une première phase avec ce qu'on a, un premier tunnel, on va le mettre en transport collectif, avec l'option de le varier au besoin, puis on va continuer à travailler sur une deuxième phase en parallèle avec un deuxième tunnel, dit-il. On dirait qu'on tourne toujours en cercle dans le même rond, puis qu'on n'avance pas.»
Ce son de cloche semble unanime chez les maires de la MRC de La Nouvelle-Beauce, selon le préfet et maire de Sainte-Marie, Gaétan Vachon, qui dénonce un manque de vision du gouvernement.
«Moi, ce qui m'agace un peu, c'est que dans dix ans, s'il arrive de quoi, on sait qu'un projet de même, ça se prépare à long terme, soutient-il. Juste l'exemple du pont Champlain à Montréal: ils ont couru, mais ils n’étaient pas prêts, le pont était sur le bord de tomber. Il ne faudrait pas vivre ça ici à Québec.»
Pour certains citoyens de Sainte-Marie rencontrés par TVA Nouvelles qui ont souvent l'occasion de traverser le fleuve vers Québec, la décision de limiter le tunnel au transport en commun n'est pas la meilleure.
«Je ne suis pas sûre que les gens vont prendre leur voiture, aller dans un stationnement, puis prendre le transport en commun après», affirme une femme.
«Tu vas travailler, tu "parkes" le "trailer", les enfants à la garderie, ajoute un homme. Le monde réel, ils sont là. Je veux dire, ils ne prennent pas le transport en commun.»
Des élus pris par surprise?
Selon l'ex-maire de Québec, Régis Labeaume, les députés de la CAQ de la région paieront le prix politique d'une telle décision.
«Une trahison, normalement, les gens n'acceptent pas ça, explique-t-il. Alors, on va leur laisser faire leurs trois ans et demi, mais si j'étais eux, je les savourerais comme il faut parce que ce n'est pas sûr qu'ils vont vouloir revenir.»
Le député de Beauce-Nord, Luc Provençal, qui n'a pas caché sa déception vis-à-vis de la décision de son gouvernement, ne perçoit pas les choses de la même façon.
«Je n’ai pas énormément de citoyens qui ont eu de la grogne envers moi, dit-il. Ils sont même, je vous dirais contents de la réaction que j'ai eue, en signifiant immédiatement ma déception.»
La décision aurait pris par surprise les élus de la région qui auraient été placés devant le fait accompli, ce qui aurait causé une grogne au sein du caucus de la CAQ.
Voyez les explications dans la vidéo ci-dessus