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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

11 enfances volées: un prof de karaté qui agressait ses élèves pourrait écoper de 20 ans de détention

L’entraîneur Réal Chayer a agressé 11 élèves mineurs de son école de karaté sur une période de plus de 20 ans

Photo tirée de Facebook, Réal Chayer
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Photo portrait de Erika Aubin

Erika Aubin

2025-08-18T19:30:00Z
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Un professeur de karaté qui a «volé l’enfance» de 11 élèves en les agressant sexuellement, laissant les garçons avec de lourdes séquelles, pourrait maintenant passer les vingt prochaines années en prison pour ses crimes complètement tordus.

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«Je me suis inscrit au karaté à 7 ans pour pratiquer ce sport [...] pour finalement me faire abuser. Tu m’as abusé, tout ça est ta faute», a lancé une victime de Réal Chayer lundi, au palais de justice de Joliette.

Pendant deux décennies, le pédophile a agressé sexuellement au moins 11 adolescents, parfois aussi jeunes que 10 ans. Le professeur déchu a plaidé coupable à une soixantaine d’accusations en novembre.

Confiance des parents

Ses victimes fréquentaient toutes son école de karaté, qui avait pignon sur rue à Repentigny. Il a tissé sa toile autour d’elles. La plupart le voyaient comme un mentor, le vénéraient et lui vouaient de l’admiration. Même les parents avaient confiance en lui.

Réal Chayer dans son académie d’arts martiaux.
Réal Chayer dans son académie d’arts martiaux. Facebook

La Couronne réclame une peine «exemplaire et dissuasive» de 20 ans de détention. Au Québec, peu de délinquants sexuels ont écopé d’une sentence de telle ampleur.

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La défense a plutôt proposé une sentence de 11 ans. Dans une longue tirade plutôt décousue, Chayer a justifié ses crimes par son passé difficile.

Le prédateur invitait les adolescents à sa résidence ou à son tipi, où il les faisait jouer à beer pong et à des jeux de questions-conséquences. Il profitait de ces moments pour les amadouer et les agresser sexuellement. Puis, il a acheté le silence de certains grâce à des «pactes de samouraï».

«Je me sens nul, je me sens faible de ne pas avoir su en parler», a témoigné un garçon agressé. Celui-ci a finalement dénoncé «pour être sûr qu’aucun autre enfant n’ait à vivre» les abus de Chayer.

Pour des parents de victimes, le pédophile a carrément «volé la liberté», la jeunesse et l’innocence de ces jeunes. Ils vivent aussi avec un sentiment de honte d’avoir confié leurs enfants au prédateur.

«Avant même d’avoir posé la main sur nos enfants, il a posé son regard dans le nôtre et nous a convaincus de ses bonnes intentions et de sa bienveillance», a expliqué la belle-mère d’une victime.

Un récidiviste

Les procédures judiciaires ont permis de révéler que l’homme de Saint-Lin–Laurentides avait des antécédents criminels, qu’il avait visiblement réussi à cacher. En juin 1998, il avait écopé de 90 jours de prison à purger les week-ends pour exploitation sexuelle de trois victimes.

Un garçon agressé après se demande ainsi comment Chayer a pu se retrouver à nouveau en présence d’enfants sans que les autorités interviennent. Rappelons que le pédophile a ouvert son académie d’arts martiaux Drakshido en avril 2000, avant même la fin de sa probation de deux ans.

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«Il a su parfaitement jouer son jeu pour déjouer tout le monde et assouvir ses désirs désaxés», a-t-il déploré.

Dans une rare procédure, la Couronne souhaite aussi saisir le domicile de Chayer en tant que bien infractionnel. Le pédophile s’y oppose.

La résidence de Réal Chayer, à Saint-Lin–Laurentides, où il attirait ses victimes mineures.
La résidence de Réal Chayer, à Saint-Lin–Laurentides, où il attirait ses victimes mineures. Ben Pelosse / JdeM

«La maison servait à appâter les victimes, à commettre les infractions, et à le faire à l’abri du regard des parents contrairement à l’école de karaté où ils pouvaient venir», a fait valoir Me Marie-Ève Sasseville, procureure de la Couronne.

Le juge François Landry rendra sa décision en octobre.

Ce qu’ils ont dit

«Mon ami, mon mentor, mon prof de karaté, celui qui m’encourageait à dépasser mes limites. Celui qui recevait mes confidences, j’avais beaucoup de plaisir avec lui. À l’aube de mes 30 ans, j’ai réalisé toute l’ampleur des abus.» – Une victime
«Réal Chayer m’a complètement volé les mémoires de mon enfance et d’une partie de mon adolescence. Je suis presque incapable de me remémorer quoi que ce soit avant l’agression. Mon mécanisme de défense a été celui d’oublier tellement fort, au point de penser que ce n’est jamais arrivé.» – Une autre victime
«Je portais une attention sérieuse à surveiller tous les cours quand [mon fils] a commencé à 7-8 ans. En tant que père protecteur, je tenais à avoir confiance avant de le laisser faire son karaté librement. J’ai attendu plusieurs années avant de baisser la garde. Je me suis trompé, et j’en suis profondément triste. J’ai honte.» – Le père d’une victime
«Les victimes ne peuvent pas croire que cet individu est déjà passé à travers le système, qu’il a déjà reçu une peine et qu’il [a récidivé]. Elles ont envie d’être entendues, que le système se tienne et envoie le message que ses crimes sont inacceptables et vont être punis sévèrement.» – Me Marie-Ève Sasseville, procureure de la Couronne
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