11 victimes: le prof de karaté établissait un lien de confiance avant d’agresser sexuellement ses élèves mineurs
L’entraîneur Réal Chayer a sévi sur une période de plus de 20 ans


Erika Aubin
Un professeur de karaté complètement tordu a reconnu avoir profité de la confiance d’élèves mineurs pour les attirer à son domicile afin de les agresser sexuellement. Pendant vingt ans, le récidiviste a fait 11 nouvelles victimes.
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«Je ne peux pas croire que ça se soit passé aussi longtemps et avec autant de jeunes. Personne ne l’a arrêté avant, ça n’a pas de sens», laisse tomber la belle-mère de deux adolescents agressés par Réal Chayer.
Dans le box des accusés, le professeur déchu a plaidé coupable vendredi à une soixantaine d’accusations pour une panoplie de crimes sexuels. La lecture des faits a donné froid dans le dos à des victimes, qui tenaient à être présentes à l’audience. Leur identité est protégée par une ordonnance de la cour.
Pendant 20 ans, Chayer a agressé sexuellement au moins 11 adolescents, parfois aussi jeunes que 10 ans. Ceux-ci fréquentaient tous son école de karaté, qui avait pignon sur rue à Repentigny.

La plupart mettaient l’entraîneur sur un piédestal, le voyaient comme un mentor et avaient développé une relation de confiance avec lui. Il était exigeant et strict. Selon un garçon, meilleur il était au karaté, plus son professeur se concentrait sur lui.
Un pacte de confiance
Chayer a plutôt profité de cette confiance pour assouvir ses bas instincts. Au fil des ans, il invitait les adolescents à sa résidence ou à son tipi, où il les faisait jouer au beer-pong et à des jeux de questions-conséquences.
Avec ce stratagème, il amenait les adolescents à enlever des vêtements, à le masser et à faire toutes sortes de pratiques sexuelles. Parfois, il leur donnait alcool et drogue, dont de l’ecstasy.
L’homme de 60 ans a fait visionner à certains de la pornographie, qui impliquait à l’occasion des animaux. Il a même agressé sexuellement plusieurs jeunes en même temps.
Il a aussi fait faire à des victimes un pacte du samouraï, qui «consistait à se dire que nous sommes amis pour la vie et qu’on doit se faire confiance».
Les autorités ont retrouvé chez lui 20 photos de jeunes hommes nus non identifiés.
Réal Chayer avait même le tour pour amadouer les parents, selon la belle-mère qui s’est confiée au Journal. «On y allait, à l’école, on jasait avec lui, on était impliqué. Ça faisait partie de son stratagème de nous mettre de son côté. Nos gars savaient qu’on avait confiance en lui», a-t-elle déploré.
Un récidiviste
L’homme de Saint-Lin–Laurentides avait déjà des antécédents en semblables matières, qu’il a visiblement réussi à cacher. En juin 1998, il avait écopé de 90 jours de prison à purger les week-ends pour exploitation sexuelle.
Des parents se demandent comment il a pu ouvrir en avril 2000 son académie d’arts martiaux Drakshido, avant même la fin de sa probation de deux ans. La mère de la victime à l’époque avait d’ailleurs tenté d’avertir les autorités.
«Quand j’y repense avec le recul, il y a des jeunes qui avaient atteint la ceinture noire et que du jour au lendemain, on ne voyait plus. Ça fait partie des signes qu’on aurait dû voir», souligne la belle-mère.
Le juge a tenu à rappeler aux victimes que rien n’était leur faute: «Vous avez été abusé par une personne en autorité.»
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