«J’ai réalisé que c’est ici que je suis bien»: un jeune homme qui a perdu sa mère dans le déraillement fait la paix avec Mégantic
Le jeune homme de 25 ans est revenu faire sa vie dans son patelin natal


Valérie Gonthier
Même s’il s’était promis de ne plus y vivre après l’explosion d’un train qui a tué sa mère alors qu’il n’avait que 15 ans, un orphelin a fait la paix avec Lac-Mégantic et a depuis peu choisi d’y faire sa vie.
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«Après la tragédie, je m’étais dit que c’était sûr que je ne vivrais plus ici... Mais j’ai quitté Lac-Mégantic quelques années, et j’ai réalisé que c’est ici que je suis bien», lance Tristan Lecours.
Le soir fatidique du 6 juillet 2013, sa mère Marie-Noëlle Faucher célébrait au Musi-Café, lorsqu’un train a déraillé et détruit le centre-ville de Lac-Mégantic. Son père est décédé six mois avant le drame, ainsi, à l'âge de 15 ans, Tristan est devenu orphelin.
Il s’est aussi retrouvé sans toit, n’ayant pas eu accès à la résidence familiale pendant deux mois, en raison du large périmètre de sécurité érigé après l’explosion. Il a été accueilli par la famille de sa tante, la sœur de sa mère, à Lac-Drolet, à une vingtaine de kilomètres de Lac-Mégantic. Cela lui a permis de poursuivre ses études à la même école, et ainsi garder son réseau d’amis, et de continuer à jouer au hockey, sa passion.

Changer d'air
Une fois son secondaire terminé, il a eu besoin de changer d’air et s’est envolé pour l’Europe.
«Je suis parti en échange étudiant un an en Finlande. Je suis allé à l’école et joué au hockey», raconte-t-il.
Il croit que sa mère aurait été fière de cette initiative. Mère monoparentale, elle n’avait jamais eu l’occasion de voyager. À son retour de voyage, il s’est installé à Sherbrooke, pour poursuivre ses études collégiales. Il y a complété une technique en éducation spécialisée.
Et c’est son métier qui l’a ramené dans son patelin natal. Il a en effet décroché un emploi d’éducateur spécialisé à la polyvalente de Lac-Mégantic... là même où il étudiait en 2013. Plus encore, il travaille aux côtés de l’éducateur qui lui est venu en aide après la mort de sa mère.

Faire une différence
«À l’époque, en raison de mon déménagement chez ma tante, je ne pouvais plus aller au hockey, j’étais désemparé et il m’avait aidé à régler ce problème. Il n’a fait que trois ou quatre interventions, je n’avais rien demandé, mais il était venu m’aider et il a rendu ma vie plus facile dans ces moments difficiles», explique Tristan.
Lorsqu’il a débuté son emploi à la polyvalente, il a tenu à s’adresser à son nouveau collègue pour lui dire qu’il avait fait une différence à l’époque et que cela l’a inspiré à faire ce métier.
«Ça fait du bien aujourd’hui de soutenir à mon tour des jeunes qui pourraient avoir besoin d’aide», affirme-t-il.
En plus d’y travailler, Tristan a choisi de faire sa vie à Lac-Mégantic et d’y acheter une propriété.
«Ça aurait été super de vivre proche de ma mère. J’aurais pu prendre une petite coupe de vin avec elle, elle aurait pu voir l’adulte que je suis devenu, rencontrer ma copine», se désole le jeune homme de 25 ans.