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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Yannick Laurent, le joyau qui a échappé au CF Montréal

PHOTO COURTOISIE / FC VIZELA
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Photo portrait de Félix  Desjardins

Félix Desjardins

2022-10-18T14:46:08Z
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Le 31 mai 2021, Yannick Laurent mettait un terme à son association de plus de cinq ans avec l’Académie du CF Montréal. Un peu plus d’une année plus tard, le jeune milieu de terrain est devenu le seul joueur né dans la Belle Province à évoluer au sein d’une première division européenne.

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Âgé de 21 ans, Laurent avait emprunté des sentiers battus toute sa vie. Membre de clubs de soccer locaux, dont l’Union Lanaudière Nord et l’AS Blainville, il est rapidement tombé dans l'œil du Centre national de haute performance... et du onze montréalais.

Après un passage qu’il juge tout de même fructueux au sein de l’école du Bleu-Blanc-Noir, Laurent a réalisé que la porte du grand club n’allait jamais lui être ouverte. Son pari audacieux a rapporté: il est aujourd’hui membre du FC Vizela, l’une des 18 équipes figurant dans la meilleure ligue de soccer du Portugal.

Même s’il est conscient que rien n’est joué dans sa carrière, Laurent se permet de prendre un pas de recul et d’apprécier sa situation.

«C’est quand même impressionnant, j’imagine, de voir un Canadien sortir de nulle part et signer un contrat professionnel en Europe, lance-t-il en ricanant au bout du fil. Ç'a toujours été mon rêve, depuis que je suis jeune, de jouer en Europe.»

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Un manque de communication

Avant de sauter à pieds joints dans cette aventure européenne, rendue possible grâce à son passage dans un programme de soccer pour jeunes Québécois au Portugal, Laurent a longtemps hésité.

Après tout, tous les astres semblaient alignés pour que le créatif numéro 8 ait un jour la chance d'évoluer en Major League Soccer.

«J'ai été capitaine de chacune des équipes que j'ai faites à l'Académie, raconte-t-il. Tout s'est vraiment bien passé. La philosophie de l'Académie, c'était de faire le parcours au complet. Puis, dans les dernières années, c'est là que les plus vieux ont la chance de se faire voir auprès de l'équipe première.»

«Dans mes dernières années, à l'époque, Rémi Garde était en charge de l'Académie. J'ai eu la chance, pendant un bon trois ou quatre mois, de m'entraîner vraiment régulièrement avec lui. C'était une vraiment belle expérience pour moi. Je n'ai que du positif à dire de cette période-là.»

Fidèle envers l’organisation montréalaise, Laurent n’a pas daigné engager des pourparlers avec d’autres clubs. Il a notamment entendu à travers les branches que le gigantesque Manchester United et des équipes de deuxième division française l’avaient dans leur mire.

Ç’a donc été d’autant plus douloureux quand Laurent a frappé un mur avec le Bleu-Blanc-Noir. Selon sa version des faits, le congédiement de Garde, en août 2019, et le remodelage de l’état-major a eu un impact sur la philosophie du club.

«Malheureusement, les jeunes de mon âge, la génération 2001, ont un peu écopé, estime-t-il. Il y a des plus jeunes, directement, qui ont signé. Avec la pandémie et tout ça, on a été entre deux, on pourrait dire. C’est là que j’ai compris que je n’étais plus dans les plans de l’équipe première.»

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Dans l’effectif du CF Montréal, seul le gardien Jonathan Sirois - prêté au Valor FC dans la Premier League canadienne - est né en 2001 parmi les joueurs développés à l’Académie. L’année 2002 est aussi représentée par un seul joueur (Sean Rea), tandis qu’on compte cinq joueurs nés en 2003 ou en 2004.

L’organisation montréalaise n’a pas donné suite à la demande de l’Agence QMI de nommer les raisons qui expliquent ces années de vaches maigres.

«Je n'ai jamais eu de communication claire, conclut Laurent. C'était une nouvelle philosophie, une nouvelle façon de voir. Il n'est pas question de juger cela, mais c'est vraiment dommage, parce que ç'a été difficile pour moi, sachant que c'est le club où j'ai toujours voulu démarrer ma carrière professionnelle. C'est mon club de cœur. Représenter ma ville, ç'a toujours été un rêve pour moi.»

Le beau projet de Vizela

La route a été sinueuse avant que Yannick Laurent ne signe un contrat d’un an avec le FC Vizela. Mais il n’en regrette pas un seul moment.

À court d’options après avoir quitté l’Académie du CF Montréal, le milieu de terrain québécois s’est fait tendre une perche par son ex-entraîneur Daccobert Paul. Ce dernier et son collègue Victor Hugo Pereira sont aux rênes du programme Plan B United, qui permet à des jeunes athlètes québécois de s’entraîner au Portugal.

«Le programme est basé sur des entraînements privés fournis aux jeunes tous les jours, explique Laurent au bout du fil. À travers ces entraînements privés, il y a parfois des matchs amicaux qui permettent de se faire voir par des agents et des clubs.»

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L’homme de 21 ans a trimé dur jusqu’à ce qu’il attire l’attention d’un «agent très réputé au Portugal», qui lui a ouvert la porte de Vizela.

Tout juste avant la conclusion du «mercato» estival, il apposait sa signature au bas de sa première entente professionnelle.

Toutefois, avant de participer à un premier match et d’affronter potentiellement le Sporting de Lisbonne ou les clubs de Benfica et Porto — trois équipes qui luttent en Ligue des champions —, Laurent devra prouver à ses nouveaux entraîneurs qu’il a chassé la rouille.

«Le dernier match officiel que j'ai joué remonte à 2019, avec l'Académie, explique-t-il. L'administration m'a rencontré pour me dire qu'ils mettaient beaucoup l'accent sur mon développement. J'ai l'impression, avec Vizela, que le projet est vraiment bien.»

Il a ainsi amorcé son séjour à Vizela au sein de l’équipe U23, en attendant de recevoir l’appel du grand club. Il n’est d’ailleurs pas inquiet par la possibilité de se retrouver sans contrat valide au terme de la saison.

«L'important pour moi, c'est d'essayer de gratter du temps de jeu dès cette année en première division, de me faire voir et de profiter d'une certaine visibilité.

«C'est très motivant pour moi. Ça me permet, par mes performances, d'ouvrir mes horizons et de décider ce que je veux faire.»

Laisser parler son talent

Après 36 ans en deuxième division portugaise, le FC Vizela a trimé dur pour être promu plus haut niveau, en 2021. En vertu d’une 14e place la saison suivante, le club qui évolue dans le nord du pays de Cristiano Ronaldo a réussi à éviter la relégation.

Yannick Laurent est impatient de soulever la foule du club qui a vu le jour en 1939, dans un stade de plus de 6000 personnes.

«J'ai vraiment été agréablement surpris de la qualité des partisans de Vizela. Il faut se rappeler qu'au Portugal, c'est une religion, le foot», se réjouit-il.

Le style de jeu portugais, «plus technique et rapide» que celui de la Major League Soccer, convient parfaitement à son profil de joueur, estime-t-il.

«Pour donner une idée du genre de joueur que je suis, mon but est que tous les joueurs sur le terrain touchent au ballon avant qu'on marque. J'aime vraiment être le maestro.»

Espérons que le Québécois fasse suffisamment parler ses talents de chef d’orchestre pour poursuivre son aventure européenne au-delà de 2023.

«C'est toujours le premier contrat qui est difficile à avoir, rappelle-t-il avec le panache​ qui le caractérise. Je suis vraiment confiant en mes capacités et en mes performances.»

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