Voici pourquoi on voit plus de marmottes qu’avant à Montréal


Sarah-Florence Benjamin
Si vous avez l’impression de voir des marmottes partout à Montréal, dans les parcs, les terrains vagues ou même chez vous, vous n’hallucinez pas. Il y a de plus en plus de marmottes sur l’île, mais ce n’est pas un phénomène récent. Voici pourquoi ces petites bêtes s’épanouissent particulièrement bien dans les grandes villes.
Il n’existe pas de suivi officiel des populations de marmotte au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), donc on ne peut pas calculer si elles sont plus nombreuses cette année.
Il se peut également qu’on les remarque parce qu’elles sont plus visibles à ce moment de l’année, explique Stéphane Lamoureux, biologiste au MELCCFP.
«C’est la période où les jeunes sortent et les marmottes aiment prendre des bains de soleil quand il fait beau pour réchauffer leur fourrure», précise-t-il.
Au Zoo Ecomuseum, dans l’ouest de la ville, on signale de plus en plus de marmottes, mais ça ne date pas d’hier.
«C’est en croissance depuis des décennies, ce n’est pas juste cette année», souligne Nathalie Jreidini directrice de l’éducation au zoo.
Marmottes urbaines
On pourrait croire que la jungle urbaine est hostile pour tous les animaux sauvages, mais, au contraire, certains s’y plaisent très bien. C’est le cas des marmottes.
Ces dernières ont besoin d’espaces dégagés et plats pour creuser leurs grands terriers aux nombreuses chambres et sorties. Les terres agricoles et les villes en sont un exemple parfait.
«Là où il y a plus d’humains, il y a aussi plus de nourriture», ajoute Nathalie Jreidini.
Herbivores, les marmottes raffolent des pelouses, mauvaises herbes, mais aussi des légumes dans nos jardins et des restes dans nos bacs de compost.

La ville leur offre un autre avantage : un nombre réduit de prédateurs. Dans la nature, elles sont les proies des coyotes et des oiseaux de proie, qui sont moins présents en ville, sans en être totalement absents.
Cela permet à un plus grand nombre de marmottes juvéniles d’atteindre l’âge adulte... Puis de se reproduire, et ainsi de suite. Ça finit par faire beaucoup de marmottes.
Les hivers de plus en plus doux, eux aussi, font monter le taux de survie chez les marmottes, ce qui pourrait expliquer pourquoi on a l’impression d’en voir beaucoup cette année, selon Nathalie Jreidini.
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Pas une espèce invasive
On considère les populations de marmottes comme stables et en bonne santé au Québec. C’est une espèce indigène qui a sa niche dans l’écosystème, ce n’est donc pas une espèce invasive.
«Elles mangent beaucoup d’herbe et de trèfle, que peu d’animaux urbains mangent, donc elles ne font pas beaucoup de compétition aux autres animaux. L’herbe va rapidement repousser après leur passage», assure Stéphane Lamoureux du MELCCFP.
Elles ont aussi un effet positif pour d’autres animaux de la faune urbaine, par exemple les petits amphibiens et les couleuvres qui sont incapables de se creuser un abri et empruntent souvent les terriers des marmottes.

Les apprécier... de loin
Les marmottes ne sont pas considérées comme nocives pour l’humain, elles ne sont pas un vecteur de maladies comme la rage.
Il se peut que ce soit frustrant pour certains de les voir faire des trous dans un terrain ou manger notre potager, mais «il y a moyen de cohabiter, c’est même souhaitable», rappelle Stéphane Lamoureux.
«Il faut apprendre à vivre avec elles, c’est à cause de nous qu’elles s’installent quelque part. Elles ne creusent pas pour nous embêter», ajoute Nathalie Jreidini.

Pour ne pas les attirer, il est recommandé de ne pas laisser le bac de compost ou les poubelles à leur portée et éviter généralement le gaspillage alimentaire.
Une simple clôture ne suffira pas pour protéger votre potager des tunnels sous-terrain des marmottes. Pour mettre toutes les chances de votre côté, il faut enfoncer la clôture profondément dans le sol.
La directrice de l’éducation du Zoo Ecomuseum met en garde contre le fait de nourrir ces petites bêtes, ce qui leur ferait perdre leur instinct d’éviter les humains et créerait des comportements problématiques.
«Il faut les apprécier de loin sans les apprivoiser», résume-t-elle.