Voyager avec son chien: le Québec traîne de la patte

De plus en plus d’hôtels, de commerces et de lieux publics permettent à leurs clients d’être accompagnés de leurs chiens au cours de leurs déplacements, mais le Québec traîne encore de la patte comparativement à plusieurs autres endroits où le chien est considéré comme un membre de la famille.

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«Au Québec, on est vraiment derrière [...]. En Ontario, aux États-Unis et en France, il y a une façon de penser différente. Ici, les chiens sont tolérés. Mais ailleurs, on s’excuse lorsque “nos amis les animaux” ne sont pas admis», explique Diane Angers, fondatrice et présidente de Toutourisme Québec. 

Toutourisme Québec est un concept français qui a comme objectif de faciliter le voyage des ménages avec pitou en dressant une liste des établissements où ils y sont les bienvenus.

Depuis le début de la pandémie, le nombre d’adoptions canines a fait un bond majeur, si bien que la plupart des ménages ont dorénavant un chien à la maison. Selon un sondage de l’Association des médecins vétérinaires du Québec, ce sont plus de la moitié des familles québécoises qui ont adopté un chat ou un chien. L’industrie touristique doit donc suivre le pas.

Charlène Portal a fait des dizaines d’escapades aux États-Unis et dans les autres provinces canadiennes avec son golden retriever, Wen. Elle trouve que «la différence de mentalité entre le Québec et le reste du monde est difficile à accepter».

«C’est tellement plus simple ailleurs. Sur la côte est américaine, on n’a jamais eu de problème à trouver de l’hébergement, et les restaurants nous accueillent sur leur terrasse à bras ouverts. Cape Cod, par exemple, c’est un vrai paradis canin», fait-elle valoir. 

Malgré tout, un changement s’observe au Québec et certains établissements mettent les bouchées doubles pour attirer une clientèle «amie des animaux» dans leurs hôtels.  

«On adore les animaux ici et on a comparé à ce qu’il y avait sur le marché actuellement pour offrir une expérience encore plus personnalisée à notre clientèle [...] On n’a que de bons commentaires et il n’y a eu aucun problème rapporté pour des chiens ou des chats. Les gens qui voyagent avec leur animal sont normalement habitués», rapporte Jo-Anne Sauvé-Taylor de l’Hôtel 10 de Montréal qui offre un forfait spécial pour animaux, incluant un peignoir, une serviette, un shampoing et de la nourriture.

À Québec, plusieurs hôtels, dont le Holiday Inn, offrent, depuis le début de la pandémie, la possibilité d’être accompagné de son chien. Des chambres spécifiques sont réservées pour les clients avec leur chien et un service de gardiennage est offert sur place.

Changement en cours

De nombreux pays encouragent déjà la présence de chiens dans différents lieux publics et établissements, comme le Royaume-Uni ou la France, où voyager avec son animal de compagnie est particulièrement populaire. Avec des installations adaptées, le Québec pourrait bénéficier d’une visibilité auprès d’une clientèle nouvelle qui voyage avec ses toutous.  

«Ça s’est vraiment accentué depuis les trois dernières années, la demande est grandissante [...] À l’occasion du dernier congrès annuel de l’Association hôtellerie du Québec, un très fort pourcentage des gestionnaires hôteliers sur place étaient ouverts à l’idée d’accepter les chiens ou de développer ce service», mentionne Véronyque Tremblay, PDG de l’Association hôtellerie du Québec.

Si la demande est en hausse, plusieurs facteurs doivent encore être pris en considération, notamment l’accueil et les services offerts.

«À certains endroits, on sait qu’on sera bien accueilli avec nos animaux et qu’on aura des services adaptés. Dans d’autres, c’est simplement une case qui a été cochée, comme si on prenait une chambre fumeurs», constate Sarah Pednault, propriétaire d’un beagle qui aimerait que des critères plus uniformes soient instaurés. 

Lieux à visiter: outils variés

Réseaux sociaux, applications pour téléphones intelligents ou sites web; les outils permettant aux propriétaires de mieux voyager avec leur animal gagnent en popularité et font une grande différence pour les maîtres.

«Avec la pandémie on a vu que l’adoption d’animaux de compagnie a gagné en popularité, que leur place est plus importante dans nos vies [...] Il y a beaucoup de gens qui veulent absolument voyager avec leur animal, c’est déjà le cas aux États-Unis», affirme Diane Angers, fondatrice et présidente de Toutourisme Québec.

Leur site web répertorie des hôtels, des services vétérinaires, des activités à pratiquer avec son chien et même une liste des commerces où les chiens sont acceptés. Le concept, popularisé en France en 2007, a comme objectif de faciliter les déplacements des voyageurs qui désirent amener avec eux leur fidèle compagnon en dressant une liste des endroits où ils sont admis.

Une panoplie d’applications

À travers le monde, plusieurs applications comme Bring Fido, Dog friendly world, DogTrekker, Let my Dog In, PetStop, Dugs n’Pubs existent pour permettent aux propriétaires d’animaux de savoir où voyager avec leur fidèle compagnon et de quelle façon. Il suffit d’écrire le lieu qu’on visite et des centaines d’options de restaurants, de parcs ou d’activités à faire avec son animal s’affichent.

Au Québec, l’application Bring Fido est particulièrement utilisée pour trouver, en quelques clics, des endroits pour les chiens comme des parcs, des restaurants et des cafés. Sur Facebook, le groupe Partout avec pitou (voyager avec son chien au Québec) a atteint plus de 47 000 membres. Les propriétaires peuvent, entre autres, y poser des questions et souligner les endroits où ils ont reçu un service particulièrement agréable et à l’inverse, les endroits à éviter. 

Ce qu’il fait savoir quand on voyage avec pitou au Québec:

HÔTELS:

– Des frais supplémentaires s’appliquent pour les chambres qui accueillent des animaux, les frais varient entre 15$ et 75$ à la discrétion de l’établissement. 

– Les hôtels qui permettent aux clients de demeurer dans leur chambre avec leur chien exigent, dans la majorité des cas, que l’animal ne soit jamais seul dans la chambre. Lorsqu’on se promène avec son chien, il doit toujours être en laisse. Pour ce qui est des chats, ils doivent être transportés dans une cage.

RESTAURANTS:

– Trouver un restaurant qui accepte les animaux est complexe puisque le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) interdit la présence d’animaux «dans tout lieu où se fait la préparation ou la détention d’aliments en vue de la vente» ce qui inclut les terrasses et les restaurants.

– Certains propriétaires de restaurants décident d’ignorer ce règlement et permettent tout de même la présence de chiens sur leurs terrasses ainsi que dans leurs établissements. 

TRANSPORTS:

– Plusieurs compagnies de taxis permettent aux propriétaires de voyager avec leur chien. Le métro de Montréal permet aussi aux chiens en laisse et munis d’une muselière d’avoir accès au service depuis octobre 2022. 

– Pour ce qui est du train, il est possible de voyager avec son chat ou son chien à condition qu’il soit suffisamment petit pour entrer dans une cage de transport, des frais supplémentaires s’appliqueront lors de l’achat du billet. 

– En avion, différents critères doivent être respectés afin d’amener son animal de compagnie avec soi. En cabine, les chats et les chiens de petite taille sont acceptés à bord des vols d’Air Canada. Des frais de 50$ seront appliqués pour les vols au Canada et aux Étas-Unis, alors que des frais de 100$ seront appliqués pour les vols internationaux.

AUTRES:

– Dans le Grand Montréal, la Place Versailles et le Quartier DIX30 autorisent la présence des chiens. Les commerçants ont la liberté d’accepter ou de refuser les chiens dans leur commerce.

– Conseil pour savoir si un commerce ou un centre d’achats accueille les chiens: l’information est souvent disponible sur le site web de l’entreprise. Encore plus simple: appelez directement l’établissement.

– À noter qu’il est interdit de refuser l’accès aux chiens d’assistance et de service tant dans les restaurants que dans les transports collectifs et les établissements comme les centres commerciaux.

– Avec la collaboration de Vincent Desbiens