Votre tasse de café pourrait vous coûter plus cher à cause d’El Niño


Andrea Lubeck
Vous vous réveillez chaque matin avec une bonne tasse de café? Sachez qu’elle pourrait vous coûter plus cher à cause des aléas climatiques que le phénomène météorologique El Niño pourrait provoquer.
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Après quatre ans, les températures plus douces de La Niña feront place dès la deuxième moitié de 2023 à El Niño qui, lui, promet des températures plus chaudes.
Il pourrait fort probablement amener une hausse des aléas climatiques exacerbés par les changements climatiques, comme la sécheresse ou encore des pluies intenses, affectant certaines régions productrices de café.
Rassurez-vous: le café arabica, la variété la plus répandue, va être somme toute épargné par El Niño, puisqu’il semble avoir moins d’effets sur le Brésil et l’Éthiopie, deux des principales régions où sont produits les grains d’arabica.
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C’est plutôt le café robusta qui va en souffrir. Cette variété, plus élevée en caféine et plus corsée, est généralement utilisée pour faire le café instantané.

«Nous avons toujours supposé que le robusta était plus robuste, comme son nom l’indique, et qu’il résisterait mieux aux changements climatiques. Mais la situation qui s’annonce cette année pourrait prouver le contraire, à savoir que le robusta sera plus touché», a indiqué Chahan Yeretzian, directeur du Coffee Excellence Center à l’Université des sciences appliquées de Zurich, en entrevue avec le Washington Post.
En effet, un climat plus chaud et plus sec pourrait réduire fortement les rendements et la qualité du café, ce qui aura pour effet d’augmenter les prix du robusta. Certains producteurs ont d’ailleurs déjà haussé leurs prix, notamment en prévision des conséquences d’El Niño, rapporte Reuters.
Toutes les variétés affectées
Les changements climatiques viendront cependant rattraper dans le détour l’ensemble des variétés de café, dont l’arabica, révèle une étude publiée en mars dernier dans la revue PLOS Climate.
En effet, les aléas climatiques – comme la sécheresse et la chaleur – qui affectent directement les rendements de café sont devenus plus fréquents dans les quarante dernières années, rapporte The Guardian.
Les cultures de café sont également menacées par la hausse des températures liée au réchauffement planétaire pouvant entraîner des «chocs systémiques permanents». Pour la production d’arabica et de robusta, les températures idéales se situent respectivement entre 18 et 22°C et entre 22 et 28°C.
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Si les températures étaient généralement trop froides dans les régions productrices entre 1980 et 2020, «le climat actuel se caractérise par des conditions trop chaudes dans toutes les régions», expliquent les auteurs de l’étude.
«La grande majorité des régions productrices de café ne connaissent jamais de températures trop froides pendant la saison de croissance.»

Le passage de conditions fraîches et humides à des conditions chaudes et sèches «est, nous en sommes convaincus, le résultat du changement climatique», note l’auteur principal de l’étude, le Dr Doug Richardson, en entrevue au Guardian.
«Comme pour d’autres cultures, les mauvaises récoltes synchronisées constituent un risque systémique pour le commerce mondial du café», concluent les scientifiques.
On peut donc s’attendre à ce que les prix de toutes les variétés de café augmentent «si l’offre de café subit un choc au cours d’une année donnée» ou «s’il n’y a pas assez de café stocké des années précédentes», ajoute le Dr Richardson.
– Avec des informations du Washington Post et du Guardian