Attention, cette technique de manipulation fait des ravages dans le monde du « dating »

Ça vous est peut-être arrivé. Vous rencontrez quelqu'un en ligne ou en personne, vous commencez à vous dater et à échanger quotidiennement, et tout d'un coup... plus rien. Enfin, presque rien: plutôt que de vous ghoster complètement et de disparaître tout à fait, cet intérêt amoureux continue à regarder vos stories Instagram ou à aimer vos publications.

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On le sait: avec l'arrivée des réseaux sociaux et des applications de rencontres il y a une quinzaine d'années déjà, le monde des relations amoureuses a changé. Avec la transformation des modes de communication, de nouveaux comportements émergent et, avec eux, des termes précis qui nous permettent de donner un sens à nos expériences digitales romantiques.

Un exemple de ceux-ci: l'orbitation ou être en orbite. Le terme anglais, orbiting, s'est popularisé dans les dernières années. Il est interchangeable avec haunting (hanter) ou zombieing (faire le zombie). Très Halloween! 

Faire le zombie ou être en orbite, cela veut dire arrêter tout d'un coup la communication directe pour ensuite réapparaître sur les comptes de réseaux sociaux de celui ou celle qu'on ignore, via une vue de story Instagram, une publication aimée ou même un commentaire laissé en ligne. 

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«L'orbiting, c'est finalement de volontairement manifester qu'on est toujours là», dit Maude Lecompte, titulaire d'un doctorat en sociologie de l'UQAM qui portait sur les rencontres numériques, spécifiquement sur Tinder. «Ça fait penser à beaucoup d'autres comportements qui ont été identifiés en ligne pour garder l'intérêt de l'autre actif, mais sans se commettre ou se compromettre», dit-elle.

En agissant de cette façon, on tente donc d'éviter de perdre un intérêt amoureux, parfois dans l'optique d'en garder plusieurs à la fois - l'expression benching, qui vient du monde du sport, désigne justement cette tendance à nourrir plusieurs intérêts amoureux en même temps, pas toujours de façon transparente. 

Les médias sociaux, un terrain unique

Les plateformes sociales permettent aujourd'hui un niveau de monitorage et de surveillance qu'on ne pouvait imaginer autrefois. «Vous ne pouvez pas épier votre voisin, aller voir ce qu'il y a dans ses vidanges et le suivre partout pour voir ce qu'il fait sans que, si vous êtes repéré, ce soit considéré comme un crime, dit Lecompte. Alors qu'en ligne, tout le monde le fait dans une certaine mesure. Il n'est pas considéré comme inapproprié d'aller voir les archives Facebook de quelqu'un jusqu'en 2007.»

L'experte explique que cette nouvelle réalité permet certains comportements de manipulation qui n'auraient pas pu être adoptés avant. «Si vous n'avez pas parlé à quelqu'un depuis plusieurs mois et que vous l'appelez soudainement parce que vous voulez avoir son intérêt, il y a de fortes chances que la personne ignore votre appel», explique-t-elle. En ligne, on peut se manifester sans même que l'autre ouvre la porte - à moins d'avoir des comptes privés ou d'avoir bloqué la personne en question. 

C'est notamment ce que Lecompte recommande si on est affecté négativement par ce genre de comportement. Parfois, explique-t-elle, il y a des concours de circonstances qui peuvent expliquer pourquoi un intérêt amoureux a soudainement arrêté de répondre; et avec assez de communication, peut-être que la relation peut se résorber plus tard. Cependant, si quelqu'un fait le zombie sur une longue période tout en vous ignorant, peut-être vaut-il mieux couper complètement les ponts via un blocage complet, elle conseille.

Facilité par les applications de rencontres?

Maude Lecompte tient à rappeler que les gens ne sont pas nécessairement «plus méchants» maintenant qu'ils utilisent les applications de rencontres. Toutefois, «plus on parle avec des personnes en peu de temps, plus on est susceptible de tomber sur des personnes qui ont des comportements inappropriés, voire complètement répréhensibles.» Cela occasionne un certain cynisme chez beaucoup, qui ont l'impression de vivre trop souvent ce type d'expérience.

M^me Lecompte ajoute aussi que les personnes qui ont tendance à utiliser les applications de rencontres de façon plus ou moins immodérée sont souvent compulsives dans d'autres sphères. De plus, les applications de rencontres lient de plus en plus plusieurs plateformes sociales en permettant d'afficher ses comptes Instagram ou Spotify sur son profil, par exemple. Cela peut donc encourager ce genre de monitorage digital passif et frustrant.

Dire les choses, c'est productif

Même si personne ne désire se sentir délaissé par un intérêt amoureux qui veut quand même nous rappeler de temps en temps qu'il ou elle existe (surtout lorsqu'on publie un selfie particulièrement flatteur, hum-hum), mettre des mots sur ce comportement peut nous permettre de relativiser. 

«Ça permet de comprendre que quand ça nous arrive, on n'est pas la seule personne [qui en est victime]», dit Lecompte. Les mots comme orbiting, ghosting ou encore benching sont utiles pour désigner des types de manipulation, un large parapluie. «Ça témoigne quand même du fait que, sans dire que c'est usuel sur les applications de rencontres, c'est suffisamment fréquent pour qu'on l'ait nommé», conclut-elle. 

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