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Culture

Voici quel type de père est Éric Lapointe

Confidences sur sa relation avec ses fils

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Patrick Delisle-Crevier

2025-06-12T10:00:00Z
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C’est à son chalet au bord de l’eau, situé en campagne, à Verchères, qu’Éric Lapointe a accueilli l’équipe de La Semaine. Le rockeur se prépare à y passer un été doux avec ses deux fils, Christophe-Arthur et Édouard, âgés de 14 et 13 ans respectivement. Ceux-ci l’accompagneront dans sa grande tournée anniversaire. Entrevue avec un papa fier et en forme!

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Éric, comment vas-tu avec l’été qui s'annonce occupé?

Je vais super bien! Je suis à mon chalet, qui est ouvert depuis quelques semaines. L’été, je suis plus souvent ici qu’en ville. Mes enfants aiment bien venir ici. Il y a un piscine et on décroche complètement. On en profite pleinement en ce moment, parce que je vais avoir un été très occupé, avec plusieurs spectacles dans les festivals. J’ai donné mes deux derniers spectacles intérieurs il y a quelques jours et ç’a été complètement fou. Le public du bas du fleuve était survolté! Bientôt, on va se promener un peu partout dans la province pour continuer à célébrer les 30 ans de mon album Obsession.

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Qu’est-ce que ça te fait de voir les festivals t’ouvrir désormais grand leurs portes?

Il y a eu une période d’adaptation, surtout en ce qui concerne le côté corporatif et les commanditaires. Certains conseils de villes et entreprises ont été frileux. Ce n’était pas à eux de me défendre sur la place publique ni subir la pression médiatique. C’était à moi de régler mes affaires, et je l’ai fait. Ça fait du bien de voir qu’on me fait à nouveau confiance et de pouvoir reprendre l’affiche des gros festivals. Ça me rend de bonne humeur et dans un meilleur état d’esprit. J’ai eu une très belle année: on a fait beaucoup de spectacles, il y a eu le lancement de l’album Obsession 30 ans, puis le spectacle acoustique Entracte. C’est une année de célébration, celle de mes 30 ans de carrière, et je vais finir ça le 31 décembre, au Centre Vidéotron de Québec. Je suis vraiment content de jouer devant un public de tous les âges.

Tu sembles effectivement de meilleure humeur et plus heureux...

Oui, je le suis. Il m’a fallu faire une mise au point et je l’ai fait, un média à la fois. C’était un passage obligé pour parler de «l’éléphant dans la pièce». Maintenant que j’ai fait le tour, que tout a été dit et que «l’éléphant est mort», je pense que je peux me concentrer à parler de musique et de mes projets, passer à autre chose, et ça me rend plus heureux.

Est-ce que tes enfants vont te suivre sur la route?

Le plus souvent possible. Tu te demandes sûrement s’ils monteront sur scène avec moi pour faire de la musique, mais pour le moment, ça ne les intéresse pas. Du moins, pas encore. Ils ont suivi des cours de piano quand ils étaient petits, mais ils n’ont pas manifesté le désir de faire carrière à titre de musiciens. Christophe-Arthur, mon plus vieux, embarque dans la tournée avec nous. Il va travailler comme technicien, il sera en formation. Édouard, lui, est encore un peu jeune pour travailler, mais il va nous suivre tout l’été. Ces enfants-là ont commencé à faire des tournées lorsqu’ils étaient dans le ventre de leur mère. Les musiciens, les techniciens, ce sont des oncles pour eux. Ce sera donc un été en famille.

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Eric Lapointe ; Premiere du film Katak le brave beluga ; Cinema Starcite, 4825 avenue Pierre-de-Coubertin, Montreal ; 2023-02-25
Eric Lapointe ; Premiere du film Katak le brave beluga ; Cinema Starcite, 4825 avenue Pierre-de-Coubertin, Montreal ; 2023-02-25 Photo : Patrick Seguin / TVA Publications

Est-ce un deuil pour toi de ne voir aucun de tes fils suivre tes traces dans la musique?

Ça me fait un petit pincement, mais ce n’est vraiment pas un constat d’échec. Je leur ai mis un peu de pression quand ils étaient plus jeunes en leur achetant toute sorte d’instruments, parce que je voulais qu’ils aient une formation de base en musique, qu’ils sachent lire les partitions. Ils ont aussi suivi des cours de piano. Ils ont baigné dans la musique toute leur vie et ce sera leur choix d’en faire une carrière ou pas. Parfois, je les surprends à pianoter, mais ils s’arrêtent la minute où j’entre dans la pièce. Ils aiment beaucoup la musique et me font découvrir plein de choses, et moi je leur fais découvrir des classiques.

Tes deux fils ne sont plus des enfants. C’est comment, pour toi, être le père de deux adolescents?

Notre relation est vraiment cool, même si je suis un père assez strict. Chez moi, il y a des règles, il y a de la discipline et des valeurs établies. Mes deux fils ne nous ont jamais connus ensemble, leur mère et moi. On a donc notre routine à tous les trois et on forme une belle équipe. Je ne suis pas en couple; je suis en trio avec mes deux fils et je suis en amour avec eux. Je suis une figure d’autorité, mais je n’ai jamais crié après eux. J’ai de bons enfants, ils sont le fun, respectueux, polis et ils vont bien à l’école. Ils sont vaillants et travaillants et nous avons de belles grandes discussions.

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Quel genre de père as-tu été avec eux pendant l’enfance?

Un père aimant, c’est certain. C’est difficile pour moi de répondre à ça. Je pense avoir été un père présent et je trouvais important de leur montrer la discipline. Mes fils font leur lavage et la vaisselle, ils débarrassent la table après le souper. C’est un travail d’équipe que nous faisons ensemble. Je n’ai pas voulu élever des enfants rois. Mais en même temps, ils ont 13 et 14 ans et je les borde encore chaque soir.

Et l’ancien Éric Lapointe, plus rocker — avec tout ce qui vient avec —, comment composait-il avec la vie de papa?

Je consommais sur une base régulière à une certaine époque, mais mes enfants ne m’ont jamais vu intoxiqué, saoul ou gelé. Il faut dire que jusqu’à l’âge de 10 ans, ils avaient une nounou à temps plein et moi, j’avais mon refuge — mon studio dans le sous-sol —, auquel mes enfants n’avaient pas accès. Si je n’allais pas bien ou si je n’étais pas en état, j’avais mon lit dans le studio. Mais ce n’est pas arrivé souvent, car quand mes fils étaient à la maison, je voulais être un père présent, «toute là» et responsable.

Tu me parlais d’un trio, aurais-tu aimé que ça marche avec la mère de tes enfants et que vous formiez une famille?

C’est certain que j’aurais aimé que ça marche et avoir la vie de famille parfaite. Mais ce ne fut pas le cas. Mélanie joue son rôle de mère une semaine sur deux et moi, mon rôle de père. Je profite de mes fils pleinement quand ils sont avec moi. Mais je trouve ça pénible de ne pas les voir pendant plusieurs jours.

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As-tu trouvé ça difficile d’avoir tes enfants en garde partagée?

Oui, c’est certain que j’aimerais les avoir toujours avec moi. Mes deux fils sont le centre de ma vie. La semaine où je ne suis pas avec eux, je m’ennuie pour mourir. Dans un monde idéal, j’aurais aimé les élever à temps plein. La vie de nos jours fait en sorte que beaucoup de parents et d’enfants composent avec ça. Mais ça se passe bien. Mes fils sont maintenant autonomes et voyagent aussi seuls en métro et en autobus pour revenir de l’école. Ç’a été une adaptation pour moi.

Es-tu un papa surprotecteur?

Un peu, oui. J’ai fait les premiers trajets avec eux pour me rassurer. Comme la plupart des parents, je m’inquiète un peu pour un, mais je tente de garder ça pour moi, par exemple, quand ils me disent qu’ils vont seuls au cinéma. Je vérifie à quel cinéma ils vont et la durée du film pour me donner une idée de l’heure à laquelle ils vont être de retour à la maison. Mais je ne veux pas les surprotéger et brimer leur liberté non plus. Ils n’ont pas non plus tendance à exagérer. C’est juste moi qui m’en fais.

Surtout qu’ils sont pas mal plus sages que toi à leur âge...

Oh, que oui! C’est là que je prends conscience de toute l’inquiétude que j’ai fait vivre à mes parents. Moi, à 14 ans, j’étais déjà un petit bum. Non seulement je n’avais pas d’heure pour rentrer, mais je ne donnais même pas une date de retour. À 16 ans, je suis parti de la maison pour aller seul dans l’Ouest canadien et j’ai été quatre mois sans donner de nouvelles. Je virerais fou, si jamais mes deux fils me faisaient ça. Je regrette d’avoir fait vivre ça à mes parents. Aussi, mes fils pensent aller à l’université. Je n’avais pas cette ambition pour les études, moi. Je me considère chanceux d’avoir des enfants faciles comme ça, qui sont des petits bonhommes heureux et facile à vivre. Ils sont gentils, souriants et allumés. J’aime tellement mes fils! Un jour, j’ai dit à ma mère: «Maman, chaque jour, j’aime mes fils plus que la veille». Et elle m’a répondu: «Imagine-toi quand ça fait 50 ans». Ça m’a fait un choc.

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Julien Faugere / TVA Publications
Julien Faugere / TVA Publications

Que veulent-ils faire comme carrière?

Ça change pas mal chaque jour. Édouard aimerait étudier en cinéma. Il écoute tellement de films, même des vieux classiques en noir et blanc des années 1960. Il a juste 13 ans et il m’impressionne. Mon plus vieux, lui, analyse beaucoup et il ne sait pas encore ce qu’il souhaite faire.

Éric, je te regarde et si on m’avait dit un jour que je ferais une entrevue avec toi, serein, installé à la campagne, eh bien, je ne l’aurais pas cru. Qu’est-ce qui t’est arrivé?

Moi non plus, je ne l’aurais pas cru. J’ai toujours aimé le calme de la campagne, mais je suis fondamentalement un enfant de l’asphalte et du béton. Je pense que c’est venu avec la sagesse. Je voulais construire de beaux souvenirs pour mes enfants. Je suis le plus surpris, mais je suis capable de rester seul ici plusieurs jours, et la vie en ville ne me manque pas. J’aime de plus en plus la solitude. Je me verrais même m’installer ici à temps plein. Je n’ai plus de vie nocturne et très peu de vie sociale. Je suis presque devenu agoraphobe; ça prend tout, maintenant, pour me faire sortir de chez moi. Je suis rendu casanier. Même les sorties au restaurant ne me tentent plus. J’ai apprivoisé la solitude et je suis de mieux en mieux avec moi-même.

La réédition de l’album Obsession est désormais disponible.

Les billets pour le spectacle Party des fêtes au Centre Vidéotron le 31 décembre prochain sont aussi disponibles.

Toutes les informations au ericlapointe.com.

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