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Culture

Pour souligner le 30e anniversaire de son premier album, Éric Lapointe replonge dans ses souvenirs

Julien Faugere / TVA Publication
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Samuel Pradier

2025-03-04T11:00:00Z
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En 1994, un jeune rockeur de 25 ans sortait son premier album intitulé obsession. trente ans plus tard, éric lapointe est devenu un des piliers du milieu de la musique québécoise. il a cumulé les succès au fil des décennies et ses salles sont toujours pleines. pour célébrer le 30e anniversaire de son premier album, il a décidé de réenregistrer ses chansons et de présenter un spectacle-hommage.

• À lire aussi: Éric Lapointe s'estime chanceux d’être de nouveau invité à se produire sur scène

Au moment de faire notre entrevue pour parler du lancement du coffret Obsession 30 ans, Éric Lapointe s’apprêtait à commencer les répétitions du spectacle qu’il va présenter en tournée durant les prochains mois. «C’est un peu comme le lancement d’un nouvel album. C’était une expérience intéressante de se replonger dans cette époque qui a été extraordinaire pour moi. C’était le début de tout. J’ai écrit ces 10 chansons avant d’être une vedette, si on peut dire, à une époque où je ne pensais même jamais faire ce métier. C’était vraiment par besoin que j’avais écrit.»

À l’époque, Éric avait tout juste 25 ans, il chantait à l’instinct et ne réfléchissait pas forcément aux conséquences. «On a essayé de reproduire les chansons à l’identique, mais inévitablement, ma voix a évolué, mon interprétation a évolué, on sent plus de maturité dans l’interprétation. Il y a aussi le fait que certaines chansons ont pris une autre dimension avec les années.» Il fait notamment référence à Condamné, dans laquelle il dit: «Trente-sept ans, père absent de deux enfants, survivre est mon métier.» «Je me demande comment j’ai fait pour écrire ce genre de choses à 17 ou 18 ans.»

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UNE NÉCESSITÉ

Si Éric Lapointe a décidé de ré-enregistrer son premier album, c’est aussi parce que les bandes originales ne lui appartiennent plus. «C’est le même album, mais plus rock et plus mature. J’ai tenté de ne pas jouer dans les souvenirs des gens qui ont écouté cet album en boucle à l’époque. Mais je me suis quand même permis d’enlever des petits détails qui m’ont toujours chicoté, des détails de production qui avaient mal vieilli, selon moi.» 

Le but de ce réenregistrement est aussi de pouvoir célébrer cet anniversaire en offrant au public un coffret souvenir composé de deux vinyles, un CD et un livret contenant plein de photos, des remerciements...

DU JOUR AU LENDEMAIN

Au moment de la sortie de son premier disque, Éric Lapointe n’avait pas réellement d’ambition pour l’avenir. «Je n’avais aucune idée si ça allait fonctionner. J’ai été extrêmement chanceux, parce que j’ai été emporté par le succès. Je pense qu’il y a une certaine magie dans les chansons de cet album. Il y a aussi une question de conjoncture. C’est arrivé au moment où le rock commençait à faire surface au Québec, avec Vilain Pingouin et Jean Leloup. Il y avait aussi eu le décès de Gerry Boulet, qui avait laissé un gros trou dans le paysage culturel québécois.»

La chanson N’importe quoi a rapidement tourné en boucle sur les radios commerciales, alors que le clip était omniprésent sur les ondes de MusiquePlus. «À ce moment-là, je n’avais aucun moyen de savoir combien on vendait de disques ni l’impact que ça avait sur le public. Je l’ai découvert au mois de juillet suivant, trois mois après la sortie, lorsque j’ai fait mon premier spectacle aux FrancoFolies de Montréal. Il y avait 30 000 personnes devant moi qui chantaient mes chansons. Ils les connaissaient déjà par coeur. À partir de là, j’ai été emporté dans un tourbillon complètement fou. C’était intense, et ça reste de beaux souvenirs.» Quand le succès vous tombe dessus du jour au lendemain, c’est grisant, mais c’est aussi déroutant. «Il a fallu que j’apprenne à développer des réflexes. En même temps, je jouais plusieurs fois par semaine, toutes les salles étaient pleines. On était embarqués dans quelque chose de plus grand que nous. On était jeunes, célibataires, c’était la vie rock’n’roll. C’était vraiment une époque intense. Mais je n’ai pas ressenti immédiatement la pression du succès; c’est arrivé quelques années plus tard, après mon deuxième album.»

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À cette période, Éric est entré en conflit avec son ancienne maison de disques, qui a décidé de retirer tous ses disques des magasins. Ses salles de spectacles se sont vidées de moitié. «J’ai réalisé que ça n’allait pas être éternel, ce que je vivais, et que c’était un perpétuel recommencement à chaque album, à chaque chanson. Mais je me suis retroussé les manches. C’est un long apprentissage, ce métier, et on n’arrête jamais d’apprendre.»

DES CLASSIQUES QUI PERDURENT

Sur cet album Obsession figurent des chansons qui sont devenues des classiques du répertoire du chanteur, comme N’importe quoi, Marie- Stone ou encore Terre promise. «On a sorti 8 extraits sur 10 chansons. Il y a eu quelque chose de magique avec cet album. C’est la beauté de ce métier d’être capable de faire partie de la vie des gens, un peu à leur insu. Ces chansons sont importantes pour moi, mais ce sont aussi des souvenirs d’adolescence pour plein de gens, pour tout le public qui vieillit avec moi. C’est un accomplissement dont je suis vraiment fier.»

Les chanter encore aujourd’hui ne demande aucun effort à Éric Lapointe. «Elles font partie de moi. En plus, chacun de mes albums est comme une autobiographie, ça raconte une partie de ma vie. Avec le temps, les chansons prennent aussi une autre dimension. En en réenregistrant certaines, j’avoue avoir revu l’adolescent qui les avait écrites. Mais il y en a d’autres qui ont encore plus de sens avec la voix d’un homme de 50 ans que celle d’un petit gars fâché de 23 ans.»

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EN TOURNÉE

Au détour de la conversation, le chanteur confie que ses deux fils n’ont pas d’attirance particulière pour son travail. «C’est une autre génération, ils écoutent plus du hip-hop. Mon plus vieux vient d’avoir 14 ans, il découvre de vieux bands de rock. Mes fils ne me parlent pas de mes chansons, parce qu’ils les connaissent toutes. Ils ont commencé à faire de la tournée alors qu’ils étaient dans le ventre de leur mère. Et puis, ça reste les chansons de papa. Ils ne me diront jamais qu’ils me trouvent bon, mais je sais que mes chansons font partie d’eux, de leur vie, de leurs souvenirs.»

Dans les prochains mois, Éric Lapointe sera donc en tournée avec le spectacle hommage au 30e anniversaire d’Obsession. Il tourne aussi dans des salles plus petites avec son spectacle acoustique. «Mon complice Stéphane Dufour a fait un travail extraordinaire sur les arrangements. C’est vraiment le fun de faire ça, et la réponse du public est super bonne. Ça donne une autre dimension aux chansons, on les joue d’une autre manière, avec une autre approche, les textes sont plus en avant... Ça me permet de constater qu’on a quand même fait de belles choses en 30 ans.»

Pour acheter le coffret anniversaire ou voir toutes les dates des tournées Obsession 30 ans et Acoustique, rendez-vous au ericlapointe.com.

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