Voici pourquoi Chantal Pary s'est mariée à la télé

Lorsqu’on la rencontre, Chantal Pary ne fait pas ses 74 ans. Cette populaire chanteuse des années 1970, née sous le nom de Lucie Bernier, a cumulé des succès tels que Pour vivre ensemble, Ma vie c’est toi, J’suis ton amie et Mélanie. Il y a un bon moment qu’elle n’avait pas accordé d’entrevue, mais voici que nous avons eu l’occasion de prendre de ses nouvelles et de revenir sur sa riche expérience.

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Lorsque je lui dis qu’elle a l’air en grande forme, Chantal réplique: «Ça ne me fait rien de penser que je vais avoir 75 ans cette année. Je ne m’attache pas à l’âge: tout le monde vieillit, tout le monde va partir un jour, et je me trouve très chanceuse d’être encore en vie et en forme. Je prends ça au jour le jour, j’ai toujours été comme ça et ça me rend heureuse. C’est grâce à cette mentalité que je suis passée à travers tous les problèmes que j’ai eus, comme les problèmes de couple. Mes parents étaient comme ça aussi, ils ne se projetaient pas dans l’avenir. Je fais de la fibromyalgie depuis au moins sept ou huit ans, mais j’ai appris à composer avec. Je ne m’y attarde pas, ça fait partie de ma vie. Je suis suivie, je prends des médicaments pour la douleur.»

Les gens qui ont aimé les chansons de Chantal Pary se demandent évidemment si elle chante toujours. «Oui, je chante encore, je fais des spectacles, dit-elle. Je suis heureuse de faire ce que je fais, ce n’est pas nécessairement sur des grandes scènes, mais ça me convient et les gens peuvent venir me voir. Mais je n’ai pas nécessairement envie de faire de grands spectacles. De toute façon, je n’ai jamais rêvé d’être une vedette et de faire une grande carrière.»

Pour l’amour du public

Voilà qui se révèle étonnant quand on connaît tous les grands succès chantés par Chantal Pary, qui a vendu plus de trois millions d’albums depuis ses débuts, dans les années 1960. En 1981, elle a d’ailleurs écoulé à plus de
300 000 exemplaires de l’album J’suis ton amie, ce qui lui avait valu le Félix de l’album le plus vendu de l’année. Mais malgré sa popularité, Chantal avoue s’être «fait avoir» par bien des requins. «Je n’étais jamais payée pour un disque, j’en ai vendu plein et on me disait que ce n’était pas payant», explique-t-elle.

Chantal garde ainsi quantité de souvenirs, bons et moins bons, de son expérience du monde de la musique. «En 1970, j’avais 20 ans, je venais de me marier. Accompagnée par le producteur et gérant Gilles Talbot, je suis allée participer à un grand concours de chanson au Mexique. Il y avait des juges internationaux comme Paul Mauriat et Quincy Jones, et j’avais chanté Ma vie c’est toi. À la fin, j’ai vu un homme qui était debout pour m’applaudir: je ne le savais pas, mais c’était Quincy Jones (pour la petite histoire, c’est lui qui allait produire les albums Off the Wall et Thriller, de Michael Jackson). On est allés manger avec lui après le concours, et Gilles Talbot lui a probablement parlé de moi, parce qu’il voulait que j’aille faire carrière aux États-Unis et il était même prêt à me faire des chansons. J’ai dit à Gilles que je ne voulais pas aller aux États-Unis, je ne rêvais pas à ça. Je venais de me marier et je voulais des enfants», raconte-t-elle, ajoutant qu’elle ne regrette pas d’avoir refusé l’offre. «Je ne voulais pas du tout être une vedette internationale et, en plus, j’étais une fille très gênée à ce moment-là. C’était dur pour moi d’être à l’avant-plan, de faire des gros spectacles. Si j’ai pu faire carrière, c’est parce que j’aimais les gens et je sentais que je leur faisais du bien. Ils se reconnaissaient beaucoup dans mes chansons. Je chantais des choses de tous les jours, je me mettais à leur place. Quand je composais des chansons, ma priorité était de toujours penser aux gens, et non pas de leur parler de moi. Je voulais que mes chansons les rendent heureux et qu’elles puissent aussi les consoler, qu’ils se sentent interpellés personnellement», dit-elle, précisant qu’elle a composé presque toutes les chansons de son répertoire.

Un mariage mémorable

Quand Chantal Pary croise des fans, lors de spectacles ou lors de ses activités quotidiennes, il s’en trouve toujours pour lui parler de son mariage avec André Sylvain, qui a été diffusé à la télévision en direct en 1970. «On m’en parle tout le temps! Je ne voulais pas nécessairement me marier, ou du moins, je voulais un mariage intime. Mais, à un moment donné, j’ai accepté de le faire à la télé et quand ils ont commencé à l’annoncer, je ne pouvais plus reculer! C’était à Jeunesse d’aujourd’hui, il y avait des artistes invités que j’aimais et nos deux familles étaient parmi le public. C’était bien fait. Mais j’avais oublié mon bouquet de fleurs dans la salle de maquillage et j’étais tellement nerveuse que je ne m’en suis pas rendu compte! Ça s’était bien passé, et je pense que ça a fait du bien aux gens, ils étaient contents. Et moi, j’étais sérieuse, je voulais me marier pour la vie. Je n’ai pas fait ça pour faire avancer ma carrière, mais ceux qui étaient derrière l’événement le faisaient pour ça. Je ne voyais pas l’autre côté de la médaille. J’étais peut-être naïve, mais je n’ai jamais pensé que ça allait m’aider à faire vendre mes disques.»

Grâce à ce formidable coup de pub, ou peut-être en dépit de celui-ci, les chansons de Chantal Pary ont eu un impact considérable sur la société québécoise. Son succès Pour vivre ensemble a notamment été une chanson jouée dans de nombreux mariages. «Et Ma vie c’est toi aussi», précise-t-elle. On peut ajouter qu’à la suite du succès de la chanson Mélanie, plusieurs parents ont décidé de donner ce prénom à leur fille.

Accueillir Dieu

Lors de notre rencontre, il a bien sûr été question du temps qui passe à la vitesse de l’éclair, ce qui a amené la chanteuse à parler des décès de Michel Louvain et de Renée Martel, artistes qu’elle a côtoyés à maintes reprises durant ses belles années. «En 2015, j’ai fait avec eux une tournée qui s’appelait Les années bonheur. Ça m’a fait de la peine de les voir partir. (Ils nous ont quittés en 2021.) Tout comme lorsque Nicole Martin est partie, deux ans plus tôt», dit-elle. Ce n’est toutefois pas la seule épreuve difficile qu’elle a eu à vivre au cours de sa vie. Il n’y a qu’à penser à sa séparation d’avec André Sylvain, en 1984. «Tu penses que c’est pour la vie, tu as un enfant, mais tu te sépares parce que ça ne va pas bien, que ça te rend malade. Ç’a été une épreuve. Mais ça m’a amenée vers une autre route dans ma vie: je me suis tournée vers Dieu. Ç’a été comme un coup de foudre, et j’ai dit: «Mon Dieu, je te donne ma vie.» Je me suis dit que, même si je ne voyais plus rien, j’allais m’en aller quand même. J’étais au volant de ma voiture et, en disant ça, le capot a levé et je ne voyais plus rien! Même si j’étais triste, je suis partie à rire. C’était comme un signe», raconte-t-elle

Cette rencontre avec Dieu a rapidement changé sa vie. «J’étais intense au début, il fallait que je comprenne tout ce qui se passait à l’intérieur de moi, je parlais beaucoup du bon Dieu. Ça s’est imprégné en moi et j’ai fait beaucoup de témoignages de foi, mais quand on est connue, ça a un impact. Certaines personnes disaient que j’étais devenue folle, on m’a même fait des reproches. C’est drôle, parce que j’ai aussi réalisé qu’Il avait toujours été présent dans mes chansons. Aujourd’hui, mon plus grand rêve est d’apprendre à aimer un peu plus tous les jours, et habiter la maison du bon Dieu tous les jours. Sans la foi, je ne chanterais probablement plus, mais cette foi-là m’a donné le goût de partager tout ce que le bon Dieu m’a donné, le talent qu’il m’a prêté. Quand tu crois en Dieu, même l’épreuve est enrichissante. Je ne regrette rien de mes épreuves, car ce sont elles qui m’ont faite. Elles m’ont appris à comprendre les gens et à être humble.»

C’est peut-être pour cette raison qu’elle a préféré mener certains de ses combats dans l’ombre. «Depuis que je suis toute petite, à 11 ans, je suis obsessive-compulsive. Je ne l’ai dit à personne avant de me séparer, à 33 ans. Chaque fois que de vivais une épreuve, ça s’accentuait, et à 56 ans, j’ai été médicamentée pour ça», confie Chantal, qui ajoute qu’elle a même pensé au suicide. «J’étais jeune, je voulais prendre des pilules, mais je ne l’ai pas fait parce que je ne voulais pas faire de peine à mes parents. Même que je voulais appeler une chanteuse qui avait déjà fait une tentative pour savoir combien elle avait pris de pilules... mais j’étais trop gênée. Je n’ai plus jamais pensé à ça ensuite, j’ai décidé que j’allais me battre. J’étais très combative dans ma souffrance.»

Vivre le bonheur

Aujourd’hui, les choses sont plus sereines pour Chantal. Elle entretient une belle relation avec Mélanie, sa fille, qui célébrera bientôt ses 50 ans. «Elle est toujours belle et elle n’a pas l’air de son âge. On a une très belle relation, elle et moi. On se parle presque tous les jours. C’est une femme très gentille qui est tournée vers les autres.» De plus, elle continue de présenter des spectacles et écrit tous les jours. «J’aime beaucoup ça, j’écris surtout des pensées, et puis j’aime aussi dessiner, ce que je fais depuis très longtemps. J’ai du plaisir à faire des cartes d’anniversaire, entre autres. J’en fais énormément.»

Elle profite aussi de son amour pour le musicien Carl Gauthier, qui partage sa vie depuis bientôt 15 ans. «C’est un homme humble qui aime les gens. Moi, je ne voulais plus souffrir, je ne voulais pas rencontrer quelqu’un», dit-elle. Il faut croire qu’ils étaient prédestinés à se rencontrer, ce qui permet à Chantal d’affirmer haut et fort qu’elle est une femme heureuse sur scène comme en dehors. «J’aime encore toutes les chansons que j’ai enregistrées dans ma vie. Il n’y en a pas une que je ne veux plus chanter», conclut-elle.

Son prochain spectacle sera présenté à la paroisse St-Nazaire à Ville LaSalle, le 7 juin 2025. . Pur connaître toutes les activités de Chantal Pary, on consulte sa page Facebook: Chantal Pary - Page Officielle.

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