Voici les 4 étapes que doit suivre le Canada pour répondre aux menaces de Trump

Yannick Beaudoin
Donald Trump multiplie les menaces, les attaques et les déclarations belliqueuses depuis son arrivée au pouvoir.
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Il a notamment pris pour cible le Canada en annonçant des tarifs douaniers de 25% dès le 1er février et en évoquant une annexion du pays en tant que 51e État américain.
La réponse canadienne est pour l’instant timide face à cette forme d’intimidation que semble appliquer le nouveau président des États-Unis.
En entrevue à LCN, la directrice du Centre d’études et de recherches internationales à l’Université de Montréal (CÉRIUM), Laurence Deschamps-Laporte, a expliqué qu’il était tout à fait possible pour le Canada de faire face à Donald Trump, à la condition d’être en mesure d’exécuter une «danse un peu complexe».
Voici comment elle estime que le Canada doit réagir à l’attitude du président américain en quatre étapes:
1-Contrôler ses réactions
Dans un premier temps, il faut modérer nos réactions aux déclarations de Donald Trump, soutient l’experte.
«Si on réagit à tout ce que Trump dit, potentiellement, il va continuer à le dire, parce que ce qui le nourrit dans son chaos, ce sont les réactions», explique Laurence Deschamps-Laporte.
«Si on montre une peur, une réaction très vive à chaque fois, ça nourrit son jeu. En fait, pourquoi il s’acharne un peu sur le Canada, c’est parce qu’il y a eu des réactions en ligne, que c’est devenu un peu viral. Ce n’est pas parce que c’est bénéfique économiquement. Mettre des tarifs sur le Canada, ç’a un impact négatif direct sur l’économie américaine, pas juste sur l’économie canadienne», ajoute-t-elle.
2-Coordonner une réponse nationale
Les provinces et le gouvernement fédéral doivent ensuite parler d’une seule voix et cesser de s’entredéchirer.
«Trump va bénéficier des nombreux premiers ministres qui ne se coordonnent pas et qui essaient de défendre les intérêts de leur province. La fragmentation dans les négociations, ça joue pour le plus fort», indique l’experte.
Un Canada qui parle d’une seule voix doit ensuite ne pas hésiter à mettre en place des représailles économiques ciblées si nécessaire.
«Mme Freeland a parlé de ses listes de représailles. Ça, c’était quelque chose que l’Union européenne fait entre eux depuis longtemps. Sous Bush, il y a eu des sanctions. Il y a eu différentes sanctions économiques, même quand le Canada n’est pas allé en Irak», mentionne la directrice du CÉRIUM.
3- Resserrer nos liens avec le Mexique
Une fois que la réponse nationale est coordonnée, le premier allié vers qui le Canada doit se tourner, c’est le Mexique, affirme Laurence Deschamps-Laporte. Les deux nations seront plus fortes face au géant américain si elles affichent la même position face aux menaces de Trump.
De nombreuses industries américaines, dont le secteur automobile, dépendent grandement du libre-échange entre les trois principaux pays d’Amérique du Nord.
L’imposition de tarifs serait donc très difficile en raison des impacts sur de nombreuses entreprises américaines.
«C’est tellement intégré que c’est comme si la frontière n’existait pas pour certaines industries, pas toutes, mais sur certaines industries critiques, il n’y a pas d’institution même pour les mettre en œuvre», affirme l’experte.
4-Coordonner une réponse internationale
Donald Trump menace plusieurs pays de sanctions économiques. Or, si l’ensemble de ces pays formulent une réponse commune, celle-ci aura nécessairement plus de poids.
«Les discours sont utilisés contre le Canada, on couvre ce qu’on dit sur le Canada, mais en fait, ils sont repris contre tous. Nous, on s’intéresse beaucoup à nous-mêmes, donc c’est ce qu’on couvre, mais le 25%, il est lancé à tout vent», indique Mme Deschamps-Laporte.
«D’une part, il faut se coordonner avec les alliés, avoir des réponses communes, certes, mais pas juste dans la parole. Si on est dans la réaction seulement, la prise de parole, le tweet, l’énoncé de presse rapide, ça peut avoir un impact néfaste, mais il faut tout de même se coordonner dans les actions», ajoute-t-elle.
Pour voir l’entrevue complète, visionnez la vidéo ci-haut.