Voici les 10 romans les plus remarquables de la rentrée littréraire de l'automne

Karine Vilder
Si on se cherche un bon roman, voici 10 incontournables de la rentrée.
Les éléments

John Boyne, Éditions JC Lattès, 510 pages
Dans ce roman, les quatre éléments donnent naissance à quatre récits qui, à tour de rôle, abordent des sujets vraiment durs. Avec Eau, on côtoie par exemple une mère qui a été se réfugier dans une petite île d’Irlande à la suite d’un drame épouvantable. Avec Terre, on suit l’histoire d’un jeune footballeur professionnel dont la vie vient de prendre un très mauvais tournant. Avec Feu, on plonge tête première dans l’enfer d’une chirurgienne spécialiste des grands brûlés. Et avec Air, il est encore question d’abus sexuel. On dit encore, parce que c’est l’un des thèmes récurrents de ce livre brillant, qui a déjà remporté le prix du roman Fnac.
Les étoiles errantes

Tommy Orange, Éditions Albin Michel, 368 pages
Ici n’est plus, le premier roman de Tommy Orange, avait rencontré un succès monstre à la fin des années 2010. Et aux États-Unis, ce tout nouveau livre s’est imposé parmi les meilleurs titres de 2024.
Lui-même issu de la tribu des Cheyennes du Sud, l’auteur revient sur le massacre de Sand Creek, survenu en 1864. Son héros, Jude Star, a eu la chance d’y survivre... avant d’être ensuite capturé et enfermé dans une prison de Floride. Mais ce genre de prisonniers de guerre, il fallait les mater. Autrement dit, effacer le maximum de leur culture pour en faire de bons chrétiens. Forcément, cela aura d’énormes répercussions sur les descendants de Star et autant le préciser d’emblée, leur réalité sera loin d’être rose. À lire.
Au grand jamais

Jakuta Alikavazovic, Éditions Gallimard, 256 pages
De tous les livres de la rentrée française, c’est l’un de ceux qui apparaissent le plus souvent dans les premières listes des grands prix littéraires (comme le Renaudot, le Femina et le Décembre). Il s’ouvre sur une disparition, celle de la mère de la narratrice. C’est triste, certes, mais cette perte intime donnera naissance à une enquête fort bien rendue sur la mémoire, l’héritage familial et la façon dont les absents continuent à hanter nos vies. Avec son écriture toujours aussi poétique, Jakuta Alikavazovic signe un roman poignant plein de grâce.
Où s’adosse le ciel

David Diop, Éditions Julliard, 368 pages
Envie de voyager? On fait coup double avec ce livre, qui nous transporte dans l’Égypte des pharaons et qui nous permet aussi de suivre en parallèle les pérégrinations de Bilal Seck, un esclave du XIXe siècle ayant quitté Saint-Louis du Sénégal avec son maître pour se rendre à La Mecque. Un pèlerinage qui se terminera plutôt mal, le choléra s’étant invité dans la région. Bilal, toutefois, sera épargné. Heureusement, puisqu’il est celui qui avait autrefois été chargé de transmettre oralement l’histoire ancienne de son peuple, marquée par le règne des Ptolémées et par l’exode des Égyptiens ayant suivi Ounifer, grand prêtre d’Osiris. Différent et, surtout, passionnant.
Tressaillir

Maria Pourchet, Éditions Stock, 336 pages
Après huit ans de vie conjugale et une petite fille de six ans prénommée Lou, Michelle va décider de quitter Sirius. Mais pas que, puisqu’elle laissera aussi derrière elle sa gamine et son appartement parisien. Non, il n’y a pas un autre homme dans le portrait. C’est juste que Michelle a besoin de changement, qu’elle n’en peut plus de son quotidien terne et étriqué. Elle aboutira ainsi dans une chambre d’hôtel, où plus personne ne l’attend. Une chambre sans charme dans laquelle le spectre de la dépression prendra de plus en plus de place... Un roman intense, qui explore avec finesse la solitude et la reconstruction.
Le crépuscule des hommes

Alfred de Montesquiou, Éditions Robert Laffont, 310 pages
Histoire de varier les genres, voici maintenant un superbe roman historique. Grâce à lui, on aura la chance d’assister en partie au procès de Nuremberg qui s’est déroulé il y a 80 ans, entre novembre 1945 et octobre 1946. En fait, il va nous permettre de côtoyer celles et ceux qui y étaient, des gens comme Elsa Triolet, John Dos Passos ou Joseph Kessel. Tous sont là pour comprendre comment les années nazies ont pu être aussi meurtrières, comment des hommes faits de chair et de sang ont pu se transformer en monstres arrogants dénués d’empathie. Dans une atmosphère lourde de tensions, on mesure ainsi à quel point ce procès est resté gravé dans la mémoire collective et à quel point il résonne encore aujourd’hui.
Caledonian Road

Andrew O’Hagan, Éditions Métailié, 656 pages
Ah! Quel roman! Du côté anglo, il a fait sensation l’an dernier et pour plusieurs journaux et magazines – dont le New Yorker et le Sunday Times, pour ne nommer qu’eux –, il a été LE livre de 2024. Mais il faut s’accrocher, la vie de Campbell Flynn, un historien de l’art dans la petite cinquantaine, n’ayant absolument rien d’un long fleuve tranquille. Marié à une descendante de la famille royale et assez célèbre depuis la publication de sa bio sur Vermeer, Flynn a longtemps été du bon côté de la chance. Le hic, c’est qu’elle va bientôt lui tourner le dos et que Flynn verra son existence emportée par un tourbillon de trahisons, de scandales médiatiques et d’obsessions qui le mèneront droit au chaos. Très bon!
Les promesses orphelines

Gilles Marchand, Éditions Aux forges de Vulcain, 288 pages
Un autre excellent roman, qui nous transporte cette fois en pleine campagne française pendant les Trente glorieuses. Fils d’un immigré italien, Gino n’a rien d’un héros. C’est un homme parfaitement ordinaire qui n’a pas très bien réussi à l’école. Mais entre nous, ce n’est pas trop grave. À l’époque, tout était ouvert et tout était encore possible. Fasciné par les progrès scientifiques – surtout par l’Aérotrain, le projet futuriste de l’ingénieur Jean Bertin –, Gino aura ainsi une vie remplie de romanesque qui ne peut faire autrement que de toucher droit au cœur.
Je ne te verrai pas mourir

Antonio Muñoz Molina, Éditions du Seuil, 240 pages
Lorsqu’ils étaient jeunes, Gabriel et Adriana s’aimaient beaucoup, passionnément, à la folie. Mais en 1967, Gabriel a quitté l’Espagne pour aller étudier aux États-Unis et à partir de là, pfuit, fini. En plus de se perdre totalement de vue, chacun d’eux fera sa vie avec quelqu’un d’autre et... ils devront attendre 50 ans avant de se retrouver pendant un bref instant. C’est en partie cette rencontre qui sera ici racontée, sauf qu’il faut voir comment. Le début est un peu déroutant parce qu’il ne compte qu’une seule phrase se déroulant sur près de 60 pages. Mais une fois qu’on s’y met, impossible de lâcher cette prose magnifique.
Le secret des secrets

Dan Brown, Éditions JC Lattès, 640 pages
Changement total de registre, la parution d’un nouveau Dan Brown, l’auteur de l’illustre Da Vinci Code, fait quand même partie des incontournables de la rentrée. On y retrouve le célèbre professeur de symbologie Robert Langdon, cette fois accompagné de l’éminente experte en noétique Katherine Solomon. De passage à Prague le temps d’une conférence, ils n’auraient dû y rester que quelques jours. Mais ça, c’était sans compter sur la quantité impressionnante d’imprévus, dont un meurtre, une disparition et un monstre étrange semant la mort autour de lui, qui ne tarderont pas à survenir. Un bon divertissement!