Voici comment la chaleur affecte votre cerveau
Olivier Boivin
Les vagues de chaleur extrême comme celle qui déferle actuellement sur le Québec ont de nombreux effets sur le cerveau ainsi que sur le corps humain.
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Nombreuses sont les études qui ont abordé cette question au cours des dernières années et qui démontrent un lien direct entre l’augmentation de la chaleur et la diminution des performances cognitives.
L’une d’entre elles, publiée dans la revue Indoor Air, avance même qu’une différence d’aussi peu que 4 degrés Celsius, entre 24 et 28 degrés Celsius, a mené à une diminution de 10% des résultats des participants à des tests cognitifs.
Une autre, publiée dans l’American Economic Journal, mentionne que ses participants, des élèves du secondaire, ont vu leurs résultats scolaires drastiquement diminuer en fonction de la température le jour de leur examen.
Selon la médecin de famille Dre Marie-Pier Villemure, notre corps est très bon pour se réchauffer, mais l’est moins pour se refroidir.
«On le sait, au Québec, quand il fait -40, on grelotte, mais on est capable de se réchauffer, dit-elle, en entrevue à LCN. Le contraire est moins vrai.»
«Ce qu’on sait c’est que presque la seule manière pour le corps de se rafraichir, c’est en transpirant, ajoute-t-elle. Donc, quand les températures sont très chaudes et surtout très humides, on transpire moins. Il y arrive un moment où on n’est plus capable de transpirer suffisamment pour pouvoir se rafraîchir. »
Une étude avance même que la chaleur aurait un effet sur le comportement.
«Même sans se rendre à un coup de chaleur, on peut avoir des effets sur le cerveau, explique la médecin de famille. Une étude publiée récemment indique que lors de grandes périodes de chaleur, l’anxiété, la dépression, le mépris et la haine en ligne augmentent. Les gens deviennent irritables et il y a des effets psychologiques et sociaux.»
Les coups de chaleur ont également un risque de causer des effets à long terme sur le cerveau.
De nombreuses études dont une publiée en 2022 dans le périodique Nature reviews disease primers soutient qu’entre 10 et 28% des personnes ayant subi un coup de chaleur ont subi des dommages permanents au cerveau.
«Si on fait un coup de chaleur, on pourrait avoir des effets cognitifs, donc neurologiques à long terme, avance Mme Villemure. C’est-à-dire que si demain matin je me mets au marathon et que j’ai un coup de chaleur, je perds connaissance, je transpire, je ne vais pas bien. J’ai une chance sur trois d’avoir des séquelles au cerveau à long terme.»
Pourquoi?
Selon ce qu’affirme la professeure assistante en psychologie à l’université Washington State, Kimberly Meidenbaur, en entrevue avec le New York Times, les chercheurs sont divisés sur les raisons qui font en sorte que le cerveau est autant affecté par la chaleur.
Ils ont cependant des hypothèses, comme celle voulant que lorsque le cerveau est occupé à se refroidir, il a moins d’énergie pour les autres fonctions.
«Si on alloue tout le glucose et le sang aux parties du cerveau responsables de la régulation thermique, ça semble plausible qu’il n’en reste pas assez pour les fonctions cognitives qui nécessitent beaucoup d’énergie», dit-elle.
Le sommeil pourrait également être en cause, étant donné qu’il est plus difficile de dormir lorsqu’il fait plus chaud.
Comment éviter ces symptômes?
La Dre Villemure indique que pour éviter les symptômes cognitifs associés à la chaleur, tous les moyens sont bons pour se rafraîchir, mais il ne faut pas y aller de manière drastique, à moins d’un coup de chaleur.
«SI vous avez accès à une piscine, tant mieux, dit-elle. Sinon, on essaie de rester à des endroits climatisés. On dit toujours de boire beaucoup d’eau. Les gens me demandent toujours ce qu’on doit boire. La réponse c’est ce qui vous hydrate. Ce n’est pas le temps d’aller prendre de l’alcool, du café ou des choses qu’on va uriner plus qu’on va s’hydrater.»
Elle avance que dès qu’on ressent de la soif, cela signifie que l’on est déshydraté.
«Si on est rendu à boire, c’est qu’on est probablement en retard de quelques litres d’hydratation déjà», mentionne-t-elle.
Les premiers symptômes à surveiller en ce qui concerne les coups de chaleur sont justement la soif, les étourdissements, la transpiration accrue et le rythme cardiaque accentué.
Voyez l’entrevue complète avec Dre Villemure dans la vidéo ci-dessus