Violence en hausse: un influenceur agressé parce qu’il est gai


Alice Fournier
L’influenceur québécois Nabil Amraoui, mieux connu sous le nom de Nabil Queen, a raconté avoir subi une agression dans la rue mercredi à cause de son orientation sexuelle. Une situation qui se produit de plus en plus, selon de nouvelles données inquiétantes de l’organisme Interligne.
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«Hé, ce n’est pas toi, le marocain gai sur TikTok?», ont lancé les agresseurs avant de frapper Nabil.
Le jeune homme de 25 ans raconte dans une publication Instagram comment sa balade au centre-ville de Montréal a viré au cauchemar lorsque trois hommes l’ont agressé.
«J’ai revolé, j’ai été sonné. J’ai entendu le whistle de Mariah Carey dans mon oreille droite pendant une heure. J’étais au bout de ma vie, j’étais désorienté. J’ai juste pris mes jambes de Bella Hadid et j’ai commencé à courir», ajoute-t-il.
Nabil, qui ne souhaite pas se victimiser, tire la sonnette d’alarme sur ses plateformes. Il rappelle que le combat n’est jamais fini et que l'homophobie existe encore bel et bien. «[Le mois de la fierté], ça existe partout encore, des situations comme ça, ça arrive à Montréal et partout dans le monde.»
Les violences envers les personnes issues de la communauté LGBTQ+ ont augmenté de 110% en 2024 au Québec, contre une hausse de 68% en 2023, selon des données d’Interligne qui figureront dans son rapport annuel à paraître la semaine prochaine et dont 24 heures a obtenu copie.
Violences racisées
Les personnes appartenant à diverses communautés culturelles et à la communauté LGBTQ+ subissent d’ailleurs des violences accrues, affirme le directeur général d’Interligne, Patrick Vaillancourt.
«Un homme gai blanc a peut être moins de risque de vivre des violences qu’un homme racisé gai», explique-t-il.
Même son de cloche du côté de l’organisme ENSEMBLE pour le respect de la diversité.
«Ce n’est pas réservé au blanc caucasien du Québec d’être gai», rappelle le directeur général, Rafaël Provost.

Selon lui, il y a un manque cruel de représentation de diverses communautés LGBTQ + au Québec dans plusieurs sphères de la société comme dans les milieux de travail, l’art, ou encore l’éducation.
«Nabil représente cette réalité et il fait passer le message que ça existe», souligne-t-il.
Les jeunes moins tolérants
«Souvent, les crimes restent silencieux», déplore M. Vaillancourt. Selon lui, les personnes victimes d’agression n’en parlent pas vraiment.
Pour Rafaël Provost, tout est une question de représentation. «Et ça ne passe pas que par la représentation médiatique, c’est partout et toute l’année», avance-t-il.
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Le Québec vit un recul de tolérance envers les personnes issues de la communauté LGBTQ+. Le rapport de GRIS Montréal paru en janvier dernier démontre que ce malaise se ressent jusque dans les salles de classe.
Face aux discours de haine, Rafaël martèle qu’il faut voir des personnes de divers horizons s’afficher ouvertement. «Je ne peux pas croire que notre expression dérange encore», regrette-t-il.