[VIDÉOS] Carambolage sur la 440: le camionneur responsable n’a jamais freiné

Valérie Gonthier
Le camionneur qui a causé un carambolage monstre dans lequel quatre personnes ont péri sur l’autoroute 440 à Laval en 2019 n’a jamais activé ses freins ni changé sa trajectoire, et ce, sur près de 100 mètres.
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« Ce qui a arrêté le camion [de l’accusé], c’est l’impact avec la multitude de véhicules, a indiqué un reconstitutionniste à la Sûreté du Québec, Benjamin Bernier. Il n’y a eu aucun freinage ni avant, ni après l’impact. »
Ce dernier a témoigné au procès de l’ex-camionneur Jagmeet Grewal, qui a repris cette semaine au palais de justice de Laval, après une pause de quelques jours.
L’homme âgé de 56 ans est accusé de négligence criminelle causant la mort. Le 5 août 2019, il était derrière le volant d’un semi-remorque sur l’autoroute 440 Ouest à Laval, lorsqu’il a percuté une série de véhicules immobilisés près de la bretelle menant à l’autoroute 15.

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Absence de réaction
La violente collision, qui a été filmée par les caméras de surveillance d’un commerce situé dans la voie de desserte de l’autoroute, a causé plusieurs incendies.
Gilles Marsolais, 54 ans, Michèle Bernier, 48 ans, Sylvain Pouliot, 55 ans, et Robert Tanguay Laplante, 26 ans, ont péri.
Selon l’expert reconstitutionniste, au moment de la collision, le camionneur roulait entre 93 et 100 km/h.
Sur la scène du carambolage, aucune trace de freinage produite par le camion conduit par l’accusé n’a été décelé. Grewal n’a pas non plus changé de trajectoire après avoir percuté une première voiture. Des témoins avaient dit aux premiers répondants que le camion avait « foncé dans le tas ».
« L’ensemble du dossier est basé sur une absence de réaction », a commenté Benjamin Bernier.

Drame évitable
Après le premier impact, le camionneur a parcouru plus de 90 mètres, avant de s’immobiliser dans un autre poids lourd.
« Même après avoir happé six voitures, le véhicule lourd a assez de force pour pousser [un autre semi-remorque], qui lui, va foncer dans un Honda Odyssey », a indiqué le reconstitutionniste.
Par la force de l’impact, des véhicules s’étaient encastrés dans les camions poids-lourd, avant de prendre en feu.
Si le camionneur avait freiné après le premier impact, les dégâts auraient été limités, croit l’expert, précisant que ce drame était vraisemblablement « évitable ».

« On n’a qu’à penser à tous les autres véhicules dans la file, qui eux, n’ont pas causé de collision, parce que c’était prévisible, parce qu’ils ont réagi selon les informations qu’ils avaient sur la route », a-t-il dit.
Rappelons que Jagmeet Grewal détenait alors un permis de conduire de classe 1, nécessaire pour conduire un véhicule lourd.
Mais ce permis, il l’a obtenu en 2018 de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ)... par erreur.

Impliqué dans une collision de la route en 2012 aux États-Unis, M. Grewal avait par la suite été déclaré inapte de façon permanente à occuper le métier de camionneur, notamment en raison de ses problèmes psychiatriques. Il faisait des cauchemars, peinait à rester debout et se sentait déprimé. Il devait prendre plusieurs médicaments.
Malgré ces conclusions, il a fait une nouvelle demande pour obtenir un permis de classe 1, nécessaire pour conduire un camion. Et il l’a obtenu.

Au moment du carambolage, le camionneur négligeait aussi de contrôler son diabète et prenait plusieurs médicaments affectant la conduite.
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