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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

[VIDÉO] 165 000$ à payer en dommages: l'influenceur montréalais Hicham Jerando condamné pour ses ragots en ligne

L’homme de 48 ans prétend même qu’il est suivi par les «services secrets»

Portrait d’Hicham Jerando, 48 ans, un influenceur condamné pour avoir diffamé un avocat sur ses réseaux sociaux. Sa chaîne YouTube, nommée Tahadi, est notamment suivie par plus de 800 000 abonnés.
Portrait d’Hicham Jerando, 48 ans, un influenceur condamné pour avoir diffamé un avocat sur ses réseaux sociaux. Sa chaîne YouTube, nommée Tahadi, est notamment suivie par plus de 800 000 abonnés. YouTube Tahadi
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Photo portrait de Francis Pilon

Francis Pilon

2025-07-25T15:30:00Z
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Un influenceur montréalais connu pour créer des polémiques sur les réseaux sociaux devra payer 164 000$ à un avocat marocain qu’il a diffamé devant ses 800 000 abonnés sur YouTube.

• À lire aussi: [VIDÉOS] Julien Bournival-Vaugeois croule sous les dettes: l’influenceur masculiniste expulsé de sa maison de Québec

«Il diffuse sur sa chaîne dénommée Tahadi une première vague de vidéos et de publications sur Facebook, TikTok et YouTube. Il y attaque avec virulence l’intégrité professionnelle de l’avocat, l’accusant de divers crimes graves tels la corruption et le blanchiment d’argent», relate le juge Horia Bundaru.

C’est sur cette chaîne YouTube nommée Tahadi, qui compte plus de 800 000 abonnés, que le Montréalais a diffamé un avocat au Maroc.
C’est sur cette chaîne YouTube nommée Tahadi, qui compte plus de 800 000 abonnés, que le Montréalais a diffamé un avocat au Maroc. YouTube Tahadi

Dans son récent jugement à la Cour supérieure, on apprend que Hicham Jerando est un youtubeur marocain installé depuis plus de 15 ans à Montréal. Il était poursuivi en diffamation par l’avocat Adil Said Lamtiri, de Casablanca, contre qui il a multiplié des «accusations calomnieuses» dans ses vidéos. L’influenceur de 48 ans se fait même «passer pour un lanceur d’alerte» et prétend avoir «une équipe d’enquêteurs à son service» sur le web.

«En réalité, il agissait seul et se contentait de propager, en les amplifiant, des faussetés qu’il glanait auprès de quelques sources isolées, sans lui-même effectuer quelque vérification indépendante que ce soit pour en confirmer la véracité et sans se soucier aucunement des conséquences que de telles accusations auraient sur Lamtiri», révèle le juge.

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Près d’un million de vues

Jerando a d’abord publié huit vidéos sur ses réseaux sociaux, en mars 2023, qui propageaient de fausses informations sur le professionnel. Seulement sur YouTube, elles ont cumulé près de 930 000 visionnements en 40 jours.

Capture d’écran de Jerando, 48 ans, en train de commenter les politiques de Donald Trump dans l’une de ses vidéos publiées sur TikTok.
Capture d’écran de Jerando, 48 ans, en train de commenter les politiques de Donald Trump dans l’une de ses vidéos publiées sur TikTok. YouTube Tahadi

«Il le qualifie d’“avocat corrompu et un des plus grands criminels dans le corps de la justice marocaine” [...], du “plus grand voleur”, d’“avocat requin”, ou encore d’“avocat véreux”. [...] Il allègue aussi qu’il aurait des liens avec la mafia corse», rapporte le juge Bundaru.

Notons qu’en juillet 2024, Jerando a été reconnu coupable d’outrage au tribunal, puisqu’il a refusé de supprimer les séquences controversées sur ses réseaux sociaux, comme le lui ordonnait la Cour supérieure.

Le quarantenaire partage aussi ses propos controversés sur sa page Facebook, suivie par près de 290 000 abonnés.
Le quarantenaire partage aussi ses propos controversés sur sa page Facebook, suivie par près de 290 000 abonnés. Capture d'écran du Facebook tahadi.info

«Force est de constater que cette mise en garde n’a pas suffi, puisque Jerando a recommencé à publier des vidéos diffamatoires en février 2025, quelques jours avant le procès, peut-on lire dans le nouveau jugement. L’ensemble de ces facteurs militent pour l’imposition de dommages punitifs élevés afin de dissuader une récidive.»

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Le Montréalais, qui était absent lors du procès, a finalement été condamné à payer 164 514$ à Adil Said Lamtiri. Le juge lui a aussi ordonné de supprimer ses séquences publiées sur TikTok et YouTube au sujet de l’avocat marocain. Le Journal a toutefois constaté que plusieurs d’entre elles étaient toujours en ligne jeudi.

Hicham Jerando a publié sur Facebook, il y a quelques années, cette photo où il tient une arme dans sa main.
Hicham Jerando a publié sur Facebook, il y a quelques années, cette photo où il tient une arme dans sa main. Facebook de Hicham Jerando

Une «mascarade», selon lui

Notre représentant a contacté Hicham Jerando à la boutique de vêtements qu’il possède dans la métropole québécoise. Le quarantenaire a refusé de commenter le jugement.

L’influenceur est surtout connu au Québec comme un homme d’affaires ayant la boutique de vêtements Jerando à Montréal.
L’influenceur est surtout connu au Québec comme un homme d’affaires ayant la boutique de vêtements Jerando à Montréal. Facebook de Hicham Jerando

«Ma vie est en danger. Même la police m’a dit: “Faites attention, on suit ça.” En plus de ça, je n’ai jamais eu de signification pour le procès. Jamais, je n’ai rien reçu», a-t-il allégué, au téléphone.

Il assure aussi qu’il fera appel du jugement de la Cour supérieure.

«On ne va pas lâcher le morceau. Ce sont les services secrets marocains qui financent toute cette mascarade», prétend M. Jerando, sans pouvoir fournir de preuve au Journal.

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