Règlement de 65 M$: «On se sent soulagés», affirment les victimes du Mont D'Youville
Les victimes de l’orphelinat sont majoritairement satisfaites de l’annonce du règlement de 65 millions $ qui leur permettra de tourner la page sur les abus subis.

Martin Lavoie
Les victimes de l’orphelinat Mont D’Youville sont majoritairement satisfaites de l’annonce du règlement de 65 millions $ qui leur permettra de tourner la page sur les abus subis.
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Jean Simard, qui a longtemps agi comme leur porte-parole, a discuté jeudi avec plusieurs des anciens pensionnaires.
«On se sent soulagés, ça vient mettre un baume sur les blessures, explique-t-il. Plusieurs m’ont dit qu’ils étaient contents que la page se tourne, qu’on passe à autre chose. On se sentait réagressé à chaque procédure judiciaire. Ça a été difficile pour tout le monde durant six ans.»
«C’est aussi un soulagement parce que les victimes n’auront pas à témoigner. Il était prévu d’en faire témoigner environ 40», a renchéri Me Simon St-Gelais, porte-parole des avocats.
Même si la congrégation religieuse continue de nier toute responsabilité, M. Simard reste posé.

«Ça n’a jamais été une vendetta et on ne peut pas non plus généraliser sur les Sœurs de la Charité pour les dérapages. Elles ont fait du bien dans le passé. Mais nous avons subi des dommages irréparables et il devait y avoir un dédommagement», dit-il.
Un tortionnaire
Les abus dont a été victime M. Simard ont eu lieu sur une période de six mois alors qu’il avait 12 ans. En 2010, lui et quatre autres anciens pensionnaires ont témoigné pour faire faire condamner à deux ans de prison John-Anthony O’Reilly. Ce dernier sera à nouveau accusé cet automne pour des sévices sur une autre personne.
«Il me demandait de l’embrasser après m’avoir battu sauvagement. Ça n’a pas d’allure combien de fois il m’a battu. C’était un sadique, je voyais sa folie dans ses yeux.»
M. Simard a aussi souligné la contribution de Christian Burgos, victime lui aussi du bourreau, avec qui il a lancé cette cause.
À moitié satisfaite
Une victime qui a demandé à ne pas être nommée dit cependant éprouver des sentiments mitigés.
«Dans un sens, je suis contente, mais de l’autre, non. Je trouve que c’est trop facile pour eux, qu’ils s’en sortent quand même bien», estime la dame.
«Dans un mois, on n’en parlera plus. Ça va retomber dans l’oubli. C’est le côté que je trouve difficile. Dans le fond, les avocats ont fait une belle job, mais je ne saute pas de joie», ajoute-t-elle.
Victime d’un père qui la violait à répétition, la dame est arrivée à l’orphelinat Mont d’Youville à la fin des années 1970 à l’âge de 9 ans et demi.
Mais ce n’est pas le répit auquel elle avait droit qu’elle y a trouvé. Son cauchemar s’est plutôt poursuivi cinq années de plus.
«J’ai été violée des centaines de fois par deux éducateurs. Un d’eux s’est même mis chum avec mon géniteur qu’on me forçait à retrouver toutes les fins de semaine. Je n’avais plus confiance aux adultes», décrit-elle.
«Ce recours donne espoir que les administrations vont prendre conscience que les dérapages de leurs membres vont les rattraper. Et les agresseurs vont savoir que les enfants deviennent des adultes et parlent un moment donné. C’est l’espoir que j’ai», conclut Jean Simard.
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