Vers l’autoritarisme: Trump pourrait déployer l’armée partout et militariser les États-Unis

Gabriel Ouimet
Le déploiement de la Garde nationale à Washington sous de faux prétextes, quelques semaines après le retrait des soldats dans les rues de Los Angeles, fait craindre que Donald Trump ne multiplie les recours à l’armée à des fins partisanes. Pourrait-il évoquer une urgence nationale afin de militariser l’ensemble des États-Unis?
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Lundi matin, Donald Trump a affirmé que la criminalité violente est tellement «hors de contrôle» dans la capitale américaine que de «jeunes voyous» et des «membres de gangs» n’hésitent plus à orchestrer des attaques aléatoires et gratuites contre d’honnêtes citoyens.

C’est donc pour «libérer» la population de Washington, dit-il, qu’il a décidé de déployer les soldats de la Garde nationale.
Les statistiques de la police locale et fédérale démontrent toutefois que la criminalité violente, bien que très présente dans la capitale fédérale, est à son plus bas depuis 30 ans.
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Avant Washington, Los Angeles
Donald Trump avait utilisé une rhétorique semblable lors du déploiement de soldats à Los Angeles au mois de juin, alors que des manifestations contre les expulsions de migrants — commandées par son administration — secouaient la métropole californienne.
Les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre étaient, selon lui, la preuve que la ville faisait face à «une invasion étrangère».

Ces deux événements illustrent une nouvelle tendance inquiétante dans la manière de gouverner du président républicain, affirme le professeur à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa, Joao Velloso.
«Donald Trump n’hésite plus à utiliser des trous noirs juridiques, donc des lois obscures et des règlements peu utilisés, pour encadrer n’importe quelle situation qu’il juge urgente. Ça limite les pouvoirs de la Cour et ça lui permet d’imposer sa volonté en évitant le processus législatif», analyse-t-il.
Vers une utilisation de l’armée à l’échelle nationale?
L’autre aspect préoccupant des mesures prises à Washington, c’est que Donald Trump a évoqué des problèmes de société, notamment l’itinérance, afin de crédibiliser l’idée que la ville a été abandonnée par le gouvernement local.
Il pourrait ainsi être tenté de renouveler le déploiement au-delà de la période prévue de 30 jours.
«Ça ne s’est jamais fait, mais il pourrait tout à fait essayer de le faire afin de tester les limites de ce qu’il peut faire», prédit le professeur.
Si le président arrivait à ses fins dans la capitale, il pourrait ensuite évoquer d'autres urgences nationales, comme les problèmes aux frontières, afin d'envoyer l’armée partout aux États-Unis, craint-il.
«Il pourrait tout à fait déployer l’armée pour gérer la crise des opioïdes à l’échelle nationale. Il y a certainement des gens qui lui ont suggéré dans son entourage», affirme Joao Velloso, tout en précisant qu’une telle initiative serait difficile à mettre en place.
Ce faisant, Donald Trump orchestrerait une concentration des pouvoirs inédite au sein du gouvernement américain, franchissant un pas de plus vers l’autoritarisme.
«Va-t-il évoquer d’autres mesures d’urgence pour contourner les contraintes politiques et juridiques liées à des projets qui lui serviraient personnellement? Possible, parce qu’il vise un contrôle total du pouvoir», mentionne M. Velloso.