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Culture

Vanessa Duchel s’ouvre sur son couple et l’homophobie

La Fondation Émergence lance une campagne pour le 17 mai, journée internationale contre l’homophobie et la transphobie. Infos: fondationemergence.org. Vanessa Duchel est aussi ambassadrice pour Tel-Jeunes, qui accompagne les ados au quotidien. Infos: Tel-Jeunes.com. Toujours à la barre de son balado «Datestable», Vanessa Duchel va aussi renouer avec la musique avec la sortie de la chanson «TLBC (Tu l’as bien cherché)», prochainement disponible sur toutes les plateformes.

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Samuel Pradier

2025-05-17T10:00:00Z
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Depuis plus de trois ans, Vanessa Duchel vit ouvertement en couple avec son amoureuse, Marie-Pier. La chanteuse et créatrice de contenu a choisi de s’assumer, sans penser aux commentaires malveillants qui pourraient venir des réseaux sociaux. Elle a aussi décidé de s’impliquer avec Tel-Jeunes afin d’aider les jeunes à s’assumer tels qu’ils sont.

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Vanessa, quand as-tu assumé ton orientation sexuelle?

J’ai commencé à m’intéresser aux filles il y a environ dix ans. Quand j’ai rencontré ma blonde et que je suis tombée en amour avec elle, je me suis aperçue qu’il y avait quand même beaucoup d’indices dans mon parcours. Plus jeune, j’ai eu des profs, par exemple, que je trouvais belles, mais je ne savais pas si c’était parce que je voulais leur ressembler ou que je voulais les avoir près de moi. Aujourd’hui, je suis avec ma blonde, mais je ne pense pas être complètement lesbienne. Je crois être davantage dans la pansexualité, même si ça ne me dérange pas qu’on dise que je suis lesbienne. Après cinq ans de vie commune avec une femme, je ne sais pas si je pourrais être en couple avec un homme à nouveau.

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Qu’as-tu découvert sur toi dans cette relation avec Marie-Pier?

J’avais peur d’être en couple — et, encore plus, d’être en couple avec une femme —, avant d’être avec ma blonde. Je me demandais si l’attirance physique allait venir, si j’allais me sentir en sécurité... Finalement, j’ai senti mes besoins comblés assez rapidement. J’étais en connexion avec elle, et tout s’est fait naturellement. Il n’y a plus rien qui comptait, et je me suis dit que c’était la bonne personne. Je n’ai jamais senti ce genre de compréhension, ce genre de sécurité, dans toutes les relations avec des hommes que j’ai eues auparavant.

Julien Faugere / TVA Publications
Julien Faugere / TVA Publications

As-tu déjà été victime d’homophobie depuis que tu es en couple avec elle?

J’ai pris conscience à travers mes amis que l’homophobie était un problème, mais j’ai eu la chance de ne pas vivre ce genre d’insulte et de rejet. Je suis vraiment privilégiée. D’ailleurs, l’homophobie est quelque chose que je ne comprends pas, qu’est-ce que ça change dans la vie de quelqu’un que tu embrasses un gars ou une fille, ou qu’un gars porte une jupe...

En tant que créatrice de contenu, as-tu pensé à l’homophobie dont tu pourrais être victime sur les réseaux sociaux?

J’ai vraiment une communauté bienveillante. Ceux qui ne me connaissent pas et qui m’envoient des messages ou commentent mes photos s’attaquent davantage à mon poids. C’est arrivé une seule fois qu’une fille m’attaque à propos de mon orientation sexuelle, et j’ai dû appeler la police, parce qu’elle était vraiment méchante. Elle m’envoyait des photos de ses fusils et elle écrivait à ma copine que c’était un mauvais choix d’être avec moi. C’est la seule démonstration d’homophobie dont on a été victimes. Mais quand je suis tombée en amour avec ma copine, je n’ai jamais hésité à en parler, je n’ai jamais pensé que je serais insultée à cause de ça.

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Même si les deux sont épouvantables, qu’est-ce qui te fait le plus mal: la grossophobie ou l’homophobie?

La grossophobie a gâché ma vie et exerce encore une influence sur moi. La grossophobie teinte mes pensées au quotidien. Comme je n’ai pas vraiment vécu d’homophobie, ma réponse est évidente. Pour moi, le plus gros challenge de ma vie est d’accepter mon corps, de faire fi de la grossophobie, pas seulement dans les paroles, mais aussi dans les installations et les structures, qui me rappellent constamment que je ne suis pas «normale». La grossophobie, tout comme l’homophobie, tue des gens à travers le monde et alimente beaucoup de haine. Je pense que l’homophobie est certainement le gros fléau au niveau mondial, mais personnellement, la grossophobie se vit au quotidien.

Que penses-tu du récent rapport qui démontre que l’homophobie est en croissance chez les jeunes du secondaire au Québec?

Je ne comprends pas. Ça fait des années que tout le monde essaie de déconstruire l’homophobie. À mon école secondaire, il y avait un couple gai qui était assumé et que personne n’embêtait. Je ne comprends pas que 20 ans plus tard, on en soit arrivés là. C’est sûr qu’avec tout ce qui se passe sur les réseaux sociaux, Trump, les masculinistes et tous les courants haineux, ça n’aide pas. Mais ce rapport est épouvantable. Ça me donne juste envie de m’impliquer encore plus dans la communauté. Je vais encore une fois travailler avec la fondation Émergence pour la journée du 17 mai. J’essaie de trouver les messages les plus percutants pour sensibiliser les gens.

Comment lutter contre cette montée de l’intolérance, selon toi?

J’ai l’impression qu’il va falloir recommencer à crier plus fort, parce que l’homophobie augmente, la condition des femmes régresse aussi. On va devoir recommencer à sensibiliser les gens, expliquer les choses, sensibiliser les parents, responsabiliser la jeunesse, les sensibiliser le plus tôt possible pour qu’ils soient habitués à la différence. Je me dis que si un enfant est exposé à la diversité sexuelle à l’école, dans les médias, c’est un bon début. Après quelques années à côtoyer la différence, ils vont pouvoir se faire leur propre opinion.

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