Valérie Plante est-elle une mairesse dogmatique? Une experte donne son avis


Andrea Lubeck
La mairesse de Montréal Valérie Plante serait une politicienne dogmatique, selon certains de ses détracteurs. Peut-on réellement accoler cette étiquette la politicienne qui vient d’annoncer qu’elle ne sollicitera pas de troisième mandat? On a demandé l’avis d'une experte en gestion municipale.
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À la question à savoir si la cheffe de Projet Montréal gouverne de manière dogmatique, Danielle Pilette, professeure associée à l’UQAM, répond «oui et non».
Dans certains dossiers, comme la mobilité active et la protection de l’environnement, Mme Plante peut faire preuve de dogmatisme, affirme la professeure.
«Elle n’exprime pas de doute par rapport à [ces dossiers]. Là-dessus, elle ne fait pas de compromis, elle va de l’avant, mais je ne dirais pas qu’elle est insensible aux critiques», explique l’experte en gestion municipale.
Danielle Pilette cite la décision de fermer dès 2017 la voie Camillien-Houde aux véhicules, qui fera en sorte que les voitures et les autobus devront emprunter le chemin Remembrance pour accéder au mont Royal. Malgré le rapport de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) publié en 2019, qui recommandait le maintien de l’accès à la voie aux véhicules, l’administration Plante est allée de l’avant avec la fermeture.
Dans d’autres dossiers, Valérie Plante peut se montrer plus conciliante.
Par exemple, l’administration de la mairesse a récemment promis de limiter la hausse de taxes municipales à 1,8% en moyenne pour 2025. Cette annonce vise à rassurer les citoyens, alors que la Ville s'était fait critiquer l’an dernier pour avoir augmenté les taxes municipales de 4,9%, l’un des bonds les plus importants dans la dernière décennie.
«Sa prise en compte des critiques ne remet toutefois pas en cause son objectif [en termes de vision pour Montréal]», souligne Mme Pilette.
Dogmatique... ou moins complaisante?
La mairesse de Montréal a des objectifs et elle n’y déroge pas, ce qui n’est pas le cas des politiciens actuels au fédéral et au provincial, qui sont davantage complaisants, affirme la professeure.
Au fédéral, le gouvernement minoritaire «change son fusil d’épaule» et «inverse les politiques» en affirmant être à l’écoute de la population.
À Québec, où la Coalition avenir Québec (CAQ) est «au contraire très majoritaire», le gouvernement fait lui aussi preuve de complaisance. Les tergiversations autour du dossier du troisième lien entre Québec et Lévis en témoignent, illustre Mme Pilette.
Dans les grandes villes comme Montréal et Québec, c’est différent, note l’experte. Valérie Plante et Bruno Marchand n’hésitent pas à implanter des politiques qui peuvent déplaire à une partie de leurs citoyens.
«Le fait de ne pas être complaisant donne une apparence accentuée de dogmatisme à cause du contexte (au fédéral et au provincial)», fait valoir la professeure Pilette.
Plus critiquée parce qu'elle est une femme?
Aux yeux de Danielle Pilette, le fait que Valérie Plante soit une femme et qu’elle semble campée plus à gauche ne contribue à l’étiquette de «dogmatique» que lui accole une partie de l'électorat.