Rotterdam: une visite unique avec Rafael Nadal pour Félix Auger-Aliassime
Félix Auger-Aliassime a eu un guide de renom pour sa visite de l’Académie Rafael Nadal


Richard Boutin
ROTTERDAM | Débarqué à l’Académie Rafael Nadal au début février pour peaufiner sa préparation en prévision de son retour au jeu à Rotterdam, Félix Auger-Aliassime a eu droit à une visite guidée des lieux par le propriétaire lui-même.
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De retour à la maison pour soigner ses blessures et absent du circuit, Nadal a pu ainsi passer du temps avec l’équipe d’Auger-Aliassime qui comprend notamment son conseiller spécial Toni Nadal, l’oncle de l’ogre de la terre battue et longtemps son entraîneur.
« J’avais déjà fait une visite au complet, mais il y a eu plusieurs rénovations et c’est beau de voir l’évolution, a raconté la huitième raquette au classement de l’ATP, qui était aussi accompagné de quelques proches en plus des membres de son équipe sportive.
« Lors de la visite du musée, Rafael m’a parlé de la signification de certains trophées et d’histoires reliées à certains tournois. C’est toujours intéressant de discuter avec lui. »
Depuis qu’il s’est hissé parmi les meilleurs joueurs de la planète et le match d’anthologie qu’il a livré l’an dernier à Nadal à Roland-Garros en devenant seulement le troisième joueur à le pousser en cinq sets dans son tournoi favori, Auger-Aliassime sent que sa relation avec la vedette espagnole a évolué.
Du respect
« Rafa a toujours été très correct, gentil et humble avec moi, mais notre relation a changé un peu depuis que j’ai confirmé ma place parmi les meilleurs. Il respecte le joueur que je suis et que je peux devenir. Nous avons toujours eu de bonnes discussions et j’apprécie chaque occasion de parler avec lui, ainsi qu’avec Roger Federer, Andy Murray et Novak Djokovic. J’essaie d’en apprendre un peu sur certaines expériences qu’ils ont vécues et comment ils voient le tennis. »
Si l’aspect social a été grandement apprécié, Auger-Aliassime se rendait avant tout sur l’île de Marjorque pour peaufiner son jeu sous l’œil de Toni Nadal.
« C’est la première fois que je travaillais avec Toni à l’Académie, a-t-il souligné. Il vient habituellement à Monaco ou à certains tournois. On a pu passer un peu de temps là-bas, et ce fut une très bonne semaine. J’ai obtenu ce que je recherchais. »
Œil extérieur

Quels étaient les objectifs d’Auger-Aliassime derrière ce voyage de quelques jours ? « En tournois, nous avons peu de temps pour nous entraîner, et la dynamique est différente. À l’Académie, on a pris le temps de discuter pendant l’entraînement. On pouvait passer de trois à quatre heures par jour sur le terrain. »
Auger-Aliassime aime profiter à l’occasion d’une personne extérieure à son entourage quotidien pour évaluer son jeu.
« C’est bien de profiter de l’expérience de Toni, mais j’aime aussi obtenir un avis de quelqu’un avec un œil extérieur. Frédéric [Fontang] planifie et assure une continuité, mais il perçoit moins bien les différences dans mon jeu parce qu’il est habitué à me voir tous les jours. »
« Quant à Toni, il me voit à la télévision et il est présent à quelques tournois, mais l’écart de quelques mois lui permet de voir l’évolution de mon jeu. Il peut valider ce qu’on a travaillé la dernière fois et des ajustements que j’ai apportés. Son discours différent nous permet à moi et à Fred de nous challenger. »
Le coach apprécie
Fontang a lui aussi apprécié ce saut à l’Académie Nadal.
« Ça faisait près de deux ans qu’on n’y était pas allés et le moment était bien choisi, a-t-il mentionné. C’est utile de miser sur l’œil extérieur de Toni. Après les Internationaux d’Australie, on a pu travailler son jeu et l’aspect physique. C’est toujours important qu’il y ait des coupures et Félix a retrouvé la phase de match à notre arrivée à Rotterdam en affrontant de très bons partenaires à l’entraînement. »
FAA entame la défense de son titre de champion avec force

Félix Auger-Aliassime a amorcé mardi la défense de son titre au ABN Amro Open sur le bon pied en disposant facilement de l’Italien Lorenzo Sonego en des manches de 6-2 et 6-3.
Contrairement à l’an dernier où il avait perdu le premier set de son match initial contre Egor Gerasimov, Auger-Aliassime n’a jamais été inquiété. Il a conservé son service pendant tout le match et n’a eu à sauver que deux balles de bris dans le premier jeu de la deuxième manche alors qu’il tirait de l’arrière 15-40.
« Ma dernière victoire remontait à quelques semaines aux Internationaux d’Australie et c’est positif de remporter mon premier match en deux sets consécutifs, a souligné la 8e raquette mondiale. Je suis content de mon jeu contre un joueur qui peut être embêtant et qui est compétitif. »
« C’est très bien de gagner de cette façon et ça débute bien la semaine, de poursuivre Auger-Aliassime, qui a dominé le circuit ATP l’an dernier avec 31 victoires à l’intérieur.
« Je suis complètement satisfait parce qu’un premier match peut être toujours dangereux. Ce n’est pas une pression d’être le champion en titre, mais plutôt une motivation de plus de vouloir gagner à nouveau. »
Solide au service et en retour
Auger-Aliassime n’a pas été embêté par le puissant service de son adversaire qui avait disposé de son ami Denis Shapovalov lors de la demi-finale de la Coupe Davis en novembre dernier, à Malaga.
« Contre Denis, il avait réussi une vingtaine d’as et je suis content de ne pas avoir vécu la même chose. S’il avait servi de la même façon qu’à la Coupe Davis, cela aurait été plus compliqué. Il a servi avec puissance, mais il n’a pas été assez précis. J’ose imaginer que la qualité de mes retours a fait la différence », a-t-il présumé.
Auteur de 13 as contre un seul pour l’Italien et d’un pourcentage de réussite de 67 % sur sa première balle, Auger-Aliassime a bien mélangé ses services pour ennuyer son adversaire.
« J’ai très bien servi et j’ai été très précis, a-t-il expliqué. J’ai bien varié mes cibles et je sentais qu’il ne savait plus trop à quoi s’attendre. Ça s’est passé sur les premiers coups [service et retour] en partant, mais j’ai aussi pris l’ascendant dans les échanges par la suite. »
Tombeur de grosses pointures
S’il n’a pas été en mesure d’inquiéter Auger-Aliassime, Sonego avait épinglé deux joueurs dans le Top 10 au cours des dernières années.
Comme lucky-loser, il avait notamment battu Novak Djokovic en quart de finale à Vienne en 2020 alors que le Serbe pointait au premier rang et avait défait Hubert Hurkacz en demi-finale à Metz en 2022 en route vers son troisième titre en carrière au moment où le Polonais se retrouvait en 10e place.
Aux côtés des grands

En vertu de son titre l’an dernier, Félix Auger-Aliassime a droit à sa bannière dans les hauteurs du Rotterdam Ahoy ainsi qu’une photo sur le terrain numéro un.
« C’est spécial de voir ma bannière avec celles notamment de Roger Federer et Andy Murray, a souligné Auger-Aliassime. C’est un tournoi qui compte une riche histoire. »
Lundi après l’entraînement avec FAA sur le court numéro 1, le Danois Holger Rune a écrit à la blague sur son fil twitter. « Ce n’est pas le moment de rater une volée quand Roger Federer regarde. » Sur le cliché accompagnant le message, on voyait Rune en action avec la photo de son idole en arrière-plan.
Retour triomphal

Absent de Rotterdam depuis plusieurs années, Roger Federer a effectué un retour en 2018 quelques semaines après avoir remporté les Internationaux d’Australie.
Une bonne performance allait lui permettre de se hisser au premier rang du classement de l’ATP, une première en cinq ans, ce qui l’a convaincu de revenir aux Pays-Bas. Il n’a pas fait les choses à moitié en remportant le tournoi qui a connu le meilleur succès de foule de son histoire.
« Comme directeur du tournoi, c’est mon plus beau moment », a souligné Richard Krajicek qui a pris les rênes de l’événement en 2004.
Anciens vainqueurs

Dans l’histoire du tournoi de Rotterdam, qui fête son 50e anniversaire, plusieurs grands noms du tennis ont mis la main sur le titre. Roger Federer est l’un d’eux. Le Suisse s’est imposé en 2005, 2012 et 2018. Il est le seul à revendiquer trois titres.
Jimmy Connors (1978 et 1981), Arthur Ashe (1975 et 1976), Gaël Monfils (2019 et 2020) ainsi que le directeur général de l’événement Richard Krajicek (1995 et 1997) ont tous remporté les grands honneurs à deux occasions.
Parmi les autres vainqueurs les plus connus, on retrouve Andy Murray en 2009 et Bjorn Borg en 1979.