Une situation «préoccupante»: plus de 3 millions de demandes d’aide alimentaire prévues au Québec d’ici 2027

Dominique Plante
Les Québécois en arrachent toujours avec le coût de la vie actuelle et ça ne devrait pas s’arrêter de sitôt, puisque l’organisme Banques alimentaires du Québec (BAQ) prévoit une augmentation de 320 000 demandes d’aide supplémentaires d’ici les trois prochaines années.
• À lire aussi: Record de paniers de Noël: des organismes devant des choix déchirants
En 2024, les banques alimentaires à travers la province ont reçu environ 2,9 millions de demandes d’aide par mois qui ont été répondus par le réseau. Or, ce chiffre pourrait grimper à 3,2 millions d’ici 2027, selon une nouvelle étude économique réalisée par Aviseo. Cela représente une hausse de 5,19% pour 2026 et 4,23% pour 2027.

C’est une tendance «triste et inquiétante», mais qui n’est pas une «immense surprise» pour le directeur des BAQ, Martin Munger.
C’est également un phénomène qui s’observe aux quatre coins du Québec.
«Il y a des petites variations régionales, a-t-il expliqué en entrevue à l’émission À vos affaires, jeudi. À Montréal, c’est sûr qu’il y a un taux de pauvreté très grand, il y a une population très grande, donc il y a d’immenses besoins. Mais [...] ça augmente partout au Québec.»
Voici pourquoi la hausse perdurera jusqu’en 2027
La pauvreté et la dépendance aux subventions de Québec
Une série de facteurs peut expliquer ce phénomène qui devient de plus en plus courant au Québec. Le plus important est celui de la pauvreté et de la dépendance des ménages auprès des transferts ministériels.
«On distribue plus de 542 millions de valeurs en denrées. Ce sont des dons pour la plupart de ça», a indiqué M. Munger.
En 2024, le gouvernement a fourni 30 millions de dollars. «On demande 38 millions l’année prochaine», a ajouté le directeur.
Sur ce montant, 34 millions seraient versés pour l’achat de nourriture, et le reste servirait «mettre en place des stratégies d'approvisionnement».

«On travaille très fort, tout le réseau, à augmenter l'approvisionnement. Malheureusement, on réussit à l'augmenter, mais pas à la même hauteur que l'augmentation de la demande», a-t-il expliqué.
Ce dernier a tout de même tenu à souligner la subvention de Québec.
«Ça nous a permis de faire des achats de volume, d'obtenir de meilleurs prix et de mieux planifier tout le long de l'année, a-t-il soulevé. Ça fait une immense différence.»
Moins d’emplois à temps plein
Le marché de l’emploi moins favorable au travail à temps plein joue aussi un rôle dans les statistiques d’Aviseo. Ceux qui se trouvent avec un salaire faible sont même les «clients» les plus réguliers, a observé Martin Munger.
«Si cette semaine, ils n'y arrivent pas, il y a de fortes chances que la semaine prochaine, ils n'y arrivent pas non plus», a-t-il dit.
L’étude a révélé que le Québec est en dernière position au Canada en ce qui concerne le nombre d’heures travaillées par semaine par emploi en date de 2023.
La crise du logement
«On le sait que ça ne va pas se régler demain matin», a expliqué M. Munger, précisant que ce facteur accentue le fait que la hausse des demandes d’aide concorde avec l’augmentation du prix du loyer.

Étant la dépense principale pour une majorité des ménages, la hausse des loyers est donc un facteur important, surtout pour ceux que leur augmentation de salaire ne va pas à la même vitesse que celle des loyers.
Les nouveaux arrivants temporaires
Le statut précaire lié aux nouveaux arrivants est le dernier facteur qui justifie la hausse des requêtes, selon l’étude.
«[Ils] vont souvent venir dans les banques alimentaires pour le temps de s'installer, de se trouver un emploi, mais ils ne vont pas rester longtemps», a soutenu le directeur.

Selon le rapport, ces quatre facteurs expliquent «71% de la demande d’aide alimentaire», a-t-on précisé par voie de communiqué.
Pour voir l’entrevue intégrale, cliquez sur la vidéo ci-dessus.