Record de paniers de Noël: des organismes devant des choix déchirants
Moisson Montréal distribuera un nombre record de 42 000 paniers cette année, ce qui pourrait être insuffisant

Anouk Lebel
Des organismes ont dû doubler le nombre de paniers de Noël et refuser certaines demandes pour répondre au nombre record de citoyens dans le besoin à l’approche des Fêtes.
«C’est triste à voir. Les organismes font ce qu’ils peuvent, mais ils doivent faire des choix déchirants, comme prioriser les familles avec enfants», fait remarquer la directrice des communications des Banques alimentaires du Québec, Claudia Castonguay.
C'est que, partout au Québec, les besoins sont criants (voir plus bas).
En mars dernier, près des trois quarts des organismes rapportaient avoir manqué de denrées, selon le Bilan-Faim 2024.
Pour répondre à la demande qui explose, Moisson Montréal distribuera cette année un nombre record de 42 000 paniers de Noël, soit quelque 7000 de plus que l’an dernier et plus du double qu’il y a deux ans.

«On essaie de s’ajuster, mais on est conscients qu’on ne répond pas aux besoins à 100%», estime la directrice générale, Chantal Vézina.

Plus de familles à aider
«On voit des gens qu’on n’avait pas vus depuis longtemps, qui s’étaient sorti la tête de l’eau après la pandémie mais qui viennent de replonger dedans», se désole Louise Donaldson, directrice adjointe du Service de nutrition et d’action communautaire, dans le quartier Ahuntsic, à Montréal.
Cette année, l’organisme aidera 900 familles, soit plus du double que l’an dernier, en bonifiant l’aide de quelques produits de luxe, comme du Nutella, de la pâte à crêpes et du sirop d’érable.
Le plus gros de la distribution se fera cette semaine, sans inscription, pour aider le plus de familles possible.

Mais certains organismes sont déjà forcés de dire non.
À Jeunesse au Soleil, les 5000 paniers de Noël étaient déjà tous réservés le 1er décembre, une première dans l’histoire de l’organisme montréalais.
«Normalement, on a encore des places à la mi-décembre pour les gens qui espéraient jusqu’au dernier moment que ça aille mieux ou qui perdent subitement leur emploi avant les Fêtes», souligne la responsable des communications, Ann St-Arnaud.
Des besoins à l’année
Face à la demande qui explose un peu partout, le Regroupement Partage a décidé d’abandonner ses Magasins-Partage, qui fournissaient une aide alimentaire ponctuelle juste avant Noël.
Il mise plutôt sur l’agriculture urbaine pour renflouer en légumes frais les coffres des banques alimentaires tout au long de l’année.
«On a décidé de se concentrer sur produire une tonne de produits biologiques et d'en faire profiter un maximum de personnes qui vivent dans la précarité», souligne la directrice générale, Audrey Parent.
Des besoins grandissants au Québec
- 2,9 millions de demandes d’aide alimentaire chaque mois, dont près d’un million à Montréal
- 43 000 enfants de plus qu’en 2021
- Une personne sur cinq a un emploi comme principale source de revenu
- 72% des organismes ont manqué de denrées
Source: Bilan-Faim 2024 des Banques alimentaires du Québec
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