Une première victoire à saveur locale au Tour de France

AFP
Quel plus beau théâtre pour une première? Valentin Paret-Peintre a bien choisi son endroit pour débloquer le compteur français dans le Tour de France 2025 en s'imposant mardi au sommet du mont Ventoux à l'issue d'une étape exceptionnelle de suspense.
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Voyant la destination finale à Paris approcher à grands pas, la nation hôte commençait à s'inquiéter sérieusement d'un possible zéro pointé, une petite humiliation à domicile qui n'est arrivée que deux fois dans l'histoire plus que séculaire de l'épreuve.
Mais Zorro est arrivé sous la forme d'un grimpeur tout maigre (1,72m, 58kg) qui se plaint souvent de ne pas réussir à prendre un gramme alors qu'il assure manger comme un ogre.
Un poids plume qui lui a quand même servi mardi pour dompter les pentes lunaires et assassines du mont Chauve, un des cols les plus durs d'Europe, où Tobias Johannessen, huitième au général, a dû être placé sous assistance respiratoire après avoir fait un malaise à l'arrivée.
Dans les derniers mètres si raides, Paret-Peintre a même paru entrer en lévitation pour battre au sprint l'incroyable Ben Healy avec lequel le grimpeur de Soudal Quick-Step venait de livrer une bataille homérique, arbitrée par Enric Mas et Santiago Buitrago, qui faisaient l'élastique.
«J'en ai rêvé. Gagner sur le Tour de France est unique, le faire au mont Ventoux l'est encore plus», a déclaré «VPP» qui devient le cinquième Français à s'y imposer après Raymond Poulidor, Bernard Thévenet, Jean-François Bernard et Richard Virenque, le dernier, en 2002.
«C'est un lieu mythique, il s'est passé tellement de choses sur ces pentes, a-t-il raconté. Je suis dans une équipe belge et quand on demande au staff et aux coureurs quel col ils connaissent en France, ils disent tous: le mont Ventoux.»
«Meme Superman...»
Le scénario de l'étape aussi a été «mythique» avec de la bagarre à tous les étages. Au sommet de la pyramide, Tadej Pogacar a encore gratté deux secondes pour compter désormais 4min 15s d'avance sur Jonas Vingegaard.
Mais le maillot jaune a dû résister à trois grosses attaques du Danois, propulsé à chaque fois par un équipier différent, avant d'en placer une lui-même que Vingegaard a facilement enrayée.
«Mes sensations aujourd'hui [mardi] me motivent pour la suite et je vais continuer d'essayer», a commenté Vingegaard, victime d'une légère chute à l'arrivée après un contact avec un photographe.
«Il a vraiment tenté. Heureusement que j'avais de meilleurs jambes qu'en 2021», lorsque Vingegaard l'avait lâché dans le Ventoux, a commenté de son côté Pogacar après avoir battu le record d'ascension qui appartenait jusque-là à Iban Mayo.
Les deux hommes et le peloton comptaient près de sept minutes de retard au pied sur les échappées, dont Julian Alaphilippe. Ils ont terminé à une quarantaine de secondes du vainqueur.
«Si on pouvait les rattraper? Même Superman n'y serait pas parvenu», a assuré Pogacar qui a tiré son «chapeau à Valentin».
«C'est super pour un Français. Je l'ai vu lorsqu'on s'est changés. Il était au téléphone, il avait l'air tellement heureux, c'était beau à voir.»
La joie du frère
«VPP» avait même «du mal à réaliser» l'étendue de son exploit, d'autant plus beau qu'il a été facilité par l'incroyable retour de son coéquipier Ilan Van Wilder dans le dernier kilomètre pour lui offrir un dernier relais et se sacrifier pour lui.
«J'ai fait un chrono contre moi-même, a déclaré le Belge. Valentin m'avait dit qu'il se sentait super bien, alors que moi pas tellement. C'était facile de faire le choix, j'ai roulé pour lui.»
Pour Soudal Quick-Step c'est déjà la quatrième victoire dans ce Tour après les deux de Tim Merlier et celle de Remco Evenepoel dans le chrono à Caen avant que le double champion olympique n'abandonne dans le Tourmalet, un coup de massue.
«Beaucoup ont dit qu'on n'était pas assez forts. J'ai envie de leur dire: allez-vous faire foutre parce qu'on gagne sur le Ventoux», a ajouté Van Wilder.
Mardi matin dans le bus, au départ de Montpellier, «VPP» n'y croyait pourtant «pas beaucoup», persuadé que Pogacar voulait gagner. Au final, le vainqueur d'étape sur le Giro 2024 a su se sublimer pour aller cueillir la troisième victoire de sa carrière, la plus belle évidemment.
Et ce n'était pas le seul Paret-Peintre à levé les bras mercredi puisque son frère aîné Aurélien a aussi exulté sur la ligne, alors qu'il court dans une équipe rivale, Decathlon-AG2R, que Valentin a quitté l'hiver dernier pour la Belgique.
«Je suis super content, déclaré Aurélien. Un jour comme ça il n'y a plus de maillot.»
Today is not @tjakestewart’s first time climbing Mont Ventoux 🏔️
— Israel – Premier Tech (@IsraelPremTech) July 22, 2025
The Coventry Comet first reached the Giant of Provence’s summit aged 10 alongside his dad @paulo_stewart!
📷 @flupton
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Souvenirs d'enfance
Le coéquipier de Guillaume Boivin chez Israel - Premier Tech Jake Stewart n'en était pas à ses premiers coups de pédales sur le mont Ventoux. Il l'avait déjà grimpé à l'âge de 10 ans avec son père, Paul.
«Je me rappelle d'être resté dans la roue de mon père tout le long du parcours depuis le chalet Reynard parce qu'il y avait un vent de face et il m'a ainsi emmené jusqu'au sommet», a raconté Jake au micro de ITV Cycling.
Mardi, Stewart a dû se contenter de la 149e place, à 28min 03s du vainqueur du jour, mais ses souvenirs valaient de l'or.
«C'était vraiment mieux [que lorsque j'étais jeune], a lancé le Britannique de 25 ans après la course. Je ne sais pas pourquoi tout le monde se plaint, parce que c'est fantastique dans le peloton. Peut-être que c'était en raison de la vitesse du jour, mais c'était une bonne journée. On est passé à travers.»
We had to ask @tjakestewart this question ❕
— Israel – Premier Tech (@IsraelPremTech) July 22, 2025
Which ascent of Mont Ventoux was nicer: riding it aged 10 with your dad, or today at @LeTour?
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Le meilleur de l'équipe Israel - Premier Tech a été le Canadien Michael Woods. Celui qui a participé à une échappée en compagnie notamment de son collègue Krists Neilands (60e) a fini 36e, à 7min 30s de Paret-Peintre.
Quant à Boivin, qui a été ennuyé par un virus au cours des derniers jours, il s'est classé 155e, avec un retard de 28min 12s.
Au général, le Québécois est 154e, tandis que Stewart est 71e et Woods, 89e. Ce dernier est aussi cinquième au classement du maillot à pois (meilleur grimpeur).
-Avec Mylène Richard, Le Journal de Montréal